Le département de Mayotte et l’Etat s’accordent sur la nécessité de baisser l’octroi de mer sur 11 produits de consommation courante dans l’île, en vue d’endiguer l’inflation galopante. De l’aveu même du président du Conseil départemental de Mayotte, Ben Issa Ousseni, celle-ci connaîtrait une augmentation de 4,8 % entre l’année 2021 et 2022. Une situation intenable pour les petits ménages qui contraint les pouvoirs publics à réagir pour éviter une révolte sociale. Ainsi est né le bouclier qualité prix (BQP+).
La mesure est annoncée à grand renfort médiatique, dans le hall attenant à l’hémicycle Younoussa Bamana, à Mamoudzou. Assis à la même table le jeudi 13 juillet 2023, le chef de l’exécutif local, Ben Issa Ousseni, le préfet Thierry Suquet, délégué du gouvernement à Mayotte, et trois leaders de la grande distribution à Mayotte, les groupes Sodifram, Bourbon Distribution Mayotte (BDM) et Somaco. Ces acteurs ont paraphé le prolongement du BQP+ à Mayotte, actant la baisse des prix de 75 produits de consommation courante sur l’île.
Premier à s’exprimer sur l’objet de cette rencontre, le président du Conseil départemental de Mayotte annonce la couleur : « Le département de Mayotte poursuit sa politique de développement économique du territoire et le dispositif octroi de mer, qui joue un rôle moteur dans le soutien du développement des entreprises, en témoigne. Outre les aides au développement classiques, le département dispose de la faculté d’orienter l’octroi de mer vers des objectifs économiques régionaux, notamment en déployant des mesures de baisse de taux sur les secteurs économiques prioritaires mais aussi en exonérant des équipements de production au bénéfice des entreprises ». Il cite pour exemple, le montant annuel des exonérations à destination des entreprises locales qui est estimé à 14 millions d’euros. Un chiffre non négligeable, selon lui, qui témoigne de l’importance de ce dispositif pour le développement de filières économiques régionales sans toutefois cacher le fait que la mise en œuvre de ce dispositif ne rencontrerait pas l’adhésion de la population mahoraise depuis un certain nombre d’années. Dans ce domaine de la lutte contre la vie chère, l’ambition affichée par le 101ème département français à travers ces différentes mesures est de diminuer les écarts de prix entre la métropole et Mayotte. Mais celles-ci, visiblement, ne se répercutaient pas sur les prix des produits de consommation courante, d’où la colère des ménages locaux.
Renforcement du dispositif BQP + pour pallier la hausse de l’inflation auprès des ménages
« Ce sentiment général d’exaspération de la population locale sur la cherté des produits se vérifie malgré les baisses de l’octroi de mer sur les prix des denrées de première nécessité comme le riz et les mabawas » admet Ben Issa Ousseni. Il rajoute que c’est donc dans un contexte de hausse de l’inflation à Mayotte qui a progressé de 4,8 % entre 2021 et 2022, impactant les petits ménages mahorais, que le département et l’Etat se sont engagés à renforcer le dispositif BQP + dès décembre 2022 sur les 11 produits de première nécessité. « En simultané, le département a baissé le taux de l’octroi de mer à 0 % sur le prix de ces produits, après 6 mois d’application, le bilan est prometteur. En effet, sur ces 11 produits du BQP +, 6 d’entre eux ont enregistré une baisse du prix au détail ce qui confirme l’efficacité de la démarche partenariale entre d’un côté le département et l’Etat et de l’autre l’ensemble des distributeurs. Aujourd’hui, après de multiples négociations nous envisageons de reproduire la mesure dans le cadre de l’accord de modération de prix ».
Pour s’assurer d’atteindre l’objectif recherché en premier lieu à travers cet accord, les pouvoirs publics ont décidé d’étendre leurs actions sur l’ensemble des commerces du territoire, quelle que soit la taille de la structure, d’augmenter le nombre de surfaces de vente intégrées dans le BQP pour mailler d’avantage le territoire, intégrer toutes les surfaces de vente de grands distributeurs, réduire significativement le taux de rupture des produits du BQP+ qui, pour certaines surfaces, peut s’élever à 50 %. Il est à retenir que ce nouvel accord de modération permet de mettre en place 4 mesures concrètes, un BQP supermarchés avec 75 produits (contre 150 dans le département voisin de La Réunion), un BQP commerces de proximité composé de 20 produits de grande consommation avec une extension aux surfaces de vente de 150 m² et plus. A titre d’exemple, le Président Ben Issa Ousseni a expliqué que pour BDM, cela représente 16 magasins supplémentaires dont une grande majorité en dehors de l’agglomération de Mamoudzou. Le nouvel accord permet aussi de maintenir 11 produits présents dans le BQP+ au sein du BQP supermarchés et du BQP commerces de proximité, ce qui se résume pour le département de Mayotte à une reconduction de la baisse de l’octroi de mer sur les 11 produits cités.
Retrouvez notre dossier sur la vie chère dans le Mayotte Hebdo n°1053.