Le cabinet mahorais de conseil a décidé de mettre les femmes entrepreneures ma-horaises à l’honneur. Un café débat a été organisé en ce sens, au salon de thé Dix thé na tchai, le 23 octobre dernier. L’occasion pour ces femmes de raconter leurs parcours et conseiller celles qui souhaitent se lancer dans l’entrepreneuriat.
Le taux de création d’entreprises par des femmes est nettement supérieur à Mayotte si l’on compare à la moyenne nationale. Et il faut rester dans cette tendance en encoura-geant celles qui se sont déjà lancées et celles qui sont encore hésitantes. Le cabinet ma-horais de conseil a récemment organisé le “café des femmes entrepreneures”. L’occasion pour ces cheffes d’entreprise de partager leur savoir-faire ainsi que leurs parcours. “L’ob-jectif est de faire participer ces femmes avec celles qui sont en train de créer leur boîte. Cela leur permettra de créer un réseau”, précise Jean-Pierre Rigante, directeur de projet au sein du cabinet de conseil.
Elles exercent dans différents domaines, mais partagent toutes la même envie de se dé-passer et d’investir dans leurs propres entreprises. À l’image de Anturia Ali. Du haut de ses 28 ans, elle est à la tête de deux entreprises. May Car, une société de location et vente de véhicules, et Easy Net, magasin de produits d’hygiène et entretien. Cela fait 3 ans qu’Anturia est auto-entrepreneur. Cette voie était comme une évidence pour elle. “Quand j’étais étudiante, je ne me voyais pas travailler pour quelqu’un. Je ne voulais pas perdre de temps à travailler pour quelqu’un, alors que je pourrais le consacrer à créer mon entreprise”, raconte-t-elle. Elle n’a cependant pas eu le soutien espéré de sa famille qui était réticente. “Cela a été un choc pour ma mère. Quand je lui ai parlé du prêt pour Easy Net, elle est tombée des nues parce qu’elle a un côté très religieux et elle ne voulait pas que je meure en ayant des dettes parce que c’est interdit dans notre religion”, sourit Antu-ria. Aujourd’hui, sa mère a dépassé cette crainte et est fière du parcours de sa fille.
Si pour May Car, Anturia s’est associée à des professionnels qui étaient déjà dans le mi-lieu, elle est seule à avoir investi dans sa nouvelle société Easy Net qui a tout juste un an. “Et je ne compte pas m’arrêter là ! J’ai plein d’autres projets”, rétorque-t-elle. Anturia Ali est cependant consciente des sacrifices qu’elle doit faire pour atteindre ses objectifs. Mère d’un bébé de 8 mois, elle ne cesse de se remettre en question. “Parfois, je suis perdue. Je me demande même ce que je fais là. Pour mon entourage, je ne suis jamais présente, mais c’est un choix de vie et j’arrive à m’organiser.” Et si elle devait donner un seul conseil à toutes celles qui n’osent pas entreprendre… “N’ayez pas peur de l’échec. Si on échoue, cela servira de leçon pour la prochaine fois, mais ce n’est pas dramatique. On peut tou-jours se relever”, clame Anturia en pensant à son modèle Steve Jobs qui a échoué et qui a visiblement réussi à se relever.
“Quand on n’a pas ses propres fonds a début, c’est difficile”
Naoumi Abdul Kader fait également partie de ces femmes qui ont osé dépasser leur craintes afin de créer leurs entreprises. Elle est arrivée à Mayotte en 2014 après ses études, dans l’espoir d’ouvrir un restaurant. Cela a toujours été un rêve pour elle, mais Naoumi est confrontée à la dure réalité du marché. “Quand on n’a pas ses propres fonds au début, c’est difficile”, déclare-t-elle. À cela s’ajoute la paperasse et toute l’organisation que nécessite un tel établissement. Alors Naoumi choisit de changer de stratégie. “J’ai dé-cidé d’ouvrir ma propre boutique de prêt-à-porter pour femmes rondes au début parce que, mo-même étant ronde, j’ai remarqué que nous avions beaucoup de difficultés à nous habiller en magasin.” La création d’une boutique est également plus facile selon elle, alors elle investit toutes ses économies dans son magasin Xara, ouvert en 2016.
Mais son envie d’être un jour patron de son propre restaurant ne s’estompe pas, bien au contraire. Grâce à l’expérience qu’elle a acquis avec sa boutique de prêt-à-porter, Naoumi a finalement pu réaliser son rêve. Son salon de thé et restaurant appelé Dix the na tchai a vu le jour il y a un an. Elle emploie 5 salariés et bénéficie également de l’aide incondition-nel de sa mère, qui n’était pourtant pas convaincue par les projets de sa fille. “Elle me con-seillait plutôt d’investir mon argent dans une voiture ou une maison. Elle pensait que mon entreprise n’allait pas fonctionner. Mais je lui ai expliqué que c’est en trébuchant qu’on ap-prend à mieux marcher”, philosophe-t-elle. Aujourd’hui, l’entrepreneure de 30 ans ne se repose pas sur ses lauriers. Chaque jour est un nouveau challenge pour elle.
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