Sur l’ensemble du territoire des Comores, les automobilistes n’arrêtent pas de pointer du doigt le carburant qui selon eux endommagerait leurs voitures. La société comorienne des hydrocarbures assure elle que ses produits pétroliers sont de bonne qualité. Mais certaines sources internes contredisent cette version.
Depuis deux semaines, l’information circule. Les médias ont même rapporté il y a quelques jours des témoignages d’automobilistes dont les voitures sont tombées en panne après avoir fait le plein dans des stations-service. Mais, l’entreprise nationale de distribution des produits pétroliers avait préféré opter pour le silence jusqu’à ce jeudi. Pointée du doigt, la société comorienne des hydrocarbures (SCH) a tenu un point de presse, ce jeudi 5 janvier, pour défendre son carburant dont la qualité est remise en cause par de nombreux usagers. C’est surtout l’essence qui se trouve sur la sellette. Par exemple, un internaute répondant au nom de Hassane Nourdine a partagé sur Facebook son cauchemar. Résidant sur l’île d’Anjouan, il n’a pas pu terminer sa course car son véhicule s’est arrêté subitement alors qu’il venait de quitter la station. « Je viens de mettre du carburant il y a trente minutes et voilà que ma voiture me lâche au beau milieu de la route », écrivait-il. Ce calvaire, il n’est pas le seul à le vivre. Pourtant, la société nationale en charge de la vente des produits pétroliers continue de soutenir que son carburant est irréprochable. « Nous procédons à des analyses avant la mise en vente. C’est la même méthode si une cargaison arrive. Nous dépêchons sur le bateau des agents pour prélever des échantillons, pour analyse avant le déchargement, une façon de s’assurer que le produit répond à nos exigences », ont défendu les conférenciers, devant la presse.
Les cuves des bateaux impropres ?
En gros, si problème il y a, il est à chercher ailleurs. On pointe souvent les stations-services. « En fait, la présence d’eau dans une cuve de gasoil est quasi-inévitable. Or, certaines stations de la capitale ne sont pas en règle, car ne disposant pas de point de purge, donc l’eau ne parvient pas à sortir, elle s’accumule à l’intérieur. Mais souvent, il se trouve que le propriétaire a les bras longs et notre hiérarchie n’ose pas prendre des mesures », déplore un cadre de la société comorienne des hydrocarbures. Notre source, qui a préféré intervenir sous le sceau de l’anonymat, qualifie de « mensongères » les déclarations de ses collègues qui animaient la conférence de ce jeudi. « Le transfert du carburant entre les îles se fait dans des bateaux pourris et pollués. Même les produits débarqués avant-hier ne seront pas épargnés. Aucun contrôle n’est effectué pendant la livraison du carburant vers les autres îles. Ils savent tous que les cuves de ces bateaux sont dans un sale état, mais personne ne s’en soucie », a conclu notre source. D’ailleurs, par précaution, a-t-elle illustré, la SCH ne livre jamais du kérosène en provenance des îles car il ne serait jamais validé. « Le pilote procède à un test rapide avant le chargement dans l’avion. Donc on est prudents », a cité à titre d’exemple, notre informateur. En dépit de ces révélations, le fournisseur national de carburant refuse de se remettre en cause ne serait-ce qu’une seule fois. Alors que dans une déclaration rapportée sur les colonnes du quotidien Al-watwan, un responsable d’une station de la capitale confirme que l’essence distribuée dernièrement avait une couleur inhabituelle.
Sur l’île de Moheli, les réservoirs de plusieurs motos sont troués, selon un article de La Gazette des Comores. Tout comme les automobilistes, les motards pensent que l’essence y serait pour quelque chose. A la Grande Comore, depuis juillet 2022, les véhicules de haute gamme sont les plus touchés, à l’instar des 3008, DS7. La panne touche toujours la même pièce : les pompes à injection. L’affaire avait fait un peu de bruit, des annonces d’inspection ici et là. Mais au bout d’une semaine, rien. Six mois plus tard, le problème a refait surface avec des dégâts considérables. Mais personne ne doute que l’affaire s’effritera d’ici quelques jours au grand dam des citoyens qui doivent supporter les dommages.
Romain Guille est un journaliste avec plus de 10 ans d'expérience dans le domaine, ayant travaillé pour plusieurs publications en France métropolitaine et à Mayotte comme L'Observateur, Mayotte Hebdo et Flash Infos, où il a acquis une expertise dans la production de contenu engageant et informatif pour une variété de publics.