Mayotte a de l’industrie et veut le faire savoir

La Chambre de commerce et d’industrie (CCI) s’est donné comme objectif de mener le territoire mahorais vers l’industrialisation. Les appels à projets commencent donc pour labelliser Mayotte comme « territoire industriel ». Ce titre permettrait à l’île d’acquérir un financement et un accompagnement de l’État pour son développement industriel. Le temps est néanmoins compté pour déposer les candidatures, ce qui ne décourage pas malgré tout la CCI.

Faire de l’île un territoire d’industrie, c’est le nouvel objectif de la Chambre de commerce et d’industrie de Mayotte (CCI). Les appels à projets sont lancés pour décrocher la labellisation de Mayotte comme tel, afin d’acquérir une aide des pouvoirs publics. Pour ce projet, l’enveloppe est de 100 millions d’euros. « Ce dispositif est un moyen d’obtenir des outils financiers et ingénieurs pour développer l’industrie à Mayotte », affirme Raissa Andhum, responsable territoire du pôle développement industriel de la CCI. Lancé par le gouvernement en 2018, plusieurs objectifs sont ciblés. « Ce projet vise à la réindustrialisation mais aussi à se débarrasser de la dépendance aux autres industries », continue la responsable. Un travail de coopération entre les acteurs économiques est nécessaire pour mener à bien cette phase de lancement. Un élu de chaque intercommunalité et une personne du monde industriel s’allieront pour représenter un binôme pour le territoire. « Les élus et industriels vont décider de quel projet ils veulent porter au niveau du territoire. Notre volonté c’est de parvenir à convaincre les industries et les intercommunalités afin de les fédérer pour raisonner en matière de territoire », confirme Raissa Adhum.

Les critères qui doivent être définis dans les appels à projets sont les suivants : un périmètre et une gouvernance, donc un binôme composé d’un élu et d’un industriel par communauté de communes qui portera le projet de Mayotte. « Un projet territorial mais dont plusieurs intercommunalités peuvent bénéficier si nous obtenons le label », soutient la responsable territoriale. Le dernier critère est de porter « un plan d’action synthétique, avec une vision industrielle, qui prend en compte les besoins du territoire ». Pour mener à bien ce projet, les clés seront multiples, selon Denis Brichon, responsable du service compétitivité internationale à la CCI : « L’implication du binôme, bien définir le périmètre et également avoir un diagnostic partagé par les acteurs économiques ou autres partenaires ainsi que les élus intercommunaux seront primordiales pour réussir ».

Des défis à relever

« 100 millions d’euros, c’est peu et beaucoup à la fois », déclare Guillaume Rubin, directeur de la société Abattoir de Volailles de Mayotte. Une enveloppe, qui au niveau national peut paraître restreinte, mais ce n’est pas la seule dont peut bénéficier Mayotte. « C’est un budget qui est alloué pour le programme mais il y a d’autres dispositifs qui peuvent le combler. Nous avons donc 100 millions mais d’autres dispositifs comme l’aide VTE pour renforcer ce dispositif », répond la responsable.

Une autre critique qui s’est dégagée est celle du peu de temps accordé par ce processus. Trois mois, mais avec les vacances d’été au milieu. En effet, le dossier de Mayotte doit être déposé avant le 22 septembre, si elle veut pouvoir candidater. Cette limite n’est pas la seule au niveau temporel, puisque les projets en eux-mêmes doivent aussi rentrer dans des délais. « Il faut que les projets soit réalisable de 2023 à 2027 », confie Denis Brichon. « Si Mayotte ne se positionne pas là, on oublie l’industrialisation jusqu’en 2027 », affirme Riassa Adhum.

Un rush pour beaucoup des acteurs, qui n’est cependant pas si compliqué à gérer selon la CCI. « Par rapport aux objectifs, nous, on y croit. Ça fait déjà un moment qu’on attend cet appel à projets. On pense que c’est un outil important dont 149 territoires ont bénéficié, ce serait dommage que Mayotte passe à côté », soutient la responsable.

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