Clôturant une visite de trois jours, le ministre de l’Outremer a rencontré les pêcheurs de M’tsapéré, ce mercredi 1er janvier. Face à un secteur qui peine toujours à se structurer en plus des conséquences du cyclone Chido, Manuel Valls n’a pas souhaité faire de promesses, mais a assuré “d’être attentif à ce que l’on ne les oublie pas”.
“Si vous nous dites que vous voulez refaire des barques, c’est gentil. Si vous nous faites des pontons, c’est sympa aussi. Mais il faut surtout nous aider à structurer la filière”, résume Régis Masséaux, le gérant de la SARL Capt’ain Alandor, ce mercredi 1er janvier, quelques heures seulement après le changement d’année. Au milieu d’une cinquantaine de pêcheurs et des élus, à cent mètres du port de pêche de M’tsapéré, Manuel Valls relit ses notes. Aidé de François Garcia, son conseiller en charge de la mer, de la pêche, de la biodiversité et de la transition écologique (qui était encore récemment en charge des Affaires maritimes à Mayotte), le ministre de l’Outremer peaufine ses réponses en attendant que les représentants du secteur terminent leurs discours. Charif Abdallah, le président de la coopérative de pêche de M’tsapéré, Pierre Baubet, qui gère la coopérative des pêcheurs de Mayotte (Copemay), et donc le gérant de Capt’ain Alandor rappellent tour à tour les difficultés d’une filière qui essaye tant bien que mal de se structurer, ces dernières années, en plus des conséquences du cyclone Chido qui a abîmé nombre de bateaux, le samedi 14 décembre. Ce matin-là, par exemple, la halle de pêche présente encore les stigmates avec une absence totale d’électricité. D’autres ont perdu leur bateau et donc leur seul moyen de travailler.
Plusieurs font part de leur envie de voir “un plan Marshal de la pêche”, incluant un renouvellement de la flotte, des équipements adaptés dont des pontons ou des DCP (dispositifs de concentration de poissons) en remplacement de ceux perdus, en plus de fonds pour compenser les pertes. A la Copemay, par exemple, celle-ci est estimée à 39.000 euros pour la marchandise. Les deux députées, Anchya Bamana et Estelle Youssouffa, poussent également plusieurs revendications. La première milite pour le retour de l’aquaculture, “qui a déjà marché sur le territoire”, tandis que la parlementaire de la circonscription du nord de Mayotte demande de quoi encourager la transformation à Mayotte et assurer l’autosuffisance alimentaire. Celle-ci déplore qu’au niveau national, les services dédiés à la pêche “ne sont pas mobilisés pour les pêcheurs mahorais”. Dans le même genre, Régis Masséaux demande aussi un renforcement des services préfectoraux dans ce domaine. “On n’a pas d’interlocuteurs à la préfecture et aux Affaires maritimes parce qu’ils sont surbookés”, regrette-il.
Flotte et redevance
A Mayotte pour trois jours, l’ex-Premier ministre rappelle les mesures déjà annoncées, aides d’urgence, création d’une zone franche globale et accélération des procédures. “Je vais demander au préfet un recensement des dégâts”, ajoute-il. Il tempère toutefois les attentes en indiquant qu’il est aussi présent pour préparer la loi programme prévu dans trois mois. “Je serai attentif à ce qu’on ne vous oublie pas. Je ne vais pas m’attarder sur des mesures particulières tout de suite, parce que ce serait vous mentir”, répond-il. Sur la structuration de la filière, il dit avoir compris les difficultés liées aux infrastructures, à la flotte ou même la gouvernance. Pour la deuxième, il indique que 21 dossiers d’achat ont été traités en 2024 et une cinquantaine sont attendus en 2025. Il a émis le souhait aussi que la jeunesse ne soit pas oubliée, l’activité pouvant être un moyen d’insertion. Les représentants de la pêche rappellent que le secteur, qui engage de nombreux Comoriens, est parfois confronté à la problématique des papiers, même si la plupart ont été formés à Mayotte.
Parmi les dispositifs annoncés, deux jours avant, par le Premier ministre François Bayrou, le versement de la redevance des quotas accordés aux bateaux étrangers pour pêcher dans les eaux mahoraises a forcément retenu l’attention. Il s’agit ici pour l’État français d’appliquer (enfin) la disposition obtenue auprès de l’Union européenne dans le cadre des négociations sur la pêche dans l’océan Indien. Jusqu’à maintenant, les pêcheurs mahorais n’ont jamais vu la couleur des rétributions promises pour les tonnes de thons prélevées dans les eaux mahoraises. Le sénateur mahorais Saïd Omar Oili a d’ailleurs plusieurs fois tenté de savoir où allait cet argent, en vain.
Dans l’après-Chido, ce serait déjà un changement positif de voir la pêche mahoraise commencer à se structurer grâce à ses ressources halieutiques.
Rédacteur en chef de Flash Infos depuis 2022. Passionné de politique, sport et par l'actualité mahoraise, ainsi que champion de saleg en 2024. Passé un long moment par l'ouest de la France, avant d'atterrir dans l'océan Indien au début de l'année 2022. Vous me trouverez davantage à la plage quand je ne suis pas à la rédaction.