L’étude porte sur 1121 entreprises privées comprenant entre 1 et 499 salariés. Elle révèle que le chiffre d’affaire cumulé de ces entreprises a pesé 1,33 milliard d’euros en 2013. La valeur ajoutée de ces entreprises, c’est-à-dire une fois ôté le coût des matières premières, s’élève à 402 millions d’euros.
Au total ces entreprises emploient 9680 personnes en équivalent temps plein. Ces nouvelles données statistiques représentent une avancée importante car les acteurs politiques disposent enfin de données fiables pour mettre en place leur fiscalité aux entreprises, compléter l’application du droit du travail, lutter contre le chômage ou encore pour renseigner l’Union européenne, afin de décrocher des fonds pour mener des politiques spécifiques.
L’étude porte sur tous les secteurs d’activité hormis la banque, le secteur santé et l’agriculture. Elle révèle que le commerce et la construction sont de loin les secteurs qui génèrent la plus forte valeur ajoutée (respectivement 27 % et 20 %). Des chiffres qui dépassent de loin ceux de la métropole où l’industrie et le secteur des services aux entreprises est plus présent. Autre enseignement, la part du secteur “hébergement et restauration” et du secteur “service à la population” dans la valeur ajoutée est très faible : 5 et 2,3 %. En somme, l’hôtellerie a encore des (gros) progrès à faire.
La part de la valeur ajoutée par rapport au chiffre d’affaires est aussi plus importante à Mayotte que celle des entreprises dans le reste de la France. Les produits importés sont plus chers à Mayotte, mais malgré cela, les entreprises mahoraises arrivent à créer plus de valeur ajoutée et compensent largement le surcoût de l’import, notamment par des prix beaucoup plus élevés.
Un excédent brut d’exploitation 2 fois supérieur au reste de la France
L’Insee s’est aussi intéressé à l’excédent brut d’exploitation, qu’on appelle aussi la “marge”. Cela correspond à la valeur ajoutée moins les charges et les salaires. Cet excédent brut d’exploitation est utilisé par les entreprises pour rémunérer le capital, pour investir, ou pour payer les impôts. Il est en moyenne deux fois supérieur à celui de la France entière avec un taux de 42,7 % de la valeur ajoutée contre seulement 20,9 % dans le reste de la France. Cela s’explique aussi par des charges beaucoup moins importantes. Elles pèsent en effet, selon l’Insee, pour 7 % de la valeur ajoutée à Mayotte contre 21 % dans le reste de la France. Car le Code du travail ne s’applique pas entièrement et que les entreprises y bénéficient d’avantages conséquents en matières de défiscalisation. Autre Enseignement, la marge commerciale, qui ne considère que l’excédent brut d’exploitation dans le secteur du commerce, est beaucoup plus élevé à Mayotte qu’ailleurs en France. Elle est de l’ordre de 25 % contre 14 % dans le reste de la France. En somme, les marges sont plus importantes pour les commerçants à Mayotte, qu’ailleurs en France. Même s’il faut concéder que les volumes concernés par les entreprises commerciales sont beaucoup moins importants à Mayotte du fait de la petitesse du marché, la part de profit reste néanmoins plus élevée.
Un investissement important, mais limité à quelques acteurs
L’Insee est allée plus loin encore en s’intéressant à la part liée à l’investissement à Mayotte de cet excédent brut d’exploitation. Là encore, les entreprises mahoraises ont une part d’investissement supérieure par rapport à celle de la métropole. Néanmoins il y a un bémol. Ce sont surtout les secteurs de la communication et des transports qui constituent le gros des investissements, autour de projets structurants comme le haut-débit ou la construction de la nouvelle aérogare. En réalité, moins d’une entreprise sur 2 réalise des investissements. Par ailleurs, les ¾ des investissements ont été effectués par seulement 1 % des entreprises. Donc, à Mayotte peu d’entreprises investissent, mais quelques-unes le font massivement. Les autres engrangent donc une part de profit plus importante qu’ailleurs, notamment dans le secteur commercial.
Adrien Theilleux
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