« Mais où sont nos élus ? » La question se pose souvent au sein de la population. Il faut dire que face à toutes les problématiques que rencontre Mayotte, bien peu nombreux sont ceux qui semblent se mobiliser et vouloir prendre les dossiers à bras le corps. Alors, désintérêt, paresse, travail à l’abri des regards, manque de pouvoir sur le développement local, ou manque de moyens pour mettre en place une véritable évolution de l’île ? Éléments de réponse avec quelques-uns d’entre eux.
« Le problème de Mayotte, ce sont ses élus » : cette phrase si souvent entendue traduit, plus qu’ailleurs encore, l’apparent désamour qui existe entre la population d’un côté, et ses élus de l’autre. Il faut dire que sur un territoire en plein développement, les priorités sont nombreuses, les urgences aussi, et les attentes, de fait, sont énormes.
Un exemple ? On s’en souvient encore : aux débuts de la crise sociale traversée par Mayotte en début d’année, nombreux étaient ceux à regretter que les élus ne s’expriment ou ne se positionnent dès le début du mouvement. Pis : il aura fallu attendre que la grogne dégénère en blocage permanent pour que quelques-uns d’entre eux entrent en scène et jouent un rôle d’un côté ou de l’autre de la barrière. « Mais où sont donc nos élus », se demandaient alors beaucoup de Mahorais, constatant que les revendications sociétales d’alors n’étaient portées que par les collectifs de citoyens et les syndicats. Un exemple parmi d’autres des reproches qui, souvent, sont faits aux élus du territoire, accusés au choix de palabrer, de toucher des indemnités et de se montrer, au lieu d’œuvrer au développement d’un territoire où l’urgence et les priorités règnent en maître. Mais est-ce légitime ? La conclusion du « tous pourris » est-elle si évidente que cela ?
Il y a quelques mois, le député Mansour Kamardine était un des premiers à prendre position dans le mouvement social de lutte contre l’insécurité qui allait, durant sept semaines, paralyser la vie de l’île. Il remarque les reproches récurrents faits aux élus, notamment lors des mouvements sociaux et manifestations qui ponctuent régulièrement le développement du 101ème département. « Il y a depuis toujours, et cela sera toujours le cas, une relation singulière entre l’élu et l’opinion, remarque-t-il. On veut son élu sans le vouloir. Quand il n’est pas là, on crie au scandale, et quand il est là, on lui reproche de capter une manifestation, de faire de la récupération politique. »
Une sorte de bipolarité populaire classique doublée, selon le parlementaire, d’un manque de sensibilisation aux enjeux d’une grève. « Mayotte n’a pas encore de véritable culture de la manifestation, poursuit-il. Tout peut dérailler pour un point ou pour un autre. Il y a des gens qui décident d’organiser une manifestation sans solliciter l’avis des élus. C’est une liberté tout à normale en République, mais il ne faut pas ensuite reprocher à ces mêmes élus de ne pas participer au mouvement alors qu’ils n’ont ni été sollicités ni tenus au courant. »
Un manque de connaissance du rôle de l’élu ?
