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Loup Wolff, directeur interrégional de l’Insee La Réunion-Mayotte et Véronique Daudin, cheffe du service régional de l’Insee à Mayotte.

Le marché de l’emploi se dégrade à Mayotte, avec un taux de chômage historiquement haut à 37 %. Les crises sociales des deux dernières années ont affecté les créations de postes. Du côté des entreprises, le nombre de créations se stabilise, avec une hausse importante dans le domaine du service aux entreprises.

C’est un chiffre frappant. À Mayotte, en 2023, seules 29 % des personnes de 15 à 64 ans ont un emploi. “Des résultats qui se dégradent depuis 2019”, présente Véronique Daudin, cheffe du service régional de l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) à Mayotte, lors de la présentation des résultats relatifs au marché du travail ce vendredi 6 septembre. Cette année-là, il était de 34 %. Par comparaison, à l’échelle nationale, le taux d’emploi est de 68 %. Au cours des dernières années, ce sont les hommes qui ont le plus souvent perdu leur travail alors que l’emploi féminin se stabilise. Cela s’explique par le fait qu’à Mayotte ces derniers ont plus tendance à avoir un métier que les femmes, ils sont donc plus impactés par la baisse du taux d’emploi.

Une activité ralentie par les crises

Le taux de chômage continue de grimper. Il s’élève à 37 %, soit 7 points de plus qu’en 2019. “On atteint un sommet, c’est rarement vu. Habituellement, ces pourcentages concernent des tranches de la population, les seniors ou les jeunes mais pas l’ensemble de la population”, analyse la statisticienne.“En 2005 à La Réunion, le chômage était de 33 %, ces taux sont rarement atteints mais cela arrive”, nuance-t-elle. Pour l’ensemble de la France, il s’établit à 7,3 %. 

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Le taux de chômage s’élève à 37% à Mayotte pour l’année 2023. Graphique : Insee.

“Le plus inquiétant, ce sont les créations d’emplois qui peinent à redémarrer”, observe Véronique Daudin. Une conséquence des crises et mouvements sociaux de 2022 et 2023. “Ces dernières années, l’activité économique a été considérablement ralentie par les opérations Wuambushu et les périodes de blocages”, indique-t-elle. En parallèle, le marché du travail n’arrive pas à absorber l’arrivée des nouveaux actifs. La création d’emplois ne suit pas le rythme de la croissance de la population.

Du côté des entreprises, 1.750 ont été créées en 2023, un nombre proche de l’année précédente. “Après un boom des créations d’entreprises en 2018 et 2021, on observe une stabilisation qui interroge”, déclare Loup Wolff, directeur interrégional de l’Insee La Réunion-Mayotte. Ces créations sont à 40 % des micro-entreprises. En revanche, les créations de sociétés et d’entreprises individuelles classiques reculent. 

La parité dans la création d’entreprises

Dans les secteurs de l’industrie et de la construction, la baisse est importante, respectivement de -28 % et de -15 %. Des taux compensés par les domaines du service aux entreprises (+18 %), du commerce et de la réparation automobile (+3%). Autre fait marquant : l’exacte parité homme-femme dans les créations d’entreprises dans le 101e département français. Les femmes représentent un créateur d’entreprise sur deux. Tandis qu’en métropole, en 2023, 43 % des entreprises sont créées par des femmes et 57 % par des hommes.

La population réelle de Mayotte sera connue en décembre 2025

Loup Wolff, le directeur interrégional de l’Insee La Réunion-Mayotte, se trouve actuellement à Mayotte pour rencontrer les maires des 17 communes afin d’évoquer le recensement. Alors que depuis 2017, les résultats sont des estimations de population, en décembre 2025 seront publiés les chiffres sur la population réelle dans le 101e département. 

Le recensement publié est le fruit d’une nouvelle méthode de collecte d’abord appliquée en métropole puis en outre-mer dans le cadre de la loi relative à l’égalité réelle outre-mer. “Avant à Mayotte, un recensement général était réalisé tous les cinq ans. Désormais, le recensement est continu, tous les ans, ⅕ du territoire est interrogé”, explique le directeur interrégional. Pour cela, les agents se rendent dans les logements pour recenser le nombre d’habitants. 

Autre nouveauté, avec cette méthodologie, le travail est mené conjointement par l’Insee et par les communes. Ce sont des agents communaux qui effectuent le recensement. Ils appliquent cette méthode depuis quatre ans. En février-mars 2025, il s’agira de la dernière collecte avant les résultats définitifs de la population en décembre. Ils permettront de connaître le nombre d’habitants dans le département, mais aussi par commune, il donnera également un descriptif du bâti et enfin la part de la population native française et la part native étrangère.