Depuis lundi et jusqu’au 24 août, la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Mayotte organise l’événement Boostin’ Kawéni pour les jeunes et les entreprises. En partenariat avec la mairie de Mamoudzou, ces quatre jours sont dédiés à l’échange au travers d’ateliers et de conférences destinés à « découvrir les ficelles de l’entrepreneuriat » et favoriser le développement du quartier de Kawéni.
Au premier regard, tout semble les opposer. Des jeunes âgés de 17 ans à 27 ans et des chefs d’entreprise de Kawéni sont réunis, depuis lundi et jusqu’au 24 août, pour échanger autour de l’entrepreneuriat et lancer des projets destinés à améliorer la vie du quartier. L’événement se tient à la Maison de l’entreprise, Place Mariage à Mamoudzou et à la Maison de projet de Kawéni. Connue pour ses nombreux bidonvilles et ses problèmes d’insécurité, l’agglomération est aussi un pôle économique et industriel en pleine mutation. « Nous nous sommes aperçus que la communication n’existait pas entre Kawéni-village et la partie entreprise. Nous voulions créer un événement rassemblant les différents acteurs du quartier pour les faire travailler sur un projet commun, qu’ils interagissent entre eux. Ce sont des rencontres entre des jeunes porteurs d’idées ou de projets d’entreprises et des entrepreneurs afin d’optimiser le potentiel de Kawéni », a expliqué, mardi, Alexandre Kesteloot, Directeur du développement économique, de l’innovation et de l’international à la CCI de Mayotte. Les deux premiers jours de l’événement étaient consacrés aux idées de chacun et à leur mise en forme afin d’aboutir à un projet structuré. « Nous sommes partis des problèmes rencontrés par les entreprises et les jeunes en recherche d’emploi pour mettre en place des solutions et des projets fiables sur le long terme », ajoute le directeur du développement économique à la CCI. Lundi, Carla Baltus, la Présidente du Medef, Feyçoil Mouhoussoune, gérant d’ETIC Services (conception web et digital), et Nadjayedine Sidi, adjoint au maire de Mamoudzou chargé notamment de la rénovation urbaine, étaient présents pour évoquer leur parcours et leur expérience devant les jeunes du village.
« Nous voulons développer notre quartier »
Cette première phase de travail a permis de cibler les difficultés de valorisation de Kawéni et de pérennisation des entreprises dans la zone commerciale. Plusieurs projets ont déjà émergés de ces ateliers, notamment celui de deux jeunes de 17 et 18 ans. « Nous aimerions chercher et fabriquer du Bitcoin (unité monétaire utilisée sur Internet, indépendante des réseaux bancaire et liée à un système de cryptage ndlr). Il y a quelques temps, nous en avons entendu parler et nous nous sommes intéressés à cette monnaie. Ce marché est fascinant et nous y avons pris goût. Aujourd’hui, nous avons envie de participer au développement de notre quartier et nous espérons l’aider grâce à notre projet ». D’autres propositions sont à l’étude comme une crèche combinant divers services comme de la préparation de repas et de la blanchisserie. Une idée qui pourrait permettre de « créer de l’emploi » et qui « semble tout à fait réalisable », selon le Directeur du développement économique de la CCI de Mayotte.
La seconde phase du programme, qui s’est déroulé mercredi et s’achève ce jeudi, est dédiée à la concrétisation des projets des jeunes. « Ils travaillent avec le Business model ‘canvas’ qui est un outil permettant de dresser un état des lieux du modèle économique d’une entreprise et d’analyser son potentiel. Cela peut paraître compliqué mais c’est en réalité assez facile et les jeunes se débrouillent très bien », a assuré Alexandre Kesteloot. Le projet sera réédité le semestre prochain, vraisemblablement en octobre, afin de « constituer un stock d’idées ».
Un challenge d’agriculture urbaine ?
Dans le même ordre d’idée, Laurent Georgeault, Responsable développement durable à la CCI de Mayotte et docteur de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, est intervenu, mardi matin, pour parler d’économie circulaire et d’éco-gestion. « C’est une innovation de proximité permettant de créer de l’emploi. Nous y croyons beaucoup pour Kawéni et pour Mayotte en général. Je suis très content du retour et de l’écoute lors de cet atelier. Ils (les jeunes) ont assimilé l’utilité environnementale, sociale et économique d’adopter un tel modèle, de limiter la diffusion de déchets et la surconsommation de produits. Les jeunes présents aujourd’hui sont venus de leur plein gré sur leur temps de vacances. Ils ont la capacité de se projeter, ce qui est essentiel », a-t-il souligné. Il leur a également parlé de la possibilité de mettre en oeuvre des projets d’agriculture urbaine sur Kawéni. « En métropole, il existe de plus en plus d’agriculture réalisée sur les toits (en hydroponie ndlr). C’est une technique horticole très ancienne qui procède à une culture hors-sol. Pourquoi ne pas proposer un challenge d’agriculture urbaine, les entreprises financeraient quelques équipages ce qui développerait la relation entre les entreprises et la population ». Un concept relativement nouveau pour Mayotte mais déjà très utilisé en France métropolitaine qui pourrait mettre Kawéni et la ville de Mamoudzou au premier plan dans le domaine de l’agriculture sur le territoire.
« Dans la continuité du travail sur l’ANRU »
Élaborée par la CCI de Mayotte et la mairie de Mamoudzou, qui la finance également, l’opération « Boost’in Kawéni » a été élaborée dans « la continuité du travail sur l’ANRU (Agence nationale pour le renouvellement urbain) », selon Alexandre Kesteloot, Directeur du développement économique, de l’innovation et de l’international à la CCI de Mayotte. En effet, le 15 mai dernier, après la venue de la ministre des outre-mer, Annick Girardin, à Mayotte, le gouvernement avait présenté un plan d’action de l’État pour votre quotidien » aux habitants de Mayotte. Dans une des cinquante trois mesures exposées, l’État prévoyait notamment le développement des rénovations urbaines.
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