Un manque de connaissance des tenants et des aboutissants qui se retrouverait également dans le rôle même attendu d’un élu, selon Mansour Kamardine. Le député continue : « Nous [la population de Mayotte] n’avons pas encore non plus une bonne connaissance du fonctionnement des institutions de la République. Prenons l’exemple de la grève chez Total ou de celle chez Colas. Il s’agit là de grèves organisées par des syndicats au sein d’entreprises privées, même si Total a une mission de service public. Il est difficile d’imaginer qu’un élu intervienne dans une entreprise pour lui dire ce qu’elle doit faire ou pas en son sein. Oui, nous sommes en droit d’exiger de Total, par exemple, le fonctionnement normal d’un service pour la population, mais nous n’avons pas à demander une augmentation pour les salariés. Ce sont deux champs d’intervention différents, et [la population] n’a pas toujours le recul nécessaire pour les dissocier. Cela donne ainsi la sensation que les élus sont absents, alors que nombre d’entre eux participent à la vie de la cité quand ils le peuvent, c’est-à-dire quand cela relève de leur domaine d’intervention. » Un autre exemple ? « Lorsque des femmes tentent d’aller bloquer le Conseil départemental pour protester contre le refus de l’Union des Comores de récupérer ses ressortissants renvoyés à la frontière. Cette institution n’a aucune compétence en la matière, aucune compétence pour ouvrir ou fermer le service des étrangers de la préfecture ou pour délivrer ou non des visas. Tenter de bloquer le Département, c’est le désigner coupable alors que l’immigration clandestine n’est pas dans son champ d’action. »
« La grève d’avril 2018 m’a marquée, beaucoup d’efforts mobilisés de la part de la population pendant plus d’un mois. Beaucoup de promesses des politiques aussi, mais toujours rien. La politique à Mayotte n’est que manipulation, beaucoup de paroles qui ne font pas avancer l’île. Le conseil que je peu donner aux élus et à l’État, c’est de mener des actions simples et efficaces auxquelles le mahorais pourra s’identifier. »
Abou le blanc, 40 ans
La structure même de la Cinquième République en rajouterait à une opacité très présente à Mayotte en ce qui concerne le rôle de l’élu parlementaire qu’il est : « Elle a voulu que la force appartienne à l’exécutif, et non à l’élu. Celui-ci a le ministère de la parole, de l’explication, du compte rendu à la population, mais pas celui de la décision. » C’est ce qui ne serait pas toujours compris ici, « mais il faut accepter les critiques en laissant le temps à chacun. Avec lui, les perceptions s’affineront et chacun fera peu à peu la part des responsabilités. »
Même constat pour le sénateur Thani Mohamed Soilihi. « Contrairement à ce que certains peuvent penser, les élus ne peuvent pas tout faire. » Il relève également des spécificités sociétales expliquant la responsabilité systématiquement rejetée sur les élus du territoire. « Il y a à Mayotte un cocktail explosif. Dans cette société orale ou règnent parfois les fake-news, le populisme et la manipulation, les citoyens accusent facilement les dirigeants d’incompétence. Mis bout à bout avec le désamour général des Français envers leurs élus, on en arrive là », déplore-t-il.
« La départementalisation de Mayotte s’est faite sans aucune préparation et explication des conditions à remplir pour être un département français. Je n’ai pas aimé la manière brusque de ce référendum de 2009. La population doit faire bouger les élus, car c’est elle qui les ont élus. »
Moina, 30 ans
« Ce qui est fait sans vous est fait contre vous »
Pour Issa Issa Abdou, quatrième vice-président du Conseil départemental en charge de l’Action sociale, de la Solidarité et de la Santé, le constat est également dur. « Il y a des élus dévoués au territoire et qui travaillent beaucoup pour lui. Ils ne sont pas des personnes qui ne sont là que pour prendre leurs indemnités », répond-il en citant son propre exemple d’élu du Département, de président du conseil de surveillance du CHM, et de membre du conseil d’administration de la Société immobilière de Mayotte (Sim), qui « ne perçoit que ses indemnités d’élus du Conseil départemental. » Et de poursuivre : « Comme d’autres élus, je me lève chaque jour à quatre heures du matin et je rentre tard chaque soir à mon domicile par engagement. L’idée selon laquelle les élus ne sont pas à la tâche est erronée. Cette perception des gens n’est pas justifiée. »
