Les auto-entrepreneurs deviennent une réalité à Mayotte

Les différents acteurs socio-économiques de l’île présentaient ce mercredi à la Chambre de commerce et d’industrie, la concrétisation d’un projet qui était très attendue par les micro-entreprises. Désormais, les nouveaux entrepreneurs peuvent prétendre au statut d’auto-entrepreneur à Mayotte. Un régime aux nombreux avantages.

Il y a encore un mois, un entrepreneur qui voulait lancer sa boîte à Mayotte ne pouvait pas le faire en tant qu’auto-entrepreneur. Pourtant il s’agit du statut le plus avantageux et le plus simple lorsque l’on se lance dans la création d’une entreprise. Depuis le 15 avril, cela est désormais possible sur le territoire. Ce régime incite les Mahorais à créer leurs entreprises puisqu’ils seront exonérés des cotisations sociales pendant 24 mois, ils peuvent également exercer un autre métier en parallèle ou encore bénéficier d’un régime fiscal avantageux. “Il s’agit de déployer une offre de services adaptés au contexte socio-économique tel que nous le vivons. Il s’agit de proposer des parcours attentionnés au public qui est peu familier à la démarche administrative et juridique,” explique la directrice de la caisse de sécurité sociale de Mayotte, Ymane Alihamid-Chanfi. En effet, ce dispositif se veut simple et efficace pour les entrepreneurs qui sont souvent freinés par la complexité des démarches administratives.

Plus d’excuses pour rester dans l’informel

La crise sanitaire a fait de nombreuses victimes économiques et la première d’entre elles a été l’économie informelle. Les travailleurs se sont retrouvés du jour au lendemain sans revenu et sans aucune aide. Ce dispositif d’auto-entrepreneur tombe donc à point nommé. “Si nous avions eu l’intelligence de ce régime que nous proposons aujourd’hui, peut-être aurions-nous résisté différemment”, selon le préfet de Mayotte, Jean-François Colombet. Le statut d’auto-entrepreneur offre une chance de sortir de l’économie informelle et d’augmenter le nombre d’entreprises formelles mahoraises. “Mayotte a des talents bien cachés, parfois invisibles à cause de l’activité informelle et c’est ce statut qui va permettre de les révéler”, déclare Ymane Alihamid-Chanfi. Ce statut particulier est également une garantie pour celui qui entreprend. “Les crises se succèdent à Mayotte, et ce régime protège celui qui prend des initiatives. Il lui assure un avenir”, argumente Jean-François Colombet. Ce projet a tout pour faire rêver les nouveaux entrepreneurs. Mais le budget permettant de le concrétiser n’a pas encore été défini. Le directeur de la Chambre des métiers et de l’artisanat de Mayotte reste alors sur ses gardes. “Il est impératif que ces actions d’accompagnement menées par les différentes chambres puissent bénéficier d’enveloppes budgétaires spécifiques. Il ne faudrait pas que ce projet devienne, par manque de moyens, une amère désillusion.” Une crainte à laquelle la directrice de la CSSM a répondu : “Ça ne sera pas une désillusion, nous travaillerons ensemble pour que ça ne le soit pas.”

Les premiers auto-entrepreneurs made in Mayotte

Rachid, 28 ans

Rachid est salarié en tant qu’ingénieur d’affaire dans une boite d’assainissement d’eau potable sur l’île. Il a cependant ressenti le besoin d’avoir une activité parallèle. “Mon entreprise consiste à fournir des informations utiles pour les prises de décisions stratégiques qui touchent pratiquement tous les domaines.” En d’autres termes, il aide les entreprises à prendre les bonnes décisions. Mais à l’exemple de nombreux jeunes entrepreneurs, Rachid a eu peur de l’échec, peur de se lancer dans un projet qui n’aboutirait pas. “Le statut d’auto-entrepreneur permet de rassurer ceux qui ont des idées. Je peux me protéger tout en développant mon idée.” Ce projet tombe à pic pour lui. Il est d’ailleurs le premier auto-entrepreneur à s’être déclaré officiellement. “Je ne comprenais pas pourquoi ce statut n’existait pas à Mayotte. Mais dès lors que j’ai su qu’il allait être mis en place, je me suis immédiatement inscrit. Il m’a fallu un ordinateur et internet et en 10 minutes j’avais créé mon entreprise en toute simplicité.”

Nadjma, 24 ans

Nadjma travaille en tant que vendeuse dans une boulangerie. Elle est diplômée d’un BTS vente, mais elle s’intéresse au secteur administratif. “Beaucoup de gens viennent me demander de les aider dans leurs démarches administratives, alors j’ai décidé d’officialiser cela et de créer mon entreprise dans ce domaine parce que cela me plaît.” La jeune femme se spécialisera dans la rédaction des courriers, les déclarations d’avis d’impositions ainsi que les démarches souvent fastidieuses de la CAF. Nadjma est au stade de test et le statut d’auto-entrepreneur représente une certaine garantie pour elle. “Cela me permettra de garder mon travail actuel tout en lançant mon entreprise.”

Awa, 29 ans

Awa a ouvert son entreprise en cosmétiques naturels il y a quelques mois. Aujourd’hui, elle se réjouit de pouvoir se considérer officiellement comme auto-entrepreneur. “Les démarches administratives étaient trop lourdes pour rendre mon entreprise formelle, alors qu’avec le statut d’auto-entrepreneur tout est fluide et simplifié.” Par ailleurs, cela lui a permis de protéger son idée. À cause de la lenteur administrative, Awa redoutait qu’une autre personne soit plus rapide et propose le même projet. “Grâce à l’accompagnement dont j’ai bénéficié à la CCI tout est allé très vite. J’encourage donc toutes les personnes qui veulent concrétiser un projet à le faire, car elles seront très bien accompagnées.”

 

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