Selon le syndicat du personnel de la société comorienne des ports, environ 19 employés sont actuellement suspendus pour avoir pris part au mouvement de grève déclenché le 29 août dernier par les agents de sécurité du port. Ces derniers contestaient le recrutement d’une société externe de gardiennage qui viendrait les épauler d’après la version de la direction.
Et la sanction est tombée. Une dizaine d’agents de sécurité du port a été radiée. 19 autres écopent d’une suspension [la durée varie d’une personne à l’autre]. Certains prennent deux semaines, pendant que d’autres ne peuvent pas remettre les pieds avant un mois a-t-on appris samedi. Ainsi en a décidé le patron de la Société comorienne des ports (Scp), Mohamed Said Salim Dahalani, moins d’une semaine après la manifestation du 29 août qui avait paralysé pendant deux heures le port de Moroni. Ces mesures, ont été communiquées le 5 septembre.
Selon Farkri Hachim, chef du département des affaires juridiques et de la coopération au sein du Scp, un autre groupe d’employés a reçu des avertissements. Tous les concernés sont passés devant un conseil de discipline a-t-il précisé. Leur tort ? Ils ont pris part au mouvement de contestation déclenché il y a trois semaines par les agents de sécurité de la maison. Ces derniers avaient observé une grève pour dénoncer l’arrivée d’une nouvelle société de sécurité.
Officiellement, cette entreprise déployée depuis le 1er septembre a été recrutée pour former et renforcer les équipes se trouvant déjà sur place. Toutefois, craignant des licenciements systématiques, le personnel de sécurité soutenu par les autres collègues s’était révolté. Il a fallu l’intervention des gendarmes ce jour-là pour que les activités du port reprennent vers midi. Bilan des courses : un blessé et près de 17 personnes arrêtées, dont une femme. Ils ont été libérés le lendemain après 24 heures de garde à vue.
Aucun préavis déposé en amont ?
Une démarche qui n’a pas du tout était du goût du directeur de la société comorienne des ports, un fidèle du pouvoir actuel accusé déjà à tort selon ses défenseurs de suspendre des employés sans motifs. « Nous leur avions expliqué qu’aucun agent de sécurité ne serait licencié et que la société en question serait là pour renforcer l’effectif et les manager. Au lieu de cela, ils sont entrés en grève. Vous imaginez les préjudices engendrés après des heures d’arrêt des activités au port, surtout dans un contexte de crise comme celui-ci. Certains insultaient même le directeur, nous avons les vidéos relayées sur les réseaux sociaux. C’était inacceptable, il fallait donc sanctionner pour que de tels actes ne se reproduisent plus. C’est ce qui s’est passé », s’est justifié, Fakri Hachim qui refuse de les qualifier de grévistes. Pour lui, les agents ayant manifesté ne peuvent s’accaparer de ce qualificatif car aucun préavis n’avait été déposé en amont. Problème : cet attachement au respect des textes semble aller dans un seul sens.
Fils du président
Selon la secrétaire générale adjointe du syndicat du personnel, Allaouia, les droits des employés déférés en conseil de discipline ont été bafoués révèle. « L’agent reconnu fautif doit pendant le jugement être assisté par un représentant. Or, aucun délégué du personnel n’a été invité. Ce sont des proches du directeur qui ont siégé pendant la réunion du conseil », a-t-elle déploré, elle aussi suspendue. Cette dernière assure pourtant n’avoir pas pris part à la manifestation. Elle reconnaît seulement s’être mobilisée pour la libération des agents qui se trouvaient à la gendarmerie.
Au sujet des propriétaires de la société de sécurité dont certains l’attribuent au fils du président Azali Assoumani, le chef du département des affaires juridiques jure qu’il n’a pas vu le nom de l’enfant du chef de l’État dans un quelconque document. Lorsqu’on lui a demandé les montants du contrat, Fakri a botté en touche évoquant le secret professionnel. « Il n’y a rien d’alarmant comparé aux factures de prestations présentées par les autres entreprises de sécurité de la place », s’est-il empressé de répondre. Sur les autres revendications mises en avant le jour de la contestation, à l’instar du rétablissement de la mutuelle de santé, ou encore du versement de la cotisation à la caisse des retraites, Fakri a assuré que globalement tout a été réglé. Même s’il avoue qu’il y a des choses à améliorer. Des informations qui restent à confirmer.