30 ans de la Laiterie de Mayotte : « Notre ambition, c’est de produire entre 10 et 15.000 tonnes par an »

Depuis sa création, la Laiterie de Mayotte a beaucoup évolué. Avec ses marques et ses produits connus par toutes et tous, l’entreprise emblématique de l’île célèbre ses trente ans. En perpétuelle évolution grâce à ses investissements industriels, elle a produit seize millions de yaourts en 2022.

A travers ses marques, ses produits, la Laiterie de Mayotte s’est fait un nom au fil des années, notamment grâce aux produits Oula. « Depuis trente ans, il s’est passé bien des choses », relate Emmanuel Clerc, le directeur de l’entreprise depuis 2020. L’entreprise installée à Kawéni a transformé du lait pour la première fois en 1992, par la volonté de Jean Caillé. En 1994, devant une croissance d’activité qu’il fallait maîtriser, elle a été revendue à la Compagnie Laitière des Mascareignes, la Cilam, qui en est aujourd’hui toujours propriétaire. La gamme proposée par la Laiterie repose sur deux catégories, les produits laitiers frais et les glaces. Au total, ce sont donc six familles et une trentaine de produits qui sont proposés. « Désormais, on est sur un catalogue produit qui est à peu près complet dans les produits laitiers », positive le directeur.

Des outils identiques à ceux utilisés en métropole

En 2022, la Laiterie de Mayotte a produit seize millions de yaourts, ce qui représente une production de 2.200 tonnes. « Notre ambition, c’est de pouvoir produire entre 10 et 15.000 tonnes par an », espère le gérant. Cet objectif pourrait être atteint en investissant dans le prix et devrait être atteint à l’horizon 2030. En investissant quinze millions d’euros en quatre ans, l’entreprise fait le choix d’installer des outils identiques que ceux utilisés en métropole. Pour le directeur, « ce qui les distinguent, c’est la taille, mais le niveau technique est le même ». L’objectif recherché est de continuer à investir pour pouvoir baisser les coûts de fabrication et pouvoir rendre les produits laitiers accessibles au plus grand nombre.

La société kawénienne investit continuellement depuis 2008, afin d’accroitre ses capacités de production et préserver sa compétitivité. Deux phases ont eu lieu entre 2008 et 2018, avec entre autres, la création d’un atelier d’extrusion des bouteilles Yop, l’agrandissement du site et l’obtention de la certification ISO 9001. Une dernière phase en quatre étapes est actuellement lancée, elle s’achèvera en 2025. Elle marquera l’achèvement de la transformation totale du site de Kawéni, comme l’explique Emmanuel Clerc : « on était une activité artisanale, ou semi-industrielle. On devient maintenant un industriel à part entière, en gardant le niveau de qualité, notamment gustatif, qu’on avait dans l’artisanal ».

Ajouter de l’automatisation

Le plan de développement imaginé se déroule donc en quatre étapes et à ce jour, deux étapes ont d’ores et déjà été réalisées. En 2022, le nombre de cuves de fabrication est passé de six à neuf, augmentant le volume à 42 tonnes (24 par le passé). Cette année, tous les « process » de production de froid et de chaud de l’usine ont été remplacés et la chambre d’étuvage a été agrandie. Des travaux subventionnés en partie par le Feder (Fonds européen de développement régional), à hauteur de 1,1 million d’euros. « Les deux prochaines étapes, en 2024 et 2025, ça va être le changement de nos machines de conditionnement », annonce le directeur. La modernisation des lignes aura lieu, avec une augmentation à 16.000 pots et une réorganisation de la ligne bouteille pour la mise en place du bouchon solidaire. L’automatisation va réduire la pénibilité de certaines tâches et nécessitera la montée en compétences des équipes. Demain, la plupart des manutentionnaires deviendront pilote.

« On ne conçoit pas des investissements pour faire des économies sur nos charges, ce n’est pas du tout l’esprit », avertit Emmanuel Clerc. Les investissements industriels sont réalisés pour pouvoir répondre à la demande du marché. Ils permettent d’augmenter les cadences, d’automatiser certaines tâches grâce à la technologie, mais un besoin croissant de main d’œuvre est tout de même présent. L’entreprise compte désormais une cinquantaine de salariés.

Parmi les équipes, se trouvent de nombreux apprentis et, selon le directeur, « il y a une jeunesse, qui a besoin de s’ouvrir au monde du travail, et nous, on est une entreprise qui a besoin de jeunesse pour s’adapter à l’évolution de nos outils,  notamment dans le numérique ».

Un Yop inédit pour les 30 ans

Le trentième anniversaire de la Laiterie a été l’occasion de laisser s’exprimer la créativité des élèves du lycée des Lumières de Kawéni. Ainsi, les étudiants en arts graphiques de la section STD2A (sciences et technologies du design et des arts appliqués) se sont penchés sur l’identité graphique de l’entreprise. Cette étude a abouti à la création du logo inédit des trente ans. Les sections plus expérimentées ont pu collaborer à la création du packaging du Yop Ananas, parfum inédit, spécialement conçu pour l’anniversaire.

Pour célébrer dignement celui-ci justement, une soirée (sur invitation) est organisée, ce vendredi, sur le site de l’entreprise. Cet événement sera l’occasion de fêter cet anniversaire avec toute l’équipe de la Laiterie.

Et le besoin en eau ?

Pour fabriquer des yaourts, la Laiterie de Mayotte utilise notamment du lait en poudre et de l’eau. « On est un consommateur d’eau sur l’île, ça c’est sûr », avoue le directeur. Cette année, face au manque d’eau et à la potentielle pénurie d’eau, comment la Laiterie envisage-t-elle sa production ? « Quand il n’y aura plus d’eau, il n’y aura plus de yaourt, il n’y a pas d’alternative », concède-t-il. L’entreprise a mené une réflexion sur toutes les pistes d’économie de consommation d’eau et celle dispensable n’est plus consommée.

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