C’est indéniable, le coût de la vie a toujours été plus cher à Mayotte. Cependant, depuis quelques mois, les prix ont flambé, et les consommateurs n’ont d’autres choix que de s’y accommoder. Le bouclier qualité prix, censé atténuer l’inflation, n’y change rien. Les habitants de l’île aux parfums ont toujours l’impression d’avoir un panier beaucoup plus cher que les autres. Pour Mayotte Hebdo, nous avons interrogé certains d’entre eux, issus de différentes classes sociales, avec des profils différents et tous estiment que le coût de la vie est très élevé dans le département. Voici leurs témoignages.
Laura vit en couple avec son conjoint. Ils composent un foyer de deux personnes et les deux travaillent.
« Je trouve que le coût de la vie à Mayotte est relativement élevé qu’en métropole. Je pense que le fait qu’il y ait beaucoup de fonctionnaires et de salariés en statut expatriés fait que les prix sont chers et notamment dans les magasins alimentaires. Les salaires des autres étant moins haut, cela peut créer une problématique d’accès à de nombreux produits et services du quotidien (alimentaires, produits de beauté, meubles…).
Certes, il y a la possibilité d’acheter les aliments locaux, mais tous les produits de première nécessité ne sont pas fabriqués localement et ces produits-là, sont trop souvent très élevés. Une récente augmentation générale des prix se ressent sur l’île et cela peut commencer à créer de nombreux problèmes.
Quant au bouclier qualité prix, je trouve que c’est une bonne stratégie, mais il n’est pas appliqué sur les bons articles. À part sur le prix des packs d’eau, je ne me rends pas compte sur quels produits il est mis en place. Par exemple, sur d’autres département d’outre-mer, il est appliqué sur une liste de produits beaucoup plus vaste, c’est ce qu’il faudrait certainement faire à Mayotte. »
Amina vit avec son conjoint et ses trois enfants. Les deux parents travaillent et tous composent un foyer de cinq personnes.
« La vie est toujours aussi chère à Mayotte. Les prix augmentent mais les salaires ne suivent pas. On pensait que cette année certains produits seraient moins chers mais c’est tout le contraire. Par exemple, les prix de la viande et de l’eau sont très élevés. Et le bouclier qualité prix ne fait aucune différence selon moi, tout est cher. Mais je ne me prends plus la tête, je ne fais plus de calculs. Lorsque je veux acheter quelque chose je le prends sans regarder le prix sinon ça me donnera mal à la tête. Conséquence, je suis toujours dans le rouge à la fin du mois. Mais je ne veux pas faire de sacrifices car j’ai des enfants en bas âge et je ne veux pas les priver. »
Rahamane est en vacances à Mayotte avec sa femme et leur enfant. Il compare le coût de la vie à Mayotte et en métropole.
« On nous a dit qu’il faut manger local, mais même les fruits et légumes de Mayotte sont chers. Ce qui nous choque c’est le prix de l’eau qui est extrêmement cher. Là-bas on achète le pack d’eau à un euro et quelques centimes, alors qu’ici, on est entre cinq et six euros. C’est hallucinant. Tout est cher, même les factures. On aurait pu croire qu’avec les coupures d’eau, les factures seraient moins élevées mais ce n’est pas du tout le cas. Ma mère habite ici et les siennes sont très excessives, on ne comprend pas pourquoi. On a l’impression qu’il n’y a pas vraiment de contrôle de prix ici. Cependant il faut reconnaître qu’il y a des produits qui sont moins chers comme le lait pour notre bébé ou le carton d’ailes de poulet qui sont plus élevés en métropole. »
Koudoussia, vit avec son mari et leurs onze enfants. Ils composent un foyer de treize personnes et seul le père travaille.
« La vie est vraiment chère à Mayotte. Pour quelqu’un qui ne travaille pas, avec onze enfants, c’est très dur. J’ai des bébés triplés, et par mois je ne dépense pas moins de 400 euros uniquement pour eux. Mon mari travaille mais cela ne suffit pas. Nous essayons de manger local, on consomme parfois des bananes, du manioc et des légumes de Mayotte mais nous sommes tout de même obligés de faire les courses en magasin pour les enfants et ce n’est pas donné. Ce qui nous coûte le plus cher ce sont les couches et le lait pour les bébés. Mais également les produits de première nécessité comme le savon, l’huile et l’eau en bouteille. De plus, nous sommes une famille nombreuse, tout part très vite, on est obligés de racheter constamment. »
Sitti vit avec son mari et leurs trois enfants. Lui est à la retraite, elle travaille. Tous composent un foyer de cinq personnes.
« Avant, je ne faisais pas attention aux prix quand je faisais les courses. Mais maintenant ils ont tellement augmenté que nous sommes obligés de réfléchir à deux fois avant d’acheter quelque chose. Nous en tant que parents devons faire des sacrifices pour que nos enfants ne manquent de rien. Ils sont encore petits, et ils ne comprennent pas que les produits qu’ils veulent sont hors de prix. Je suis fonctionnaire, je gagne bien ma vie et pourtant je trouve que tout est cher. Cela doit être pire pour ceux qui ont moins de moyens. On m’a parlé du bouclier qualité prix, mais je ne sais pas quels sont les produits concernés. Ce n’est pas affiché clairement dans les magasins donc ça ne sert à rien. Je ne sais pas réellement pourquoi tout a augmenté ces derniers mois, mais les autorités doivent y remédier car ce n’est plus tenable. »
Retrouvez notre dossier sur la vie chère dans le Mayotte Hebdo n°1053.