En partenariat avec l’entreprise Enzo Recyclage, la Communauté de Communes de Petite-Terre lance l’opération « Bassi ulatsa ma gari ya ola » (« Arrêtons de jeter les voitures pourries »). L’objectif : éradiquer les carcasses de voitures dans la commune. Une action doublée d’une campagne de communication pour endiguer ce phénomène sur le long terme.
« La carcasse est rangée dans mon jardin. Je l’ai mise à l’écart des gosses qui jouaient dessus ». Dans le village de Labattoir, en Petite-Terre, un homme pointe du doigt une Renault Mégane qui n’est pas près de rouler à nouveau. Derrière lui : Soufou François, employé de l’entreprise Enzo Recyclage. Avec son collègue, il ceinture le toit du véhicule au moyen d’une chaine, non sans avoir au préalable brisé les vitres d’un coup sec. « On rigole pas ici », lâche-t-il sur le ton de la plaisanterie, des éclats de verre encore coincés dans ses vêtements. Quelques coups de levier plus tard, la Mégane s’envole sur la remorque d’Enzo Recyclage. Direction le garage d’un particulier, où le véhicule sera stocké avec d’autres carcasses, le temps qu’un 26 tonnes les transporte au siège d’Enzo Recyclage à Kawéni. Au final, ces carcasses seront compactées et envoyées en métropole, où elles pourront bénéficier d’une nouvelle vie.
« Arrêtons de jeter les voitures pourries »
« Cette opération elle fait partie d’un plan global consacré à la gestion des déchets de Petite-Terre, qui définit les grandes orientations jusqu’à 2020 », introduit Anissa Aboudou, directrice de l’Environnement et de la Biodiversité au sein de la Communauté de Communes de Petite-Terre. « Dans le cadre de notre objectif de réduction des déchets de 10%, nous avons lancé l’opération « Bassi ulatsa ma gari ya ola » pour endiguer un phénomène qui dure depuis trop longtemps dans la commune », poursuit-elle. Montant total de l’opération : 35 000 euros. Un prix qui comprend une campagne de communication de 2500 euros, ainsi qu’un tarif moyen de 100 euros par carcasse de voiture, variable selon leur taille. Au terme de ce mois de juillet, une centaines de carcasses de voitures devraient ainsi être rayées de la carte, à raison de six en moyenne par jour.
Malgré le succès de l’opération, celle-ci se heurte à des effets pervers. »Nous avons reçu plusieurs appels de particuliers souhaitant se débarrasser des carcasses qu’ils entreposaient chez eux. J’ai du rappeler qu’il ne s’agissait pas d’une opération vide-grenier mais du désenclavement de la voie publique », déplore Anissa Aboudou. Grâce à la campagne de communication, les autorités espèrent désormais que les particuliers ne céderont plus aux mauvaises habitudes. « Pour se débarrasser d’un véhicule, il faut contacter Enzo Recyclage au 02 69 63 78 68. L’entreprise se déplace gratuitement en Grande-Terre, mais il faut débourser 100 euros pour qu’elle le fasse en Petite-Terre ». Une somme non-négligeable, mais qui reste pourtant faible face à celle de l’amende prévue pour les particuliers abandonnant leur véhicule sur la voie publique. Pour rappel, la peine encourue pour ces faits est de 2 ans de prison et 65 000 euros d’amende minimum. À noter que si la priorité actuelle des autorités est de débarrasser la voie publique des carcasses de voitures identifiées au préalable, les moyens seront aussi renforcés à l’avenir pour s’attaquer aux futures voitures abandonnées.
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