En amont des Assises de l’industrie prévues en octobre, des ateliers thématiques ont lieu à la Chambre de commerce et d’industrie de Mayotte jusqu’à vendredi. Ce mercredi par exemple, il était question du commerce à l’échelle régionale et les freins que les acteurs économiques peuvent rencontrer.
« Développer un marché commun régional. Oui, j’y crois. Ça existe ailleurs, comme celui de la Martinique et de la Guadeloupe », déclare Jidénou-Alfred Hazoumé, le responsable de la cellule conseil aux entreprises, ce mercredi matin. A Mayotte, comme sur d’autres territoires insulaires, beaucoup d’acteurs économiques veulent multiplier les échanges. Ils sont cependant parfois freinés par les réglementations d’import/export. D’où l’organisation de ces ateliers en préparation des Assises de l’industrie, les 4 et 5 octobre 2023, ils vont servir à faire émerger des idées.
Comme des accords de partenariats économiques qui ouvrent pleinement les marchés de l’Union Européenne, cite en exemple Jidénou-Alfred Hazoumé. Il en existe dans toute l’Afrique, notamment dans le Sud et l’Afrique orientale et australe. « Les échanges sont favorisés par les APE. La condition, c’est prouver l’origine. Soit le fournisseur étranger vous donne un certificat que le produit a bien été produit dans le pays. Soit, par le biais d’une déclaration, votre fournisseur l’atteste sur sa facture personnelle. »
La réflexion se lance alors. Comment enlever ses freins ? Après avoir constitué des groupes, les personnes présentes ont eu du temps pour soumettre des solutions. Trois possibilités sont évoquées. « Nous n’avons pas de liaisons fréquentes maritimes. Tout passe par le Canal du Mozambique ou la Réunion. C’est ce qui fait que les échanges et le développement sont ralentis », atteste Aboudou Moursali, chargé de mission pour le Département. Des trajets maritimes directs de marchandises plus réguliers seraient selon les acteurs mahorais un moyen de stimuler l’économie. Un manque d’information et une désorganisation sont aussi reprochés aux institutions comme la direction d’alimentation, d’agriculture et de la forêt de Mayotte (Daaf). « Centraliser les informations, regrouper tout ce qui est nécessaire et obligatoire aux entreprises dans un guichet serait plus clair. », confirme Soiyiff Mze, animateur du Groupement d’intérêt public (GIP) L’Europe à Mayotte. « Mettre l’accent sur les langues, comme le swahili, ça pourrait être intéressant. En favorisant l’apprentissage des langues, on pourrait s’ouvrir à plus d’échanges. C’est à de nombreuses reprises une barrière », énonce Aress Said Ali, entrepreneur dans le domaine de la communication et de la publicité.
« Une lourdeur administrative »
Des désaccords se sont fait ressentir après qu’Abdoul-Karime Anli-Liachouroutu, chef d’unité d’inspection aux frontières de la Daaf, ait rappelé la réglementation. Une procédure administrative trop lourde est reprochée, mais aussi trop éparpillée. « Beaucoup de projets n’arrivent pas à voir le jour à cause de la lourdeur administrative. Ça décourage les acteurs économiques de s’installer ici », affirme le spécialiste en communication. En effet, pour importer et exporter, les procédures et permis sont parfois complexes. Entre les règles floues, les produits exonérés ou non, les sites en fonction des procédures, certains produits peuvent ainsi entrer, mais ne pas pouvoir sortir du territoire. D’autres ne peuvent être importés ou alors sous permis et restent donc bloqués dans les ports. « Pour une jeune entreprise, c’est une catastrophe. Une réglementation assez complexe, si on ne nous facilite pas l’accès à l’information, ça peut être dramatique pour le développement », déclare Nassurdine Ali, porteur de projet dans le numérique. Pour beaucoup d’entreprises, cette réglementation bloque. Dans les conteneurs, les produits finissent par ne plus être vendables, une entrave pour les entreprises. « Assouplir et lever un certain nombre de verrous favoriseraient les échanges avec nos voisins », soutient l’entrepreneur.
Est-ce que des solutions pourraient être apportées d’ici là ? Réponse aux Assises en octobre prochain.
Ateliers restants : Jeudi de 8h30 à 11h30, comment emmener dans la culture locale une appétence à l’industrie ? Jeudi de 13h30 à 16h30, la compétitivité des entreprises et vendredi de 8h30 à 11h30, la formation et la montée en compétences.