La ville de Mamoudzou a récemment publié un appel d’offre concernant la gestion d’une fourrière animale. Entre les chiens errants, maltraités, utilisés pour les combats, ou comme arme par destination, cette avancée s’attaque à un problème de taille longtemps délaissé par les pouvoirs publics, et pas seulement dans le chef-lieu du département.
« Le concessionnaire s’engage à assurer 7 jours sur 7 la capture et l’accueil des animaux perdus, abandonnés, trouvés blessés ou errants ». Au travers d’un appel d’offre publié cette semaine, la ville de Mamoudzou s’attaque à une problématique incontournable pour les administrés, comme pour les canidés. « Ces derniers temps, nous avons eu plusieurs remontées concernant des divagations de chiens, parfois accompagnés par des groupes d’individus qui les utilisent comme des armes par destination », justifie Eric zubert directeur de la prévention de la sécurité urbaine de la ville de Mamoudzou. Tout en évoquant également « une présence problématiques d’autres animaux sur la voie publique, comme des ovins ou des bovins », l’homme rappelle qu’il s’agit « d’un dossier initié par [son] prédécesseur sur lequel il fallait agir rapidement ». Une concrétisation aujourd’hui rendue possible grâce à la pression exercée par le monde associatif, à commencer par l’association Gueules d’amour. « Cela fait trois ans que je réclame à la ville de Mamoudzou de se saisir de cette problématique », martèle Tyler biasini Rossi président de l’association. L’ouverture de la fourrière en janvier 2020 est donc perçue comme une petite victoire.
Du point de vue législatif, c’est en effet au maire de la commune que revient la responsabilité de cette problématique. Malheureusement, « plus de la moitié des communes de l’île ne sont pas encore conventionnées avec notre association », déplore le président de Gueules d’amour, qui demeure l’une des rares structures à posséder les capacités nécessaires pour gérer ce dossier épineux.
Un phénomène lié à la délinquence
Selon les estimations, le nombre de chiens errants sur le département se comprendrait entre 15 000 et 30 000. Problème « Il s’agit d’estimations qui ont vieillies. Je ne pourrais pas estimer avec précision le nombre aujourd’hui, mais je vois tous les jours des chiens et des chats abandonnés et mutilés. Étant présent sur le territoire depuis 2013, je dirais que leur nombre a potentiellement doublé », analyse Tyler biasini Rossi. Autre point préoccupant, la question des chats errants dont le nombre était estimé à quelque 100 000 en 2015. Un phénomène dangereux, notamment pour les espèces d’oiseaux endémiques dont les chats n’hésitent pas à grimper jusque dans les nids.
Depuis presque 10 ans, Gueules d’amour a récupéré et sauvé plus d’un millier de chiens et chats. Sur leur terrain de quelque 7500 m² situé à Ongojou, les bénévoles et salariés de l’association exercent un travail incontournable en l’absence d’une véritable gestion du problème par les pouvoirs publics. « Nous sommes sur une moyenne de 30 nouveaux chiens adoptés chaque mois. Nous envoyons également entre 70 et 100 animaux par an dans des associations en métropole lorsque nous n’arrivons pas à les faire adopter ici », dénombre-t-il.
Et les autres communes ?
Pour le professionnel, la question des chiens errants est « directement liée au problème de la délinquance ». « Nous sommes face à des jeunes désœuvrés qui n’ont aucun but dans la vie. Ils prennent les chiens pour passer le temps ou leurs nerfs, faire des combats ou racketter des gens. Il y a moins d’un mois, nous avons mis la main sur un chenil illégal caché en pleine campagne à Bandrélé. Les chiens étaient mutilés et préparés au combat. Aujourd’hui, nous avons pu les prendre en charge », explique-t-il.
Si la ville de Mamoudzou se saisit du problème, celui-ci se doit désormais d’être pris aux sérieux par l’ensemble des communes. En l’absence de partenariat conclu avec Gueules d’amour, les solutions de rechange ne permettent guère d’endiguer le phénomène sur le long terme. « Jusqu’à aujourd’hui, le problème était réglé était géré au cas par cas, de façon aléatoire, sans que les choses soient formalisées ou contractualisées. Il n’avait pas de vision sur le long terme, ni d’action préventive », rappelle le directeur de la prévention de la sécurité urbaine de la ville de Mamoudzou. À défaut d’autres alternatives, l’euthanasie demeure ainsi une solution de dernier recours. Un procédé aussi radical que regrettable, dès lors qu’il s’agit d’animaux déjà victimes de traitement inhumains.
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