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La base nautique qui propose plusieurs activités (kayak, jet-ski, bouée tractée, location de chaises longues) est contrainte de fermer trois mois.

Depuis vendredi, la base nautique Maoré Jet de la plage du Faré est fermée pour trois mois sur décision de la préfecture de Mayotte. Elle intervient après une collision entre deux jet-skis lors d’une initiation qui a fait un blessé le 9 août. Le propriétaire de l’entreprise juge la sanction trop sévère.

Ce dimanche, Maoré Jet aurait dû fêter en grande pompe son sixième anniversaire sur la plage du Faré à Dzaoudzi-Labattoir. La réalité a été tout autre. Depuis vendredi, la base nautique est fermée sur décision de la préfecture. Elle fait suite à un accident qui s’est déroulé le 9 août. Lors d’une initiation au jet-ski, deux d’entre eux sont entrés en collision. Un client a été percuté à la jambe par l’engin « de 300 kg », décrit Oissioun Bahedja, le gérant de Maoré Jet. Contactée, la préfecture précise que l’individu « a dû être hélitreuillé en urgence en direction du CHM ». Il a subi « une double fracture du tibia-péroné », reconnaît le gérant.

Vendredi dernier, il a donc appris par les autorités que son établissement doit fermer « en urgence pour une durée de trois mois ». Des vérifications ont été faites à Maoré Jet et « un défaut d’agrément » a été relevé, cela signifie que l’établissement « n’est pas autorisé à réaliser cette activité », précise la préfecture. Aussitôt après avoir appris la nouvelle, le patron la partage sur la page Facebook de son entreprise pour avertir ses clients. Il est sous le choc de cette « décision violente », estime-t-il au téléphone, joint par Flash Infos. « Avant de partir en mer, j’ai fait le briefing de sécurité aux clients. Aujourd’hui, la personne blessée récupère, je suis passé la voir à l’hôpital. Elle ne va pas porter plainte », raconte-t-il.

S’il reconnaît « une erreur » de son entreprise, il juge la réponse des autorités excessive. « C’est le premier incident en six ans d’existence et directement fermeture », écrit-il dans un post Facebook publié dimanche 18 août. « Il y a déjà eu des accidents de ce type à Mayotte, plus graves que celui-ci mais jamais une base nautique n’a dû fermer », déclare-t-il, ajoutant qu’il ne comprend pas que son établissement soit contraint de baisser le rideau. En conséquence, l’ensemble des activités et prestations proposées se trouvent impactées. « Le kayak, la location des chaises longues, les sorties bouée tractée, le vélo sur l’eau, ce n’est plus possible », regrette-t-il. Il souhaiterait pouvoir continuer ces activités tandis que l’activité jet-ski serait en pause tant que « l’agrément n’est pas renouvelé ».

En cessation de paiements

Cette décision est d’autant plus difficile pour Maoré Jet tandis que son activité économique se porte mal. « Avec les événements des derniers mois, les barrages, notre société est en redressement et nous sommes en cessation de paiements. Nous avons des dettes à payer. J’ai trois salariés et une famille à nourrir », s’inquiète-t-il démuni. Oissioun Bahedja a fait un recours de la décision avec son avocat. En parallèle, il lance un appel aux élus locaux pour qu’ils se mobilisent en sa faveur et fasse un recours gracieux. Alors que sa base nautique est reconnue sur l’île et participe selon lui au « développement du tourisme » à Mayotte et qu’elle joue un rôle social, « nous occupons beaucoup de jeunes au lieu qu’ils fassent des bêtises ».

Dans les précisions apportées au journal, la préfecture explique qu’au moment de l’accident, « un signalement tardif a été fait par le gérant ». Elle rapporte aussi que les deux jet-skis entrés en collision étaient encadrés par « le moniteur-gérant qui réalisait en même temps sur un autre jet-ski un baptême au bénéfice d’une autre personne. […] Le fait de proposer un baptême en parallèle de l’activité ne permettait au moniteur d’offrir la sécurité minimale obligatoire de deux places sur son jet-ski (en cas de secours à personne) ni d’assurer un réel accompagnement sécurisé des autres clients en jet-ski ».

C’est donc « au regard de ces manquements sérieux et dans l’attente des éléments complémentaires qu’une mesure de fermeture temporaire a été prise en urgence afin de sécuriser les pratiquants », justifie l’institution. « Celle-ci peut être réduite si les actions correctrices sont mises en œuvre rapidement », poursuit-elle. Les services de l’État rappellent qu’il y a eu « en France, durant les deux dernières années, cinq morts et trente-trois blessés en jet-ski ». Une enquête judiciaire est en cours.