C’est une des nombreuses conséquences de la pénurie d’eau : le secteur du BTP, un des plus importants pour l’économie, souffre. Et avec lui, c’est tout un pan de l’économie mahoraise qui est ralenti.
Le secteur est inquiet. Depuis le 20 dé- cembre, l’arrêté préfectoral limitant l’utilisation d’eau – y compris pour les professionnels – a mis en stand-by les chantiers du sud de l’île. Une situation particulièrement inquiétante pour le président de la FMBTP (Fédération mahoraise du bâtiment et des travaux publics), Mohamed Naoioui, notamment en termes d’emplois : “Il n’est évidemment pas souhaitable de licencier des gens. Il y a la solution de faire des contrats de chantiers, mais les organisations syndicales y ont toujours été opposées.” Une inquiétude sur le présent donc, mais aussi sur l’avenir, puisqu’en l’absence de prévisions certaines sur l’arrivée de la pluie, il est impossible d’avoir une visibilité sur l’année à venir. Le responsable l’explique : “Les chantiers sont à l’arrêt. On ne sait pas quand ils pourront redémarrer, et donc être finis. Certains devaient être terminés en décembre, mais ne le seront peut-être pas avant le mois d’avril. Il nous est donc impossible de nous projeter en termes de financements et de recrutements à venir.”
Pour faire face à la situation et limiter la casse, la fédération a proposé à la préfecture de récupérer les eaux de pluie, ou celles des rivières qui ne remplissent pas les retenues collinaires. Une proposition de dépannage datée du 18 janvier, mais qui est toujours sans réponse à l’heure actuelle.
Chômage partiel validé
Reste la solution demandée par de nombreuses entreprises de pouvoir avoir recours au chômage partiel. “Nous n’avons pas d’autres choix, explique le vice-président de la FMBTP, Antoine Padial. Lorsque les salariés ont des congés à prendre, ils les prennent, mais ce n’est pas le cas de tous.” Un chômage partiel qui permettrait de maintenir les emplois jusqu’à un retour à la normale, espéré dans le meilleur des cas fin mars, “Le temps que la saison des pluies arrive, et que les retenues se remplissent.” Hier matin, la Dieccte a validé ces demandes pour 1000 heures par an, et indemnisées par l’État à hauteur de 5,84 €, le reste restant à la charge de l’employeur. Enfin, une dernière demande avait été formulée : l’aide de l’État pour récupérer 27 millions d’euros de retards de paiement dans les commandes publiques. Une somme qui, à défaut de faire tomber la pluie, permettrait aux entreprises de faire face à la crise du moment.
Cercle vicieux
Les professionnels du BTP sont donc inquiets. Un coup dur de plus sur un secteur souffrant déjà d’une commande publique en berne. “Il y aura de toute façon des conséquences qui ne pourront pas être rattrapées”, regrette Antoine Padial. Car lorsque les constructions s’arrêtent, les soustraitants et promoteurs souffrent également indirectement. La Sim voit ainsi certains de ses chantiers à l’arrêt, et les sociétés de concassage voient leurs commandes baisser. Un responsable de l’une d’entre elles le confie : “Les commandes ont évidemment baissé. Pour le moment, notre activité ne baisse pas, car nous faisons du stock pour plus tard. Mais les stocks, ça ne rapporte pas d’argent.”
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