Sans surprise, la présidente sortante du Medef Mayotte a été réélue par les adhérents du syndicat patronal. Elle repart donc pour un mandat de trois ans, qui veut s’inscrire dans la continuité. L’équipe entend aussi surveiller de près l’évolution de la loi de programmation pour Mayotte, qui devrait accélérer la convergence des droits sociaux.
On ne change pas une équipe qui gagne ? C’est visiblement l’avis des adhérents du Medef Mayotte, réunis ce lundi au lycée des Lumières de Kawéni pour leur assemblée générale. À l’unanimité des voix, les patrons ont réélu la présidente sortante Carlo Baltus et sa liste de 14 chefs d’entreprises, pour un nouveau mandat de trois ans. L’entrepreneure aux mille casquettes, dont la société de bus Carla Mayotte Transports Baltus, n’a pas caché son émotion, même si l’effet de surprise était mesuré puisque seule sa liste se présentait. “C’est une émotion de voir comment tout se passe si vite en trois ans. Déjà 11 ans que j’ai intégré le Medef, et 25 ans que je suis venue à Mayotte. Mayotte est une terre d’opportunités”, a-t-elle salué, tout sourire entre les colliers de fleurs et les applaudissements de ses pairs.
Parmi les futurs défis de cette nouvelle mandature, la poursuite de l’accompagnement des adhérents, le renforcement des échanges interrégionaux avec un regard en direction du canal du Mozambique et des projets gaziers et bien sûr la loi Mayotte qui risque de rebattre les cartes pour les entreprises. “Nous ne pouvons pas échapper à la convergence nationale et sociale. L’évolution du SMIG non plus. Le préfet nous a clairement confirmé, 2036, il faut oublier, le calendrier sera avancé”, a pointé du doigt la présidente. “Il faudra que nous soyons présents pour défendre les intérêts de nos entreprises, que nous soyons vigilants et force de propositions”.
Maintenir le CICE
Parmi ces propositions, un certain nombre sont déjà sur la table. Comme le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), cet avantage fiscal pour les entreprises, supprimé à l’échelle nationale en 2019, et qu’il s’agit de maintenir encore un peu pour l’île aux parfums, selon Carla Baltus. “Il faut tout faire pour le garder le plus longtemps possible. Après, des dispositifs existent, nous proposons par exemple le déploiement de LODEOM renforcé”, a-t-elle défendu, en référence à cette exonération qui bénéficie aux employeurs en Outre-mer, hors Mayotte, mise en place à la suite de la suppression du CICE.
Les autres combats de la femme d’affaires ? Le statut des travailleurs indépendants – “on ne peut pas nous laisser sans droit, ce n’est pas possible” – mais aussi les retraites, un autre enjeu de taille du 101ème département, confronté à un chômage de masse qui touche beaucoup les jeunes. La crise sanitaire qui n’a pas épargné le territoire depuis mars 2020 a enfin ajouté son grain de sel, et le Medef Mayotte entend suivre avec attention l’évolution du Plan de relance et du PGE (prêt garanti par l’État), notamment. “Nous en avons profité, maintenant il faut commencer à rembourser et dans certains cas où c’est compliqué, il faudra que ce PGE soit transformé en subventions ou bien prévoir une période plus longue pour le remboursement.” Sans quoi la capacité à investir et à recruter des entreprises pourrait bien en pâtir.
Les impayés, le sujet qui fâche
“Quid des délais de paiement des factures ?”, a alpagué l’une des adhérentes. C’est aujourd’hui un secret de polichinelle, les collectivités accusent de sérieux retards dans le versement de leur dû, une fois les chantiers terminés. Le syndicat des eaux n’est pas en reste avec des dizaines de millions d’euros d’impayés qui font jaser le monde économique mahorais depuis plusieurs mois. “Cela découle de l’absence de fonds, nous avons l’illustration avec le syndicat des eaux. Pourtant il y a eu une subvention de 15 millions d’euros du conseil départemental, mais malgré cette délibération, il y a un blocage avec certains administrateurs”, a déploré Damien Rietsch, vice-président du Medef Mayotte.
Problème, les marges de manœuvre face à ces situations jugées “inadmissibles” par l’assistace, sont maigres. “C’est encore plus vrai pour les anciens, vous savez. On nous parle de Plan de relance mais parfois nous avons des difficultés à cause de ces arriérés et face à des marchés sérieux, nous n’avons plus la force”, a surenchéri Carla Baltus. Et les coups de pouce ponctuels de l’État ne suffiront pas à changer cet état de fait. “Tout cet argent que l’on nous donne, il faut garder à l’esprit que nous allons devoir le rembourser. Donc maintenant ce qu’il nous faut, c’est de l’activité.” Murmure d’approbation dans l’auditoire.