Management, développement durable, développement numérique, coopération régionale et même surf… Nombreuses ont été les thématiques abordées par le scientifique Joël de Rosnay, intervenant à l’occasion du 3ème forum économique de Mayotte. Ce jeudi après-midi, il animait à distance un atelier de réflexion autour de la perspective « Mayotte 2050 ». Au cœur des échanges, les innovations futures qui pourraient faire de l’île une vitrine mondiale et attirer de potentiels investisseurs extérieurs.
Au deuxième et dernier jour du troisième forum économique de l’île, les petits masques en tissu estampillés « Oui Mayotte ! » étaient encore nombreux, jeudi après-midi, sous le toit de l’hémicycle du conseil départemental. Il faut dire que l’atelier du jour, « Mayotte 2050, importance du lien humain, social, de l’énergie et du numérique » était animé par une pointure. Si certains connaissent Joël de Rosnay comme l’un des piliers du surf en France, c’est cette fois en sa qualité de prospectiviste que le scientifique intervenait, par visioconférence, face aux acteurs du tissu économique local. L’objectif du question-réponse du jour : développer des pistes de réflexion qui, sur le plan technologique, numérique et scientifique notamment, pourraient faire rayonner Mayotte et ses innovations futures, dans sa région et au-delà.
« Il faut anticiper, prévoir et s’adapter, comme pour le surf ! », introduit le conférencier à la façon d’un mantra. « Mayotte a largement de quoi devenir un laboratoire expérimental pour la France, et dans le monde. » Mais avant de rentrer dans le concret, Joël de Rosnay prévient d’emblée : pour développer la coopération, notamment avec les pays voisins que sont Madagascar et les Comores, « il faut favoriser la communication numérique en réseau. En créant un réseau humain et numérique d’échanges, on peut créer une interaction dynamique et de nouvelles valeurs, de nouvelles idées pourront émerger ». Autrement dit, le développement de l’accès au numérique dans la région, via notamment la diminution des coûts d’accès, sont les premières conditions sine qua non pour qu’enfin, Mayotte deviennent une terre d’innovation, comme l’ambitionne le forum économique.
« Mayotte peut aussi suivre les traces de l’énergétique moderne »
Voilà pour les bases. « Mais dans le monde d’après, il faut des résultats ! », s’inquiète un participant. Là, Joël de Rosnay ne manque pas d’idées, et cite en exemple le cas du groupe Rogers, né à Maurice, son île natale à lui aussi. « Il s’agit d’une grande entreprise qui a développé sur le terrain des actions concrètes et expérimentales en relation avec les pouvoirs publics, les particuliers, les administrations… », et qui s’est particulièrement illustrée dans le milieu du tourisme. « L’éco-tourisme permet d’ailleurs d’établir des règles et des contraintes pour que l’environnement soit respecté », sourit le conférencier, interrogé sur la préservation des récifs coralliens dans le futur. Là encore, Joël de Rosnay invite à s’inspirer de Maurice, où les élevages de coraux permettent de réintroduire l’espèce dans les milieux les plus menacés.
« Mayotte peut aussi suivre les traces de l’énergétique moderne ! », assure Joël de Rosnay, en évoquant les perspectives que peuvent représenter la production d’hydrogène, « qui attire de plus en plus », ou le développement local du mix énergétique. « Il faut être capable d’utiliser les énergies entre elles plutôt que séparément. C’est ce que j’appelle les trois E : économie ; efficacité énergétique et énergie renouvelable. » Puis dans l’assemblée, une entrepreneuse s’inquiète : « Est-ce que nous, chefs d’entreprise, ne serons pas juste spectateurs de ce développement là ? » Surfant encore sur la vague du positivisme, Joël de Rosnay la rassure : « Il va falloir créer des groupements d’intérêt économique, qui sont d’une grande force sur le plan juridique notamment ! » Pendant une heure encore, les idées fusent, tout azimut : créer une école de leadership, qui serait la première de l’océan Indien ; innover dans les biopesticides et les faire expérimenter localement ; lancer des master class données par des élèves spécialisés dans leur domaine à d’autres élèves moins experts, à la façon de ce que propose déjà Universcience à Paris. En d’autres termes, l’innovation passera par la co-construction et la co-éducation, ou ne passera pas. « Il ne s’agit pas de développer l’économie pour construire des autoroutes, mais pour construire le bonheur des Mahorais », insiste le directeur de l’Adim, Frantz Sabin. Alors, après les discussions, place à l’action.
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