C’est un fait, la vie est plus chère en Outre-mer qu’en France hexagonale. La dernière étude de l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques), rendue publique ce mardi 11 juillet, le confirme une nouvelle fois. A Mayotte, c’est surtout l’alimentaire, avec un panier moyen près de 30% plus cher qu’en métropole, qui reste l’écart le plus important.
Sept ans après sa dernière étude sur le sujet (voir encadré), l’Insee publie un nouveau rapport démontrant les écarts de prix entre les départements ultramarins et la métropole. C’est l’antenne La Réunion-Mayotte, dont le bureau mahorais est au centre Kinga, à Kawéni, qui a compilé les références en mars et avril 2022. Elle a présenté ses résultats aux médias, ce mardi après-midi.
Standard en Outre-mer
Au moment où l’étude sort, tous les départements ultramarins peuvent dresser le même constat. Vivre en Outremer coûte généralement plus cher qu’en France hexagonale, et ce, dans plein de domaines. Mayotte n’y déroge pas, les prix y sont 10% plus élevés qu’en métropole. C’est un peu plus que le voisin réunionnais (+9%), alors qu’en Guadeloupe (+16%), Martinique (+14%) et Guyane (+14%), l’écart est encore plus significatif.
Pour faire son étude, l’Insee fait la moyenne de deux paniers différents, l’un est composé de biens ou services qu’on peut trouver à Mayotte, mais consommés d’habitude en métropole, alors que l’autre se concentre sur des biens et services uniquement locaux. Et le résultat montre qu’en consommant à Mayotte ce qu’on trouverait habituellement en métropole, on se retrouve avec un panier 18% plus élevé que dans l’Hexagone. Plus étonnant, même en s’orientant vers des biens ou services consommés davantage ici, cela reste plus cher (+3%) que trouver exactement la même chose en métropole.
Prédominance de l’alimentaire
Parmi les dépenses, Mayotte se distingue par la part importante du budget consacré à l’alimentaire. 25% des dépenses y passent, tandis que la part descend à 16% en métropole. Et l’écart entre les deux territoires s’en ressent. L’alimentaire coûte 30% plus chère à Mayotte. C’est davantage qu’en 2015 où la différence était de +19%. Cela est d’autant plus criant quand, pour son étude, l’Insee a pris à Mayotte un panier de produits que les consommateurs métropolitains ont l’habitude de prendre. Le prix est 54% plus important que le même panier en métropole. Il l’est « seulement » de +10% avec un panier de produits mahorais par rapport à son équivalent dans l’Hexagone.
Pour Jamel Mekkaoui, chef de la division études de l’Insee La Réunion-Mayotte, il ne faut pas conclure que cette augmentation est due à une inflation bondissante. S’il y en a bien eu une à Mayotte, elle est restée plus mesurée qu’en métropole. L’ancien chef du bureau mahorais y voit plutôt « des modifications de structures de consommation ». En effet, avec une augmentation du pouvoir d’achat, la population mahoraise qui le peut achète des aliments plus chers.
Un transport moins coûteux
Alors que l’ameublement et l’électroménager (+19% par rapport à la métropole), la santé (+17%) ou les communications (+12%) demeurent plus couteux. C’est l’inverse pour le coût du transport (-5%) ou l’habillement et les chaussures (-7%). Pour le premier, l’Insee rappelle que le prix des véhicules a bénéficié de la diminution de l’octroi de mer et aussi de services généralement moins chers. En revanche, le prix du transport en commun, pris en compte dans le reste de l’Outremer, n’est pas pris en compte à Mayotte, faute de réseau mis en place. « On ne peut pas considérer les taxis collectifs comme du transport en commun », fait remarquer Jamel Mekkaoui. Concernant le prix de l’habillement moins élevé à Mayotte, il l’explique aussi par une qualité moindre des vêtements et des chaussures que l’on peut trouver sur l’île.
Pas de loyers
C’est un élément important qui est pris en compte dans les autres départements ultramarins, mais pas à Mayotte. L’Insee admet qu’il est difficile de prendre en compte le coût du logement dans son étude. « Nous n’avons pas de modèle et donc nous sommes incapables de comparer », reconnait le chef de la division études. Concernant les prix de l’électricité et l’eau, qui font partie de l’étude, la première est moins chère à Mayotte qu’en métropole, alors que l’eau qui tend à manquer dans les robinets l’est davantage.
Une nouvelle étude sept ans après
Généralement, c’est six ans. Mais le coronavirus a repoussé d’un an l’étude que l’Insee fait habituellement sur les écarts de prix. En 2015, « les prix étaient plus élevés de 7 % à Mayotte par rapport à l’Hexagone ». En 2022, l’écart est passé à +10%. En y regardant de plus près, cette différence, on l’a vu, s’est accentuée pour l’alimentaire. Mais ce n’est pas le cas pour tout, les loisirs sont désormais d’un coût équivalent avec la métropole (alors que c’était +11% plus cher en 2015) et celui des communications s’est rapproché (+27% en 2015, contre +12% en 2022) grâce à une plus forte concurrence sur l’île. L’Insee explique que cela l’écart est toujours aussi important en raison du prix des téléphones vendus à Mayotte, qui sont soumis à l’octroi de mer.