Une CCI de Mayotte prête à jouer davantage une fonction de support

Il y a du changement à la Chambre de commerce et d’industrie de Mayotte (CCIM) avec l’arrivée d’un nouveau directeur général des services en la personne d’Abdoul-Karime Bamana. Pour son retour, celui-ci veut ouvrir de nouveaux axes de développement à travers des missions de formation, le suivi de la réalisation de projets d’importance économique et stratégique pour le territoire et bien sûr développer la coopération économique. Il nous l’explique dans un entretien.

Flash Infos : Comment se déroule cette prise de fonctions aux commandes de la Chambre de commerce et d’industrie de Mayotte ?

Abdoul-Karime Bamana : Ma prise de fonctions se passe très bien, elle est effective depuis le 15 mars, bien que je note un début assez sportif pour bien comprendre les évolutions des dix dernières années à la CCIM. Je ne suis pas un parfait inconnu dans cette maison où j’ai eu à exercer entre 2012 et 2013, à partir de là, je dirais que la feuille de route démarre sous de bons auspices. Avec la perte du port de Longoni (N.D.L.R. la délégation de service public a été attribué à Mayotte Channel Gataway), la CCI a pris un virage nouveau depuis 2013 /2014, une transition à assimiler, traverser, en vue de travailler sur un modèle nouveau au service de ses ressortissants. Un modèle qui permettra à partir des missions traditionnelles de l’institution telles que les formalités CFE, commerces et autres multiservices, d’accompagner ces dits ressortissants vers des activités conventionnées par des partenaires, lesquelles font vivre la CCIM aujourd’hui, dès lors que cette bascule à laquelle je viens de faire référence à conduit également à un changement du mode de financement qui s’appelle TCCI, une taxe particulière due par les entreprises en capacité d’y contribuer.

F.I. : La CCI a trouvé un nouveau mode de financement de ses missions, pouvez-vous nous en dire plus ?

A.-K.B. : C’est un modèle qui est basé sur des partenariats opérationnels. Nous avons un cadre qui provient du réseau des CCI France, de l’État aussi, via un partenariat portant sur des objectifs et des moyens au niveau local, sous pilotage de notre maison mère (CCI France). Nous disposons d’un deuxième modèle basé sur des fonctions supports, d’accompagnement et de représentation sur des nouveaux éléments de développement des entreprises tout en restant au service de nos ressortissants. C’est un nouveau modèle qui porte aussi sur des dispositifs conventionnels avec les collectivités locales, à la tête desquelles le Conseil départemental de Mayotte au profit duquel nous répondons à des impératifs de développement stratégique.

Nous disposons d’un autre modèle qui nous amène à proposer des offres de services à différentes collectivités, des EPCI et des communes qui en feraient la demande. C’est certes, un nouveau modèle, mais je dirai une nouveauté qui répond aux besoins de nos entreprises, avec des dispositifs qui vont se multiplier et s’accélérer, en matière de ressources humaines (RH), de montée en gamme de nos ressortissants via des partenariats avec le Département et Akto. Nous répondons aux appels à projets et aux commandes publiques de ces opérateurs notamment en matière de formations pour développer les compétences de nos ressortissants et leur apporter des réponses claires tant au niveau local, territorial et régional. Cet axe qui va monter crescendo fera de la CCI un acteur de la formation professionnelle sur le territoire et dans toute la région avec, notamment, des écoles de commerce à Maurice, le tout soutenu par le conseil départemental.

F.I. : Qu’en est-il des nouveaux champs de compétences et d’intervention qui s’ouvrent pour vous, notamment la technopole de Dembéni ?

A.-K.B. : La technopole est un autre axe important et nouveau pour nous. C’est une opération voulue par le Département et dont il en a souvent été question au cours de ces dernières années et que la CCI a porté en qualité de maîtrise d’ouvrage délégué. À cette occasion, elle s’est révélée être assez efficace pour la mise en place d’opérations dédiées au développement économique. L’essentiel est que ce projet est maintenant sorti, le partenariat avec le Département de Mayotte a bien fonctionné, la CCI a porté le sujet en mobilisant les financements qu’ils soient Feder, État, Département, la Cadema ou la commune de Dembéni. Ce pôle de partenariat a permis à la CCI de déployer une nouvelle offre en qualité d’opérateur important en matière de développement, directement ou en appui. Nous sommes amenés à apporter des outils dans l’immobilier d’entreprises, dans la réponse à apporter à nos entreprises via notre cœur de métier qui est le commerce et l’industrie.

F.I. : Pourquoi malgré un échec notable au démarrage, la CCI se montre décidée à poursuivre l’axe de formation avec les écoles de commerce mauriciennes ?

A.-K.B. : L’axe mobilité va être poursuivi, les premières années ont permis de tester le dispositif, jusqu’à 100 jeunes au début contre 80 actuellement. Il y a deux à trois ans, ce mouvement était quelque chose de nouveau pour Mayotte, à présent ce programme de mobilité à l’international dans le secteur de la formation est pleinement accepté, nous ne sommes plus seuls dans cette démarche, le Département et Ladom (l’Agence de l’outremer pour la mobilité) nous accompagnent et nous avons des financements européens à travers le mécanisme Interreg. Ce dispositif est opérationnel, avec des stagiaires déjà en cours de formation à Maurice et il va être poursuivi. Les appels à projets pour les séquences 2024/2025 vont sortir pour préparer la rentrée de septembre 2024. Nos partenaires sont très engagés là-dessus, notamment Ladom qui prend en charge les déplacements et la rémunération des stagiaires, la CCI vient en appui en sa qualité d’outil de formation organisateur de ce dispositif.

F.I. : Que pouvez-vous nous dire au sujet de l’accompagnement des entreprises locales à l’international ?

A.-K.B. : Dans l’accompagnement au développement des entreprises à l’international, le Département a souhaité renouveler cette mission de manière à être plus efficace. Il y a le volet opérateurs au travers duquel la CCI mobilise ses ressortissants commerces, industries et services, ceux qui ont vocation et des opportunités à aller chercher à l’extérieur, essentiellement les pays de la région. Nous avons porté le dispositif partenarial avec l’ensemble des CCI de l’océan Indien, Cap business O.I. C’est une opération montée au cours de ces dernières années pour favoriser les échanges entre opérateurs économiques. Elle regroupe l’ensemble des CCI de notre sous-région avec, notamment, l’arrivée de nouveaux opérateurs pour l’Adim (Agence de développement et d’innovation de Mayotte). Ce premier axe nous permet aujourd’hui de vraiment bien travailler ensemble. Il y a un deuxième axe spécifique au développement des opportunités pour les entreprises mahoraises vers des pays voisins priorisés par le Conseil départemental avec un volet porté par l’Adim. Actuellement, celle-ci regroupe un pool d’acteurs locaux intéressés par le captage d’opportunités à l’étranger. Ma CCI reste présente à ses côtés, elle joue le rôle qui lui est dévolu via des opérations de prospection en faveur de ses propres ressortissants.

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