Pour autant, le vice-président n’exclut pas la responsabilité des responsables politiques dans ce ressenti. En cause ? Un manque de communication qui rendrait opaque l’action des élus locaux : « Nous ne sommes sans doute pas bons sur ce point, il faut le dire. Nous ne communiquons pas assez vraisemblablement, alors que le savoir-faire est aussi important que le « faire savoir ». » Une vitrine pour l’action publique telle que des réunions publiques d’information ou des comptes rendus de mandat réguliers permettraient donc de limiter ce sentiment d’inactivité ? « Oui, mais aussi en trouvant une façon de mieux inclure la population dans les décisions prises, car les gens pensent que ce qui est fait sans eux est fait contre eux. C’est classique. La démocratie participative est à inventer. » Cette démarche inclusive est une des volontés de l’actuel président du Conseil départemental, Soibahadine Ibrahim Ramadani, qui défend un toilettage institutionnel de la collectivité : « Une nécessité pour ne pas être déconnecté de la population, soutient son vice-président. Avec cette réforme, il serait possible d’organiser des mini-référendums pour connaître précisément la volonté des habitants sur telle ou telle question, par exemple. »
« Face à l’immobilisme des élus, le peuple reprend le pouvoir par l’intermédiaire des collectifs et des associations. C’est pour le bien-être de Mayotte. Les élus manquent d’anticipation, ils doivent se bouger. Ils ne sont pas capables d’assumer leurs responsabilités par manque de compétences, ou parce qu’ils ne mesurent pas l’ampleur du travail qu’ils ont à faire. »
Sarah, 50 ans
Zaïdou Bamana, journaliste et écrivain, auteur notamment d’ouvrages sur l’histoire politique de Mayotte, regrette lui aussi la généralisation parfois faite au sujet de l’incompétence des élus. « Certains sont manifestement déconnectés et incapables de manager des équipes et de mettre en place des projets concrets et réalisables, c’est vrai. Mais d’autres sont très actifs et compétents. Dire que tous nos élus sont mauvais, c’est faire une généralité peu objective. » D’autant qu’élus des collectivités ou parlementaires, les responsabilités ne sont pas les mêmes. Et, en termes de gestion et de réalisation, ce sont les collectivités qui sont souvent pointées du doigt. C’est vrai notamment pour le Conseil départemental, régulièrement accusé d’être inactif. Un problème de gestion qui tiendrait également à une dichotomie entre son statut de département et son champ d’action réel, selon l’observateur. « À l’heure actuelle, sa compétence emblématique est celle du social, détaille Zaïdou Bamana, mais il en a d’autres. Le problème est que le Conseil départemental n’est pas assez mûr institutionnellement pour les assurer. Cela renforce son incapacité à mener des projets à bien. Pour cela, il faut des hommes qualifiés, mais aussi des institutions bien établies. Or, ce n’est pas le cas, notre Conseil départemental demeure comme le Conseil général de l’époque. Tant qu’il n’aura pas intégré pleinement les compétences qui font de Mayotte un département et une région, il connaîtra des problèmes de fonctionnement. D’où la nécessité d’achever ce que certains appellent le « toilettage institutionnel. » Sinon, nous resterons dans un contexte d’instabilité institutionnelle qui ne permet pas de mettre en œuvre le travail du Département. Dans les textes sur la départementalisation, les compétences sont réparties entre l’État et le département. Ce n’est pas encore le cas ici, faute à un statut encore en devenir. »
Des compétences, mais un manque de moyens
Et puis demeure la vaste question des moyens. Sur ce point, les avis convergent. Zaïdou Bamana poursuit : « En 2004, dans le cadre de la décentralisation, il y a eu transfert de compétences du préfet vers le président du Conseil général. Il aurait dû s’accompagner d’un transfert de moyens, mais ce ne fût pas le cas. Quand c’est ainsi, une collectivité se retrouve forcément en difficulté. Aujourd’hui, le Conseil départemental assume des compétences sans disposer des ressources pour. C’est alors très facile d’accuser les élus d’être mauvais si l’État ne met pas les moyens nécessaires. «
« Les politiques de Mayotte et les syndicalistes sont les premiers responsables de tous nos maux, ils nous manipulent pour arriver à leurs fins. Les élus de Mayotte savent pourquoi ils ne bougent pas, ils pensent beaucoup à leurs intérêts personnels. Je trouve regrettable que le Président Emmanuel Macron ne vienne pas à Mayotte nous dire franchement qu’il est avec nous, sa venue aurait rassuré les Mahorais. »
Maï, 35 ans
Cette question du financement est cruciale au point d’avoir fait l’objet d’un rapport de la délégation sénatoriale à l’outre-mer, à laquelle participe le sénateur Thani. Plus que de moyens donnés par l’État aux collectivités, il y s’agissait d’accès aux fonds nationaux et européens, un des leviers pour financer des infrastructures et projets. De quoi rendre visible l’action des élus sur le territoire. Conclusion : cet accès doit être facilité. « La difficulté pour bénéficier des ces fonds est réel, commente le parlementaire. On continue de construire notre île, en se rendant compte que par rapport aux besoins, l’ingénierie doit être complétée pour y accéder. Dans cette configuration, soit l’État et l’Europe nous fournissent leur concours, soit les normes pour avoir ces fonds doivent être simplifiées. » Au final, la problématique demeure : Mayotte et ses collectivités peinent à jouir de ces sources de financement qui permettraient de rendre visible l’action des élus.
