Un forum où planter des petites graines de l’entreprenariat

Ce jeudi 8 décembre, à l’Office de tourisme de Petite-Terre, se tenait la quatrième édition de la « Journée pour entreprendre » organisée par la Chambre de commerce et d’industrie de Mayotte (CCIM). Outre la mise en relation des porteurs de projets et des divers organismes accompagnateurs, l’événement a pu permettre à de jeunes lycéens de se projeter comme futurs entrepreneurs. Reportage.

Carnets de notes en main et sacs sur le dos, quelques dizaines de lycéens déambulent parmi les stands dispersés sur le parvis de l’Office de tourisme de Petite-Terre, près du rond-point du Four à chaux, à Labattoir. Pas forcément le public auquel on s’attendait ce jeudi matin, pour la quatrième édition de la « Journée pour entreprendre », organisée par la Chambre de commerce et d’industrie de Mayotte (CCIM) dans le cadre du projet de structuration des filières économiques à Mayotte cofinancé par le fonds européen de développement régional (Feder). Et pourtant, le futur de l’économie mahoraise repose peut-être sur les épaules de ces jeunes visiteurs. « On a mis en place un projet pédagogique Mini-entreprise », explique Roshan Sewsurn, enseignant en économie-gestion au lycée des Lumières de Kawéni, qui accompagne ses élèves sur le salon. « Le concept, c’est que nos élèves créent une véritable entreprise de A à Z. Ils sont en seconde, dont on est au début du projet : on leur explique les différentes étapes, les démarches à suivre, les statuts juridiques et on leur fait rencontrer les partenaires. » Et partenaires il y a ! Plus de vingt structures d’accompagnement, de financement et d’insertion étaient présentes, parmi lesquelles – outre la CCIM – l’Agence de développement et d’innovation de Mayotte (Adim), le réseau Initiative Mayotte, l’Association pour le droit à l’initiative économique (Adie), ou encore la caisse de sécurité sociale de Mayotte (CSSM) – qui chapeaute le statut d’auto-entrepreneur sur le territoire.

L’auto-entreprise, prisée à Mayotte

Le statut d’auto-entrepreneur, lancé en 2009 en France, présente de nombreux avantages, notamment en termes de simplicité administrative et de flexibilité. Le dispositif, étendu à Mayotte en 2020 – notamment pour enrayer l’économie informelle – connaît un franc succès sur le territoire : 6.143 auto-entreprises ont été créées dans le département sur la période 2021-2022.

Pour garantir le succès et la pérennité de ces initiatives, tout un écosystème de structures s’active. On finance, on forme et on conseille… Du côté de l’Adie par exemple, on se félicite « d’accompagner entre 800 et 1.000 personnes chaque année, principalement des petits commerçants ». L’association accorde des prêts d’un montant pouvant atteindre 15.000 euros aux porteurs de projets n’ayant pas accès au crédit bancaire. Risqué ? « Nous avons un taux de pérennité sur trois ans de 93 % ! C’est à dire qu’au bout de trois ans, 93 % des entreprises accompagnées sont toujours en place », se ravit Max Verouden, conseiller Adie sur la zone de Kawéni.

Vers une tertiarisation de l’économie mahoraise ?

« Aujourd’hui, le secteur le plus prisé à Mayotte, c’est le commerce, tout le monde va là-dedans ! Comme on dit ici à Mayotte, le fleuve se déverse dans la mer… On va dans ce qu’on connaît déjà ! », concède Omar Simba, directeur administratif de la CCIM. « Mais le secteur des services pourrait être beaucoup plus porteur, surtout pour une petite île comme la nôtre qui n’a pas beaucoup de foncier ! », plaide-t-il. Qui sait ? Les futurs pontes du secteur tertiaire mahorais sont peut-être dans l’assemblée ? « On plante les graines ! Si sur la trentaine d’élèves présents ici, on peut donner envie à l’un ou deux d’entre eux de créer leur entreprise, leur faire comprendre qu’il y a une autre voie possible que le salariat ou l’administration, c’est déjà gagné ! », abonde Roshan Sewsurn, le prof d’économie. La journée n’est pas terminée, que les graines germent déjà : « je compte bien ouvrir ma propre entreprise après l’école », affirme Soumaya Roukia Roukaia, élève en seconde métiers de la relation client (MRC).

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