La possible réduction du budget du programme d’options spécifiques à l’éloignement et à l’insularité (POSEI) pour la période 2021-2027 a créé un mouvement de panique chez certains députés du Parlement européen. Un scénario qui serait dramatique pour les agriculteurs et les éleveurs ultramarins. Pour Mayotte, cela aurait pour conséquence un manque à gagner de plus de 800.000 euros.
Mercredi 7 octobre, parvis du Parlement européen à Bruxelles. Plusieurs dizaines de députés européens de sensibilités politiques diverses se rassemblent devant une banderole « NO POSEI CUTS » pour clamer leur opposition aux coupes budgétaires envisagées en septembre par le commissaire en charge de l’agriculture, Janusz Wojciechowski. Une éventualité « non négociable » et surtout « innaceptable » pour le Réunionnais Stéphane Bijoux. Car le programme d’options spécifiques à l’éloignement et à l’insularité est la déclinaison dans les régions ultrapériphériques françaises, espagnoles et portugaises du premier pilier de la politique agricole commune. « Le moment n’est pas à la politique politicienne », s’époumone-t-il.
Cette baisse de l’ordre de 3.9% viendrait alors mettre à mal les finances ultramarines dans ce secteur… « Si nous laissons découler ce scénario catastrophe, les Outre-mer perdraient plus de 180 millions d’euros de 2021 à 2027. » Et Mayotte ne serait évidemment pas épargnée et verrait se volatiser 120.000 euros sur les 3 millions reçus chaque année. Soit un total de plus de 800.000 euros sur la période évoquée. « C’est inadmissible, cela aurait un impact immédiat sur les filières animales et celles des fruits et légumes, sans oublier les productions emblématiques, telles que l’ylang-ylang et la vanille », énumère-t-il pour appuyer ses propos. Une coup de poignard qui endommagerait tout simplement « la dynamique d’autonomie alimentaire » ainsi que « le modèle familial mahorais ». « Il faut préserver les efforts réalisés par nos producteurs » qui se plient en quatre « pour tenir les objectifs agroécologiques ».
Soutien du gouvernement français
Cette menace budgétaire, Stéphane Bijoux veut lui tordre le cou. Pour cela, l’élu rappelle les droits et les devoirs de l’institution à l’encontre de ces terres lointaines. En ligne de mire : l’article 349 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, qui contribue à l’application du cadre dérogatoire au service d’un projet global de développement des RUP. « Il existe dans l’ADN de l’UE des territoires éloignés et fragiles qui doivent être accompagnés. Les Outre-mer sont une chance pour l’Europe ! », défend-il. « Le POSEI est l’opportunité de consolider [cette] relation de confiance », qui est « le socle d’un échange gagnant-gagnant ».
Et pour mener à bien son combat, l’eurodéputé peut compter sur l’appui du gouvernement français. « Les ministres de l’Agriculture, des Affaires européennes et des Outre-mer ont écrit [en début de semaine] à la commission pour dire que c’était hors de question. » Auquel s’ajoute la prise de position claire en juillet dernier du président de la République, Emmanuel Macron, qui a obtenu la hausse du budget français de la politique agricole commune et l’augmentation des enveloppes de la politique régionale pour les régions ultrapériphériques. « C’est un engagement politique puissant en soutien aux agriculteurs et éleveurs ultramarins. C’est un élément extrêmement important, surtout que nous sommes dans la dernière ligne droite des négociations », prévient Stéphane Bijoux. Pas de doute, le Réunionnais ne risque pas de baisser sa garde avant le vote en session plénière de la réforme de la PAC qui doit intervenir dans deux semaines. Idem pour son homologue Younous Omarjee, président de la commission du développement régional au Parlement européen, lui aussi monté au créneau pour défendre les intérêts des Outre-mer. « C’est ce qui anime notre bataille. »
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