« On marche bien quand on ne va pas trop vite » pourrait être la devise de Ridjali Mohamadi Lihadi. Des kilomètres, l’homme en a parcourus dans sa vie. À 54 ans, il ne s’arrête toujours pas. C’est d’ailleurs sur le bord d’une ruelle de Tsingoni que nous le croisons. La marche et lui, c’est une longue histoire d’amour qui a commencé alors qu’il était encore un tout petit garçon.
« Quand j’étais jeune, je voyageais beaucoup. Ma jeunesse s’est déroulée entre Tsingoni, Bandrélé et M’Bouanatsa. J’avais de la famille dans le Sud et j’allais souvent leur rendre visite. Parfois, je devais fuir : quand on voulait me frapper à M’Bouanatsa, je me réfugiais à Tsingoni et vice-versa (rires). Je parle de voyage parce que pour nous, c’était vraiment cela. Cela nous prenait toute la journée avant d’arriver à Bandrélé. On partait très tôt pour arriver vers 17h. On mettait 4 heures entre Bandrélé et M’Bouanatsa. Nous n’avions pas de voiture dans les années 70. J’avais 8 ans quand j’ai commencé à faire ces trajets à pied. Je partais avec mon grand-père, le père de ma mère. Il s’appelait Nassur Hafidhou. C’est lui qui m’a indiqué le chemin, au début. Vers l’âge de 13 ans, j’y allais seul. Je courais parfois. Cela me prenait une demi-journée. Il n’y avait pas de routes, c’était vert de partout. La forêt primaire dominait le paysage. Il n’y avait pas constructions. Les villages n’avaient pas du tout la même configuration, à l’époque.
On marchait sans s’arrêter, mais parfois lorsque nous arrivions vers Hagnoundrou et que la météo était clémente, nous traversions la baie en pirogue. Il y avait des privilégiés qui faisaient ces longs trajets en pirogue, au lieu de marcher. C’était comme un grand bus. Moi, je marchais, j’avais pris cette habitude très jeune. C’est la raison pour laquelle j’ai gardé la ligne, aujourd’hui encore (rires). Maintenant, la vie est plus simple sur de nombreux points. Par exemple, tout le monde possède une voiture. Cela ne m’empêche pas de continuer de marcher.«
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