Cette question d’accès aux fonds, en particulier les fonds européens, Issa Issa Abdou la soulève aussi. Selon lui, elle explique en partie que les élus passent pour inactifs aux yeux des citoyens. « L’autorité de gestion des fonds européens est gérée par l’État. C’est lui qui décide. Or, ses priorités ne sont pas les mêmes que celles des élus locaux, qui connaissent les besoins du territoire et les attentes de la population. » Quelles sont-elles ? « L’amélioration des conditions de circulation, la piste longue, des réalisations concrètes. Les résultats de la consultation des Assises de l’Outre-mer le montrent d’ailleurs très bien. » Et, prenant un exemple : « La préservation des abeilles sur le mont-Choungi, c’est très bien, mais ce n’est pas pour l’heure ce qu’attend la population. »
« Les élus ne se bougent pas en ce moment, car ils n’ont rien à gagner. Nous les reverrons dès qu’une opportunité politique se présentera ».
Adidja, 32 ans
C’est donc faute de moyens que bien peu d’infrastructures visibles par tous sortiraient de terre, laissant penser que nos élus sont endormis. « Regardez l’exemple de La Réunion, conclut le vice-président : elle a la main sur ces fonds, et construit la route du Littoral. Nous nous battons pour y avoir accès nous-mêmes, et lorsque ça sera le cas, alors il y a aura des actions. »
D’un État trop présent à un État pas assez présent…
Il n’en demeure pas moins qu’au-delà du manque de moyens accordés aux collectivités locales pour mettre en place des projets nécessaires à la population et ainsi rendre visible l’action des élus, la gestion des communes, du Département et d’autres établissements publics locaux révèle nombre de dysfonctionnements. Des abus régulièrement épinglés par la Cour des comptes (CDC). Systématiquement aux sommaires de ses rapports : des embauches trop nombreuses, des fonds mal employés, ou un manque de contrôle dans leur attribution. De quoi douter sérieusement de la compétence de nos décideurs politiques, mais aussi parfois de leur intégrité. C’est un des combats du sénateur Thani. « On peut penser ce que l’on veut, mais il est difficile de taxer les rapports de la CDC de partialité, reconnaît-il. Ses constats sont justes. Mais là où le commun des citoyens attend que des suites soient données à ces erreurs de gestion, il n’y a rien de contraignant. Par ailleurs, il faut rappeler que l’on s’arrête souvent sur les conclusions de la CDC, alors que ses publications font aussi connaître des pistes d’amélioration, tout comme le pourquoi du comment de cette mauvaise gestion. »
Pour Mansour Kamardine, si ces mauvaises gestions sont réelles, il faut toutefois savoir faire la différence entre la responsabilité de l’élu, et celle de son administration. Il le concède : « Il y a des erreurs, c’est vrai, et elles coûtent parfois chères en argent public, mais là encore Mayotte a besoin de temps pour s’éveiller. Dans une collectivité, quelle qu’elle soit, il y a deux parties : le volet politique, avec le président et le cabinet, et le volet administratif avec le directeur général des services (DGS) et ses services. Il est vrai que l’opinion ne fait pas toujours ce distinguo, pourtant bien défini dans le Code des collectivités. » L’exemple le plus récent est celui du supplément familial de traitement, dont le versement à des agents de trois fonctions publiques locales s’est révélé abusif, faute de contrôles rigoureux (voir Mayotte Hebdo n°856). Des indus coûteux qui font que Mayotte a consommé 19 % de ce fonds national auquel cotisent 16 000 collectivités, alors qu’elle ne représente que 0,2 % des structures bénéficiaires. » Vous pensez vraiment que le président du Conseil départemental ou d’une autre collectivité sait qu’untel n’a pas cinq enfants, mais qu’un seul? Non, il l’a appris comme tout le monde. Il y a des dysfonctionnements, il en est responsable et doit les faire corriger, mais n’est pas à l’origine du problème. On lui mettra la faute sur lui, mais factuellement, il ne peut pas être au courant de tout », défend le parlementaire.
