Après une soirée festive place de la République à l’occasion du Fescuma (festival culturel de Mamoudzou), des émeutes ont éclaté dans les rues du centre ville, générant plusieurs dégâts matériels et une interpellation. Un phénomène regrettable au vu du succès rencontré par le véritable événement de la soirée : la venue du rappeur Naza dans l’île aux parfums.
La fête n’aurait pu être plus intense. Sur la place de la République, plus d’un millier de festivaliers se sont réunis samedi soir dans une ambiance électrique. Si dans la foule les visages sont majoritairement juvéniles, beaucoup sont venus en famille pour profiter d’une programmation des plus appréciables. Dès 21h, M’toro Chamou enflamme la scène du Fescuma devant un public déjà tout acquis à son répertoire. Après les prestations de Rekman Seller et de Goulam, c’est au tour de la tête d’affiche de faire son entrée. Le célèbre » rappeur au cartable » Naza, et son single « MMM » aux 47 millions de vues.
« Mouiller le Maillot et Mailler »
Dans un tonnerre de cris et d’applaudissement, l’artiste enchaîne les classiques face à une foule déchaînée. » Moi Je vérifie », « La danse du matin », « Mignon garçon »… Autant de classiques qui cumulent plusieurs millions de vues sur Youtube. Entre les spectateurs focalisés sur le rythme, les forces de l’ordre circulent en uniforme comme en civil. Si aucun débordement majeur n’est pour l’heure constaté, policiers et agents de sécurité veillent au grain. Un dispositif de sécurité impressionnant quadrille la place pour s’étendre aux rues alentours. La présence massive des forces de l’ordre, équipées d’armes anti-émeute, se veut surtout dissuasive.
Mais pour l’heure, l’ambiance est plus dansante que violente. À tel point que même l’adjoint au maire, Sidi Nadjayedine, se prête au jeu. « On va faire un dernier refrain pour montrer à l’adjoint de quoi vous êtes capables. Faites un maximum de bruit, c’est grâce à lui si on est là », lance Naza à la foule. Le temps de quelques mesures où les spectateurs comme l’officiel dansent à l’envi, l’heure est maintenant aux adieux. « Mamoudzou, vous êtes beaucoup trop chauds », remercie l’artiste. Une prestation dont beaucoup déplorent la brièveté. Cela s’expliquant notamment en raison du modeste répertoire de Naza, ses principaux tubes étant bien souvent le fruit de featurings* réalisés avec d’autres artistes, absents ce samedi soir.
Ambiance lacrymo
Dès la fin du show, les spectateurs s’empressent de quitter la place de la République dans un mouvement de foule massif. D’emblée, de vastes groupes de jeunes se forment avant de courir en direction de la place de la Mairie. Ce qui provoque la crainte de nombreux individus apeurés par la scène. Résultat : tout le monde court, bien souvent par mimétisme. Une confusion générale qui ajoute une tension inutile à cette atmosphère déjà bien agitée.
Quelques minutes après la fin du concert, l’air est ainsi déjà chargé en gaz lacrymogène sur la place de la mairie. En cause : « Des groupes de jeunes, notamment de M’gombani et de Cavani ont profité des mouvements de foule pour s’affronter. Nous avons donc utilisé des grenades lacrymogènes afin de les disperser. De nombreux spectateurs rentrant à pied, il était important de dégager la chaussée pour éviter qu’ils ne se retrouvent pris entre bandes rivales », rembobine le capitaine Stéphane Cosseron, de la Direction Départementale de la Sécurité Publique (DDSP). Dans la rue du commerce, principal théâtre des violences de la soirée, quelques vitres de voitures portent encore les stigmates de l’événement. « Il s’agit principalement de dommages collatéraux causés par des tirs de pierres. Les jeunes s’abritant bien souvent derrière des voitures pour ne pas être atteints », explique le capitaine. Au total près d’une dizaine de plaintes liées à des dégradations ont été déposées, et une quarantaine de grenades lacrymogènes tirées. « Les jeunes se sont surtout attaqués entre eux. Ces violences ne visaient pas spécifiquement les forces de l’ordre ou les passants », insiste Stéphane Cosseron. À noter qu’une vitre d’un véhicule de police a été détruite durant la soirée.
Ne pas gâcher la fête
Pour les organisateurs, les forces de l’ordre, comme les spectateurs, pas question de gâcher l’esprit jovial de la soirée en raison de quelques débordements. » Vu le nombre de personnes présentes et le fait que la plupart rentraient à pied, il n’est pas surprenant d’avoir à faire des éléments incontrôlables. Mais dans les faits, il n’y a eu ni blessés ni de vols massifs », nuance le capitaine Cosseron. Au terme de la soirée, seul un seul individu sera interpellé. Bien que ces violences soient regrettables, la joie du public face à un événement aussi fédérateur reste ainsi le souvenir le plus solide dans la mémoire des festivaliers.
*Le terme featuring désigne le fait, pour un artiste, de figurer en invité sur l’album ou au concert d’un autre.
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