Des entreprises qui ont perdu leur outil de travail ignorent quand elles pourront reprendre leur activité, elles ont peur de devoir mettre la clé sous la porte. Le Medef Mayotte demande la reconduction des aides de l’Etat.
Quatre mois après la catastrophe, Nadine Matokwong n’arrive toujours pas à s’habituer au spectacle désolant de son restaurant en ruine. Depuis 12 ans, elle est la gérante du Paris 13, un restaurant à Kawéni (Mamoudzou). Le cyclone Chido a ravagé son établissement, la salle principale est dévastée. “La salle est partie dans les 5 dernières secondes”, raconte-t-elle la voix encore brisée.
La reconstruction de l’établissement n’a toujours pas commencé, la restauratrice attend l’indemnisation des assurances, elle n’a aucune perspective pour relancer son activité. Une aide a été versée par l’Etat en début d’année pour les entreprises touchées par les conséquences du cyclone, elle correspond à 20 % du chiffre d’affaires et peut atteindre 20.000 euros au maximum. Le restaurant a obtenu 5.000 €. “Nous avons eu des aides qui ont couvert les charges fixes jusqu’au 20 janvier, et l’activité partielle pour les salariés. Mais ce n’est pas suffisant du tout”, déplore-t-elle .
Bien que l’établissement soit fermé, il faut continuer de payer le loyer, l’eau, l’électricité, les assurances et la sécurité du lieu. La gérante demande donc pour un renouvellement de l’aide, sinon “beaucoup de petites et moyennes entreprises qui ont perdu leur outil de travail, ne vont pas pouvoir rouvrir, car elles n’ont pas de fonds”, estime-t-elle. Les activités recevant du public comme les restaurants, les hôtels, les prestataires nautiques sont les plus en difficultés.
Déjà fragilisées par les multiples crises
Déjà fragilisées avant Chido par les multiples crises qui traversent le territoire, ces entreprises ont encore davantage besoin d’un accompagnement de l’Etat. “Nous n’avons pas de trésorerie, l’année dernière nous avons subi les barrages, pendant six semaines nous n’avons pas pu travailler, notre restaurant ne s’est pas relevé depuis cette période”, illustre Nadine Matokwong. Quelques mois plus tôt, en septembre 2023, Mayotte a connu la crise de l’eau au cours duquel le restaurant a dû fermer.
Fahardine Mohamed, le président du Medef Mayotte plaide également pour reconduire cette aide. “ Beaucoup d’activités sont complètement fermées, s’il n’y a pas d’aides aussi minimes qu’elles soient, ce sera la désolation et les petites entreprises du territoire vont faire faillite”.Au -delà même de la renouveler, il croit que seule une minorité de sociétés ont pu en bénéficier. “La Direction régionale des finances publiques nous a indiqué que seules 3.600 en ont bénéficié, alors qu’il y en a environ 18.000 sur le territoire ”. Un travail de régularisation est donc mené entre le Medef et la Direction régionale des finances publiques pour résoudre ce problème.
Journaliste à Mayotte Hebdo et à Flash Infos Mayotte depuis juin 2024. Société, éducation et politique sont mes sujets de prédilection. Le reste du temps, j’explore la magnifique nature de Mayotte.