« Il faut que nous prenions conscience que pour occuper des fonctions politiques, il faut avoir les compétences, avoir la tête sur les épaules et avoir un réel sens des responsabilités. Si certains de nos élus ne sont pas à la hauteur, ils doivent se retirer et laisser la place à ceux qui sont capables et ont l’envie de faire avancer Mayotte. Les pots-de-vin et les intérêts personnels ont pris le dessus sur les politiciens mahorais. »
Anamika, 24 ans
Un argument qui en rejoint un autre, mis en avant par Zaïdou Bamana. Les déficiences mises sur le dos des élus seraient en partie dues à un manque de formation au sein des collectivités. En somme, comment attendre d’élus et de cadres gérant les collectivités qui, pour certains, ont un manque de connaissance de leur fonction, une gestion saine et pertinente ? D’autant que les transferts de compétence l’accompagnant n’ont pas été suivis d’un travail de formation. Un manque qui conduirait aujourd’hui, de fait, à des erreurs récurrentes. « Il était pourtant acté, au moment de la départementalisation, un plan de formation des cadres mahorais, rappelle l’écrivain. Mais il a été abandonné. Près de 1 000 Mahorais devaient être formés pour accompagner le développement social et économique du territoire. Il faut donc aujourd’hui relancer ce plan, car il est impossible de gérer une institution correctement s’il n’y a pas de cadres formés pour. » Ce plan de formation, d’autres en bénéficient pourtant : « La Nouvelle-Calédonie, qui envisage une sortie de la République, dispose d’un tel plan. Et Mayotte, qui a tout fait pour y rester, elle, n’en a pas. » Las.
« C’est maintenant que nous allons voir quels sont les bons et les mauvais élus »
« Le Département est âgé une dizaine d’années seulement, rappelle également l’écrivain. Comment peut-on faire autant que ceux des Antilles ou que La Réunion alors que cela fait 70 ans qu’ils ont accédé à ce statut ? (…) Depuis 1841, cette île a connu 10 ou 20 années de développement avec l’État au tout début de la présence française, puis un siècle sans rien, jusqu’à 1976 où son développement a pu vraiment commencer. »
Une situation qui serait en voie de changement. Avec des comptes épurés, et une gestion améliorée, d’autres sources de financement sont désormais disponibles pour faire émerger des projets. L’agence française de développement (AFD), signe ainsi régulièrement des conventions avec certaines communes à la gestion rigoureuse pour leur permettre de répondre aux besoins. Sada pour sa mini déchetterie expérimentale, Kani-Kéli pour des infrastructures durables, Acoua pour divers investissements, ou encore Dembéni. Des projets apparaissent, rendant ainsi visible l’action du monde politique local. « La ministre des Outre-mer, Annick Girardin, disait qu’il n’y avait pas de projets à Mayotte, mais on se rend désormais compte que si. Il y a des projets, et ils se réalisent lorsqu’ils trouvent les financements », se réjouit Zaïdou Bamana, avant de conclure « C’est maintenant qu’on va pouvoir distinguer les bons des mauvais élus. »
En attendant des résultats concrets, tous prônent la pédagogie. Soit en incluant plus la population dans les processus de décisions, soit en communiquant plus sur les actions menées. Et Mansour Kamardine de conclure, relativisant la rupture entre le citoyen et son représentant politique : « En pleine crise, au mois de mars et avril, il y a eu une élection partielle. Les Mahorais se sont malgré tout déplacés en masse dans des conditions difficiles. Je n’ai alors pas ressenti de désamour, mais un grand amour, au contraire. » Et surtout de fortes attentes.
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