L’entreprise spécialisée dans les parfums et les cosmétiques, qui a ouvert en 2019 la plus grande parfumerie de l’océan Indien, souffle ses vingt bougies cette année. Son crédo ? L’apprentissage, avec près de 50% de ses effectifs issus de ces parcours de formation professionnalisant pour les jeunes. Une aventure portée depuis 2014 par Marcel Rinaldy, le président du Groupe 3M (Madora, Celio, Adopt’, Jennyfer, Maya Lingerie, Case For You, Mzuri Sana, le salon de coiffure Ebena et le duty free de l’aéroport Dzaoudzi). Entretien.
Flash Infos : Madora fête ses vingt ans, comment est née l’entreprise et comment a-t-elle grandi au fil des années ?
Marcel Rinaldy : À la base Madora, c’est Mado Mayotte, la fille de Mado Réunion, une société qui est née en 1978, soit il y a plus quarante ans. Quand le centre commercial Jumbo s’est monté à Mayotte il y a exactement vingt ans, il a semblé naturel pour Mado Réunion, qui était un partenaire, de s’installer sur le territoire en même temps. Depuis, Mado Mayotte est devenue une société indépendante détachée de sa société mère il y a maintenant sept ans, pour devenir Madora. L’idée était alors de l’implanter dans le paysage mahorais avec un nom propre, qui la rapproche de notre territoire. C’est à ce moment que je suis arrivé à Mayotte, en 2014, pour impulser ces changements. Aujourd’hui, Madora Mayotte compte trois parfumeries, ainsi que le duty free de l’aéroport et emploie une trentaine de collaborateurs. Et avec notre point de vente à Jumbo, nous proposons la plus grande parfumerie de l’océan Indien, et la plus moderne avec un choix de taille en termes de produits.
FI : Quels produits proposez-vous ? La stratégie a-t-elle évolué ces dernières années ?
M. R. : Comme dans n’importe quelle parfumerie haut de gamme ! Nous travaillons directement avec les marques, Chanel, Dior, Yves-Saint-Laurent ou autre, nous ne passons pas par des centrales d’achat. Malgré tout, nous avons toujours essayé de garder une tarification alignée sur les prix de la métropole, de manière à offrir une certaine cohérence. Et ce, malgré les difficultés que l’on connaît. Quand on voit le prix du fret, les problèmes de logistique… nous aurions de bonnes raisons de vendre plus cher ! Mais nous considérons que nos clients voyagent, et qu’ils doivent pouvoir acheter un Chanel au même prix à La Réunion, en métropole, et à Mayotte. Bien sûr, cette stratégie n’est pas toujours facile à tenir. Il faut constamment optimiser chaque dépense, et faire des efforts sur les marges pour que tout le monde y trouve son compte : le client, le collaborateur et Madora !
FI : Vous évoquiez à l’instant le point de vente de Jumbo. À l’époque, il était en effet présenté comme la seconde plus grande parfumerie de l’océan Indien. Vous aviez fait travailler des entreprises et des artisans mahorais pour la conception de ce point de vente. Pourquoi était-ce important pour vous ?
M. R. : Je vous confirme que c’est la première ! L’autre a réduit sa surface entre-temps, et nous avons, pour être précis, 299 mètres carrés en surface de vente. C’est donc bien la plus grande parfumerie des environs. Et vous avez raison de le mentionner, nous avions à l’époque aidé quelques entrepreneurs à se lancer : des plaquistes, des électriciens, des peintres… Des gens en début de carrière en qui nous avions confiance et qui sont devenus membres de la grande famille. Ils ont participé à tous les magasins. Car au-delà de la parfumerie, Mado est aussi à l’origine d’autres sociétés comme Celio, Jennyfer, Mzuri Sana… Nous avons créé un GIE, un groupement d’intérêt économique, le groupe 3M, qui totalise 15 sociétés et 120 collaborateurs uniquement sur Mayotte.
FI : Madora n’est en effet pas votre seule activité sur le département, vous êtes aussi le président du collectif du monde économique de Mayotte (CMEM). Au vu de ces différentes casquettes, comment a évolué, selon vous, le paysage économique de Mayotte en 20 ans ?
M. R. : Je dirais que ce qui a évolué, c’est notamment le pouvoir d’achat. Notre clientèle devient plus exigeante. Elle est aussi de plus en plus informée, et veut trouver à Mayotte les mêmes choses qu’on peut trouver au national ou à l’international, qui plus est au même prix. Il ne faut pas faire semblant de s’occuper des clients, il faut avoir les mêmes codes que partout, et cela passe par la façon d’accueillir, par des enseignes présentables, jolies… Nous avons atteint une certaine maturité du marché.
FI : Le revers de la médaille, face à cette exigence nouvelle, ce sont les compétences, qui ne sont pas toujours au rendez-vous dans le 101ème département, avec, on le sait, beaucoup de jeunes peu ou pas formés, voire au chômage…
M. R. : Nous, dans le groupe, nous avons fait le pari très tôt de nous reposer sur cette jeunesse, qui est le socle de l’entreprise, j’en suis persuadé. Aujourd’hui 45% voire 50% des effectifs de nos magasins sont issus de l’apprentissage. C’est notre façon de faire : nous prenons des jeunes quel que soit le niveau de qualification, nous les formons en interne pour les amener à des postes qualifiés. Pour vous donner un exemple, la plus grosse parfumerie Madora à Jumbo est aujourd’hui dirigée par notre première apprentie, entrée chez nous en 2014 ! Et son parcours s’est tracé comme ça. C’est un moyen, je pense, d’aider la jeunesse à s’accaparer un outil de travail. Nous fonctionnons sur la promotion interne quand les postes s’ouvrent, ce qui permet alors de recruter à nouveau par la base. Et pas que chez Madora d’ailleurs ! Nous devons aujourd’hui avoir une trentaine d’apprentis sur les 120 collaborateurs du groupe.
FI : Comment avez-vous prévu de marquer le coup pour souffler ces vingt bougies ?
M. R. : Nous organisons une grande soirée, où nous avons invité nos collaborateurs, nos 150 meilleurs clients, et les officiels qui ont participé à l’aventure de Madora. Tout ce beau monde, réuni dans un lieu tenu secret ! Même les invités ignorent encore ce qu’on leur réserve. Par ailleurs, nous avons lancé une communication en magasin depuis le 1er octobre et qui court jusqu’à la fin de l’année avec un très gros cadeau à gagner en décembre. Mais là encore, je ne peux pas en dire plus… Ce sera la surprise !