À l’occasion d’une nouvelle matinée d’échanges au centre d’affaires Maharaja, le mouvement des entreprises de France dans le 101ème département a évoqué les dispositifs mis en place pour favoriser l’emploi ainsi que les aides à l’embauche. Éclairage avec Samira Ait, responsable emploi formation au MEDEF.
Flash Infos : Vendredi matin, vous avez organisé une matinée d’échanges avec Pôle Emploi centrée sur l’emploi et les aides à l’embauche. Quel constat pouvez-vous dresser dans le 101ème département ?
Samira Ait : Des dispositifs existent sur le territoire, au même titre qu’à l’échelle nationale. Seul bémol : il se trouve que l’employabilité à Mayotte est très complexe de part le niveau de formation des jeunes… Il y a une tension en recrutement du côté des entreprises. Le souci ici est que ce public est difficilement employable ! D’où l’intérêt de bien connaître les dispositifs et de voir comment nous pouvons mieux les adapter localement pour que le « win-win » soit au rendez-vous. Aujourd’hui, nous sommes largement en deçà des résultats que nous devrions avoir, d’autant plus au vu de l’étendu des moyens financiers mis à disposition.
FI : Quels secteurs d’activités se retrouvent le plus en tension ?
S.A. : Nous souffrons autant des métiers en tension que des compétences en tension ! Bien évidemment, le secteur du bâtiment est le plus recruteur de Mayotte, mais il ne faut pas non plus oublier la restauration et l’hôtellerie qui ont besoin de se renouveler et de répondre à une nouvelle exigence qui s’impose. Donc il est nécessaire de jouir d’une main d’œuvre qualifiée et séduisante aux yeux de la clientèle.
FI : Quelle est votre stratégie pour pouvoir y remédier ?
S.A. : Le rôle du Medef consiste à faire office de relais entre le monde économique et les institutions publiques. C’est ce que nous faisons notamment à travers ces matinées dans le but de faciliter les contacts et de rendre accessible les échanges entre les institutionnels et les entrepreneurs. Les entreprises sont familières avec les aides en place, mais elles peuvent par moment se confronter à des dossiers qui bloquent. Au lieu de nous engouffrer dans un conflit et de pointer du doigt untel ou untel, notre stratégie consiste à détricoter l’ensemble des problématiques rencontrées et à mettre en exergue le difficile déploiement de ces dispositifs. À l’heure actuelle, il est primordial de prendre en compte les spécificités locales pour les adapter au territoire !
FI : L’apprentissage fait pour sa part figure d’exemple…
S.A. : Très régulièrement, il y a une méconnaissance du process. Comment cela fonctionne… À quel niveau cela bloque… Nous en avons par exemple parlé lors de notre matinée sur l’apprentissage. D’ailleurs, nous sommes passés de six dossiers en 2019 à une centaine en 2021 : c’est extraordinaire ! C’est une très belle avancée qui a été réalisable parce que nous avons pris le temps d’expliquer le dispositif et surtout de revenir sur les blocages. Quoique nous fassions, il apparaît important à nos yeux de communiquer et d’apporter de la transparence sur les couacs et la manière dont nous pouvons les dénouer.
FI : Comment envisagez-vous l’avenir à court et moyen terme ?
S.A. : Je suis sereine et optimiste parce que nous avons tous conscience qu’il faut travailler en bonne intelligence collaborative. Aujourd’hui, il est important d’insister sur un point : le public et le privé ne sont pas en concurrence. Le public est au service du monde économique, il a en main un panel qu’il met à disposition. Il n’a pas le monopole et il ne lui appartient pas. Il faut aller de l’avant et apporter du soutien à ces employeurs mahorais qui ne sont pas les mêmes que ceux en métropole. Il y a des passerelles de communication et des dispositifs sous exploitées. Il faut accompagner les entreprises en souffrance pour atténuer ces tensions en compétence dans le but de pouvoir recruter. Pour l’anecdote, 96% des alternants sont à ce jour en formation dans le privé ! Nous jouons le jeu pour l’apprentissage et les aides à l’embauche. Nous avons besoin de ces jeunes, mais comment faisons-nous pour aller les chercher ? Telle est la question…