Transport scolaire | Après un caillassage, les bus marquent le stop

Un nouveau projectile a été lancé, mardi soir, aux environs de 18h, sur un bus de transport scolaire qui circulait sur la rocade de M’tsapéré. La plupart des conducteurs ont fait valoir mercredi leur droit de retrait et ne veulent plus desservir certains arrêts. Le mouvement devrait se prolonger ce jeudi.

Plus d’une centaine de bus étaient à l’arrêt, mercredi matin, sur le terre-plein de M’tsapéré. « 200 à 250 conducteurs sur une totalité de 270 environ » ont exercé leur droit de retrait, informe Mguereza Abdillah, délégué syndical FO Transports. Aucune desserte n’a été assurée de la journée. En conséquence, les établissements scolaires du secondaire ont affiché un taux d’absentéisme de 37 %, indique le vice-rectorat.

Le mouvement des chauffeurs fait suite à un nouveau caillassage, la veille au soir, sur la rocade de M’tsapéré. Peu après 18h, mardi, un projectile a été lancé contre la vitre latérale d’un bus, au niveau de la porte d’entrée avant. Le car était parti de la barge et devait prendre le chemin du sud de l’île. Il était dans les embouteillages lors de l’incident. « Le caillou a atterri sur les genoux du conducteur », affirme l’un des chauffeurs en droit de retrait.

La victime a déposé plainte mercredi matin. Une enquête a été ouverte au commissariat de police de Mamoudzou. « Ça semblerait être le fait d’un élève en retard, qui n’a pas été ramassé » par le bus, indique-t-on du côté des forces de l’ordre. Il n’y aurait « pas un phénomène de bande derrière », contrairement à certains précédents.

Vers une reconduction du mouvement

« Si des véhicules sont caillassés quelque part, on ne dessert plus cet endroit-là », détaille Mguereza Abdillah, le délégué syndical FO Transports. Ce principe apparaît, selon lui, dans le protocole signé le 30 janvier par les conducteurs de bus à l’issue d’une réunion avec le Département, compétent en matière de transport scolaire, et d’autres acteurs. Ce document marquait alors la sortie de crise ouverte le 24 janvier ; date à laquelle les chauffeurs avaient fait valoir un précédent droit de retrait. Le mouvement faisait suite à une série d’incidents à Kahani, Kawéni, Koungou et Majicavo. A chaque fois, des projectiles avaient été envoyés contre des cars.

Les conducteurs exigent que Doujani et une partie de M’tsapéré ne soient plus desservis par les bus de transport scolaire, selon le syndicaliste. Doujani où des jets de projectile ont émaillé les trajets « la semaine dernière » et lundi soir, selon Mguereza Abdillah. 

Dans l’après-midi, mercredi, « le directeur de Matis et le chargé d’exploitation » sont venus à la rencontre des chauffeurs, sur le terre-plein, après une réunion avec des élus du Département. « Mais nous, on n’était pas conviés », regrette le syndicaliste.

Par l’intermédiaire de la direction de Matis, le Conseil départemental se serait engagé auprès des conducteurs « à ce qu’on ne prenne pas les élèves de Doujani mais les bus passeraient » dans la commune, avec un appui des forces de l’ordre. Inenvisageable pour Mguereza Abdillah : « Les bus vont passer et c’est là que c’est dangereux. Si les parents savent qu’on va passer et qu’on ne prend pas les élèves, ça va créer des problèmes. »

Le représentant syndical regrette par ailleurs l’absence de toute trace écrite, pour officialiser cette promesse orale. « Ils étaient partis à la base pour [mettre en place cette mesure] deux jours, le temps que les gamins soient interpellés par les forces de l’ordre. »

Le syndicaliste exige une modification provisoire du plan de transport, jusqu’à ce que des interpellations soient effectuées. Il appelle la base à poursuivre le droit de retrait ce jeudi. Les conducteurs doivent se rassembler dès 9h sur le terre-plein de Mtsapéré.

Contacté, le Département n’a pas donné suite à notre sollicitation.

 

« Aucun élève n’accepte de dénoncer quelqu’un »

Les incidents, « c’est notre quotidien », déplore Fouad, conducteur de bus chez Matis, l’un des délégataires de service public du Département, en charge du transport scolaire. « Des gendarmes qui nous suivent partout, ça n’est pas l’idéal. Ils ont d’autres urgences à traiter », poursuit-il, en référence au dispositif lancé vendredi dernier par la gendarmerie, avec l’embarquement de militaires à bord de certains cars scolaires. Le chauffeur dénonce aussi un laxisme de la justice. « On relâche [les suspects des caillassages] car ce sont soi-disant des mineurs. Ils recommencent. Il faudrait une loi spéciale pour Mayotte. »

Les jeunes « savent tous qui cassent le bus », affirme anonymement un autre conducteur. « Aucun élève n’accepte de dénoncer quelqu’un. » Face à la multiplication des incidents, « des entreprises n’osent plus déclarer les sinistres. Au bout de trois sinistres sur deux ans, l’assureur peut résilier le contrat. C’est notre avenir qui est en jeu », s’inquiète-t-il.

 

 

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