« Désormais, le mot innovation rentre dans notre vocabulaire »

Nouvelle vitrine de l’innovation de l’archipel mahorais, la Technopôle de Mayotte a été inaugurée, ce lundi matin, à Dembéni. La structure, qui a coûté vingt millions d’euros, servira autant aux entreprises, à l’évènementiel et à l’Université de Mayotte.

Le bâtiment domine le village de Dembéni depuis des mois maintenant et fait déjà la fierté des élus locaux comme le maire de Dembéni, Moudjibou Saïdi, ou le vice-président du conseil départemental de Mayotte, Madi Velou. Ce dernier est d’ailleurs gentiment moqué, lors de l’inauguration de ce lundi, devant 300 personnes, pour sa tendance à dire « Technopôle de Dembéni » et non « Technopôle de Mayotte ». « Elle est aujourd’hui prête pour recevoir les séminaires, les colloques ou encore les formations », annonce celui qui est le président de l’association Mayotte Technopôle, l’entité qui a la charge d’animer les lieux. Et c’est bien à l’échelle de tout le territoire que cet outil doit servir. C’est en tout cas le rêve depuis dix ans de Mohamed Ali Hamid. « Un de mes vœux les plus chers était de pouvoir vivre ce grand moment en tant que président de la Chambre de commerce et d’industrie. Nous y sommes. » Remerciant ceux qui ont contribué à ce projet, il rappelle son historique. « Nous avions fait le constat que notre monde économique était largement dominé par la micro-activité, avec 95% des entreprises existantes comptaient soit zéro soit un salarié », se souvient-il. Ainsi, Mayotte comptait « très peu de création de richesses locales » et « des entreprises très peu capitalisées ».

Prônant l’émergence d’entreprises « durables », il dresse un bilan de la CCI sur ces dernières années. « Désormais, le mot innovation rentre dans notre vocabulaire », ajoute-il en référence à la création de l’Adim (Agence pour le développement et l’innovation de Mayotte), le pôle formation de la CCI et bien sûr la Technopôle inaugurée ce lundi. Cette dernière a coûté vingt millions d’euros dont 4,1 millions d’euros rien que la CCI (via un prêt contracté auprès de l’Agence française pour le développement). « Il est clair et même normal que nous en sortons un peu essoufflés », assume d’ailleurs le président de la CCI.

Un croisement entre l’entreprise et la recherche

A l’intérieur, une partie sera pleinement dédiée au monde de l’entreprise avec un incubateur, des espaces de coworking et une pépinière d’entreprise. Concernant l’événementiel, un amphithéâtre et des ateliers pourront servir, comme c’est le cas dès ce mardi, au premier jour du forum économique de l’océan Indien. « Nous espérons voir tous ces espaces occupés et en plein fonctionnement », souhaite Ben Issa Ousseni. Le président du conseil départemental de Mayotte fait remarquer que le terrain est cédé par sa collectivité via un bail emphytéotique et que 3,6 millions d’euros du Département ont servi à la construction. Une avance provient également du CD pour l’achat d’équipements, tandis qu’une autre servira à l’association Mayotte Technopôle. « Ce soutien financier important du Département témoigne de notre volonté de promouvoir, d’accompagner les porteurs de projet et les entreprises de Mayotte. Notre message est clair, c’est par la vitalité de nos entreprises que Mayotte pourra répondre aux besoins de sa population et rayonner dans son environnement régional », estime le chef du Département.

« C’est un espace conçu pour stimuler l’innovation et soutenir les secteurs stratégiques de notre territoire. Nos priorités se concentrent sur les services, les technologies de l’information et de la communication, la biologie marine, ainsi que l’agroalimentaire qui incarnent des vecteurs de croissance essentielle pour Mayotte », renchérit Nafida Hafidou. La présidente de la Sasu Mayotte Technopole y voit le croisement entre l’entreprise et le monde de la recherche. En outre, l’Université de Mayotte, qui se dispute maintenant la vue sur le lagon avec la Technopôle, va pouvoir également en profiter. Deux laboratoires, l’un sur la biologie marine et un autre sur l’innovation numérique, vont voir le jour.

Enfin, l’innovation se veut également dans la réalisation du bâtiment. « C’est un bâtiment qui est innovant et exemplaire sur plein de sujets, comme la ventilation naturelle. C’est un projet bioclimatique, il est orienté face au vent, protecteur par rapport à ses façades. On a aussi une toiture innovante avec une couverture textile qui vient faire une double peau pour protéger l’ensemble des locaux », rappelle Stéphane Aimé, architecte du cabinet Tand’M. Il précise que la construction s’est réalisée en douze mois seulement, avec un dernier niveau préfabriqué en bois qui a été réalisé en quinze jours. « C’est assez exceptionnel par rapport aux enjeux de Mayotte », note-il, avant de remercier la société Colas et les entreprises mahoraises pour s’être adaptés au relief.

Et si les plans ont un peu changé par rapport à ce que son cabinet avait initialement imaginé, il loue une volonté de garder les matériaux innovants et de finalement coller le plus possible à la mentalité du lieu.

Une plaque en l’honneur de Nadine Séon

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Sitôt les discours terminés, les élus et représentants de l’État ont dévoilé la plaque où est inscrit le nom de Nadine Séon. La jeune architecte de 33 ans, disparue depuis le 25 juin 2023, faisait partie du cabinet Tand’M qui a imaginé le lieu et assuré la maîtrise d’œuvre pour l’entreprise Colas. « On a suivi le chantier avec Nadine. Je suis très content qu’on lui rende hommage comme ça, que les Mahorais lui rendent hommage parce qu’elle adorait Mayotte. J’ai envoyé la photo de la plaque commémorative à ses parents et ses amis. Ils sont très touchés que Mayotte lui rende cet hommage. C’est mon plus grand bonheur », confie Stéphane Aimé.

Rédacteur en chef de Flash Infos depuis 2022. Passionné de politique, sport et par l'actualité mahoraise, ainsi que champion de saleg en 2024. Passé un long moment par l'ouest de la France, avant d'atterrir dans l'océan Indien au début de l'année 2022. Vous me trouverez davantage à la plage quand je ne suis pas à la rédaction.

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