La société comorienne des hydrocarbures assure qu’il n’y avait aucune raison de s’inquiéter, attribuant les files d’attente observées ces derniers jours dans les stations-services à une insuffisance de camions-livreurs. Des informations contredites par des sources internes qui évoquent l’épuisement presque des stocks.
Le branle-bas des automobilistes a commencé depuis mardi soir. Mais ce n’est que le lendemain, c’est-à-dire mercredi, que la population comorienne s’est ruée massivement vers les stations-services à la recherche d’une goutte de carburant. A 9h du matin, la station Bonzami, l’une des plus importantes de Moroni, avait été prise d’assaut par les véhicules faisant la queue, engendrant des embouteillages montres jusqu’à perturber la circulation de l’avenue menant au siège des Nations Unies. A chaque pénurie, ces scènes se répètent, pas seulement dans la capitale, mais également dans les villes périphériques disposant de stations. Sauf que cette fois-ci, c’est le gazole qui manque. Face à cette situation, la société comorienne des hydrocarbures (SCH), fournisseur national de carburant, s’est empressée comme d’habitude de jouer la carte de l’apaisement. Une façon d’éviter la panique. Et c’est le chargé de mission auprès de la direction de la société comorienne des hydrocarbures, Soudjay Kifia, qui s’est adressé aux consommateurs. Dans un article publié ce 9 août 2023, par le journal Al-Watwan, ce responsable tente d’expliquer qu’il s’agit tout simplement d’un problème d’approvisionnement. Trois des six camions qui ravitaillent l’île de la Grande Comore seraient, d’après lui, tombés en panne miraculeusement d’un seul coup.
Mohéli aussi
Le chargé de mission ira jusqu’à assurer sans broncher que les produits pétroliers étaient en quantité suffisante. Celui-là même qui avait annoncé l’arrivée d’un pétrolier ce 9 août, sans que ce dernier ne jette l’ancre jusqu’à nos jours. On se demande alors de quel type de carburant faisait-il allusion puisque des sources bien placées nous ont confiés, qu’en vérité, le stock de gazole avait atteint un niveau inquiétant. A Moroni, certaines stations-services ont confirmé n’avoir pas reçu les quantités de leurs rations quotidiennes. Dans les îles voisines, notamment à Mohéli, cette pénurie se fait ressentir. « En interne, c’est la panique à bord. Nous rationnons selon nos calculs. A Anjouan, le gazole y est, mais nous ne disposons d’aucun bateau capable d’aller se ravitailler. Si d’ici vendredi le pétrolier n’accoste pas, la situation se compliquera davantage », a prévenu notre interlocuteur de la SCH qui a préféré garder l’anonymat. Les deux bateaux qui assurent le transport de carburant entre les îles ne seraient pas opérationnels pour l’heure .Le Bima est tombé en panne, pendant que le Faliki Ndjema, propriété de l’État comorien, a subi des dégâts après un incendie survenu il y a quelques mois à Dar-es-salam, en Tanzanie. « Mais, avec une meilleure gestion, ils auraient pu éviter ces problèmes. Certes, l’essence n’est pas concernée. Toutefois, parvenir à la pompe relève du travail du combattant. Tout le monde a peur. Chacun veut à tout prix faire le plein », a poursuivi notre source de la société comorienne des hydrocarbures. Alors que la période des vacances bat son plein, avec l’arrivée des membres de la diaspora comorienne, une pénurie du carburant serait intolérable. Interpellé lors du compte-rendu du traditionnel conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement a volé au secours de l’entreprise publique. Houmedi Msaidie soutient que la société comorienne des hydrocarbures ne peut se permettre de commander une importante quantité de carburant au risque d’être surprise par les variations du prix du baril, dont les fluctuations sont incontrôlables.
« Ils doivent donc tenir compte de cela pour ne pas faire perdre de l’argent à l’entreprise. Même si je reconnais qu’il faut se doter d’autres citernes de stockage », a déclaré le ministre, mercredi, devant les journalistes à Beit-Salam.