A Mayotte, l’économie de la mer et du tourisme attend un salut européen

Raffaele Fitto, l’un des vice-présidents de la commission européenne, était en visite à Mayotte, ce lundi. Il a notamment rencontré les acteurs de la pêche et du tourisme pour recueillir leurs attentes dans le contexte post-cyclone Chido.

A peine arrivé à Mamoudzou, ce lundi matin, Raffaele Fitto, l’un des vice-présidents de la commission européenne, a rencontré les acteurs de la pêche et du tourisme pour écouter leurs difficultés dans le contexte post-Chido. Mayotte en tant que région ultrapériphériques (Rup) de l’Union européenne bénéficie de fonds européens, c’est dans ce cadre, pour discuter des besoins et de leur distribution que le vice-président s’est rendu sur le territoire.

Tandis que les pêcheurs peuvent bénéficier d’une aide notamment financée par l’Europe pour renouveler leur flotte de pêche jusqu’à fin décembre 2025, Bibi Chanfi, vice-présidente du conseil départemental de Mayotte, en charge du développement économique et de la coopération décentralisée, a plaidé pour qu’un “délai supplémentaire de cinq ans soit accordé pour que les pêcheurs achètent un bateau”. Une demande alors que la filière n’est pas encore structurée sur le territoire. Une idée partagée par Régis Masséaux, le gérant de la SARL Capt’ain Alandor, “dans la feuille de route qui doit être présentée en juin 2025, j’aimerais qu’il y ait un paragraphe spécial sur Mayotte pour tenir compte des besoins”. La demande a aussi été appuyée par Mouhamadi Abdou Chebani, le président de la Chambre d’agriculture, de la pêche et de l’aquaculture (Capam), “Mayotte dispose d’une zone économique exclusive de 74.000 kilomètres-carré, pourtant la moitié de la consommation de poisson est importée, nous demandons à repousser l’échéance de 2025 à l’horizon 2030 pour permettre aux professionnels mahorais de se structurer”.

“L’économie bleue à l’arrêt total”

Michel Madi, le directeur général de l’agence d’attractivité et de développement touristique à Mayotte (AaDTM) a, pour sa part, fait remonter les difficultés du tourisme. “En 2023, Mayotte a accueilli 75.000 touristes principalement issus de la France métropolitaine et de La Réunion, cela occupe 6 % de l’activité économique de Mayotte”, a-t-il présenté. Un chiffre très bas qui peut “s’expliquer par le handicap de la desserte aérienne, le fait qu’il n’y ait pas de ligne directe avec l’Europe sauf avec Paris, que le nombre de lits ne dépasse pas 1.500 ”. L’AaDTM estime les dégâts de Chido à hauteur de 45 millions d’euros, “le plus dur est à venir”, alerte le directeur de l’agence. Il demande donc que l’Union européenne soutienne le développement du tourisme dans le département afin de “profiter de cette catastrophe pour développer un éco-tourisme raisonné”.

Antoine Tordeur, le président du cluster tourisme Mayotte a tiré la sonnette d’alarme autour du ponton détruit du port de plaisance de Mamoudzou. “A cause de cela, tous les professionnels de l’économie bleue, plongée, prestataires nautiques, pêche sont à l’arrêt total, les financements manquent. Aucune entreprise ne pourra attendre un ou deux ans, nous avons besoin que les fonds européens soient libérés dès maintenant”, a-t-il insisté.

“ Ce n’est pas la seule réunion qu’on va avoir »

L’enjeu de cette rencontre avec le vice-président de la commission est d’intégrer les besoins actuels du département aux fonds européens 2021-2027 afin de tenir compte des besoins de reconstruction. Les acteurs locaux espèrent également bénéficier des financements du fonds de solidarité de l’Union européenne (FSUE). “Nous allons travailler avec le secteur de la pêche à l’élaboration d’une mission. Ce n’est pas possible que ce soit les mêmes règles en Europe et dans les régions ultrapériphériques”, a affirmé Raffaele Fitto. “Aujourd’hui, ce n’est pas la seule réunion qu’on va avoir, mais c’est la première”, a-t-il adressé aux différents acteurs présents.
Pour Antoine Tordeur, cette rencontre était “rassurante car nous avons été écoutés mais c’est loin d’être suffisant. La difficulté, c’est le délai avant de pouvoir libérer les fonds européens. Combien de temps cela va-t-il prendre ? Le temps administratif et le temps du terrain sont différents.” Car selon lui l’urgence est maintenant sinon des entreprises du secteur maritime vont devoir mettre la clé sous la porte.

Journaliste à Mayotte Hebdo et à Flash Infos Mayotte depuis juin 2024. Société, éducation et politique sont mes sujets de prédilection. Le reste du temps, j’explore la magnifique nature de Mayotte.

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