A Mayotte, malgré les évolutions positives dans le domaine de l’emploi et l’insertion des personnes en situation de handicap, beaucoup d’interrogations subsistent à la fois pour l’employeur et pour le travailleur. Ce mardi matin, au lycée de Lumières, à Kawéni, la fédération Apajh (association pour adultes et jeunes handicapés) organisait une matinale dédiée à l’emploi et l’insertion des personnes en situation de handicap.
Dans le 101e département, le milieu du handicap est encore très peu connu des employeurs, ces derniers n’étant pas toujours au fait sur leurs obligations et sur les solutions existantes pour les remplir. De leur côté, les demandeurs d’emploi en situation de handicap pourraient ne pas connaitre l’entièreté des aides et dispositifs d’accompagnements existants. Partant de ce constat, la fédération Apajh a décidé de mener une rencontre ce mardi matin à l’amphithéâtre du lycée des Lumières de Kawéni, entre les travailleurs en situation de handicap, les entreprises et organismes de formation, afin d’échanger sur l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap. « Ici à Mayotte, le taux de chômage des personnes en situation de handicap est extrêmement important », remarque Jean-Louis Garcia, président de la fédération Apajh, il faut donc « régler la situation dans sa globalité ».
Des freins à lever
A Mayotte, le plan régional d’insertion des travailleurs handicapés (PRITH) programme des actions afin de favoriser et renforcer l’insertion professionnel et le maintien dans l’emploi des personnes en situation de handicap. « Nous sommes dans un département français certes, mais avec une culture particulière par rapport au handicap. Il faut donc que l’on travaille avec les familles », concède le président. Pour le sous-préfet, Cédric Kari-Herkner, malgré une évolution de la vision du handicap à Mayotte, elle « se trouve encore emprunte de pudeur ou de tabou qui freine les intéressés à se faire reconnaitre ». Le travail qui sera mené aura pour but d’accompagner les familles à « entendre que le handicap n’est pas une fatalité », explique le président. C’est donc sur la globalité de la situation que les freins sont à lever.
Une lutte pour dynamiser l’emploi des personnes en situation de handicap, de le rendre naturel tout en luttant contre les stéréotypes, en cherchant à lever les barrières et à instaurer plus généralement un climat de confiance entre entreprises et travailleurs. « Ce n’est pas parce qu’on est en situation de handicap, que l’on doit vivre toute sa vie, caché et sous-citoyen et être exclu », affirme le président de la fédération.
Différents dispositifs d’insertion professionnel
Plusieurs dispositifs existent à Mayotte, comme de la plateforme de parcours renforcés d’accès à la professionnalisation (PPRAP). Ce dispositif expérimental sur l’île aux parfums a pour objectif de répondre aux enjeux d’emploi, de formation et d’insertion des mahorais en situation de handicap, tout au long de leur parcours professionnel. D’une durée de trois ans, cette plateforme a permis le suivi de 120 personnes. « Sur ces 120 personnes, 80 sont passées du chômage à l’emploi », note Jean-Louis Garcia. Ces chiffres montrent que « la réussite est là, que ce dispositif fonctionne, mais qu’il faut aller plus loin », ajoute-t-il. C’est donc en complément à ce dispositif, qu’une nouvelle plateforme d’entraide pour l’autonomie voit le jour à Mayotte. Cette plateforme, dont la convention pour la création a été signée ce mardi, sera dédiée aux personnes en situation de handicap, aux personnes âgées et aux aidants.