La charia est appliquée à Mayotte.
Faux
La charia n’est pas appliquée à Mayotte. En parallèle des lois de la République, la “législation locale musulmane” à destination uniquement des musulmans est édictée et appliquée par des juges religieux (les cadis) qui ordonnent les lois coraniques et non la charia. La religion musulmane, implantée à Mayotte depuis le XVème siècle, occupe une place majeure dans l’organisation de la société. 97,1 % des Mahorais sont d’obédience musulmane et de rite sunnite.
Des femmes des pays limitrophes viennent accoucher à Mayotte afin que leurs enfants bénéficient du droit du sol et obtiennent la nationalité française.
Vrai
La situation économique et sociale aux Comores étant critique, de nombreux comoriens estiment n’avoir d’autre choix que de prendre le kwassa pour se rendre à Mayotte. 9000 naissances ont été enregistrées dans le 101ème département en 2015 selon le centre hospitalier de Mayotte (CHM) soit près de 25 naissances par jour. Entre 10 000 et 10 500 naissances sont prévues en 2016. Dans l’île au lagon, sept naissances sur dix sont issues de familles comoriennes.
À Mayotte, le Smic (salaire minimum de croissance) est au même niveau que la métropole depuis le 1er janvier 2016.
Vrai et faux
Comme le rappelle le Bondy Blog dans un article paru le jeudi 14 avril 2016, depuis le 1er janvier 2016, le Smic à Mayotte s’élève à 1141,30 euros mensuels net. En France, il est quasiment du même montant : 1141, 61 euros. Sauf que… En France, le Smic est calculé sur la base de 35 heures par semaine. Or, à Mayotte, le Smic est calculé sur la base de 39 heures hebdomadaires. À Mayotte, le Smic brut horaire revient donc à 7,30 euros contre 9,67 euros en France métropolitaine. Car à Mayotte, la durée légale du travail est de 39 heures contre 35 heures ici. On est donc encore loin d’une situation à égalité entre la France, Dom Tom compris, et Mayotte.
Il existe une réelle inégalité entre le versement du RSA en métropole et sur l’île.
Vrai
Toujours selon le Bondy Blog, depuis la mise en place du RSA à Mayotte, les bénéficiaires du RSA du département bénéficient chaque fin d’année, comme partout en France, du versement d’une aide exceptionnelle, dite prime de Noël. Depuis 2012, son montant est inchangé : 38,11 euros pour une personne seule sans enfant, majorée pour les familles. Même pour cette aide, il y a inégalité : en France, DOM – TOM compris, le montant de cette aide est de 152,45 euros pour une personne seule sans enfant, soit 4 fois plus que le montant versé aux Mahorais.
Le département de Mayotte n’est pas la France, il aurait dû acquérir son indépendance.
Faux
Notons que Mayotte est un territoire français depuis 25 avril 1841. Donc avant Nice et la Savoie. En 1860, aux termes du Traité de Turin, la Savoie (c’est-à-dire les deux départements actuels) rejoint la France, avec le comté de Nice. Elle fait partie des derniers territoires rattachés au sol national.
Les Mahorais sont polygames.
Vrai (en partie)
Certains Mahorais pratiquent encore la polygamie, mais la loi française interdit l’union d’une personne avec plus d’un individu. L’Islam n’interdit pas aux hommes d’avoir plusieurs femmes. Donc, si un homme peut avoir plusieurs femmes dans les faits à Mayotte, au niveau administratif, à la mairie, il ne peut se marier qu’à une seule femme. Selon le Code civil, un mariage polygame ne peut être contracté en France. Il est impossible de se marier ou de se pacser avec plusieurs partenaires. Toutefois, il peut y avoir situation de polygamie hors mariage ou union civile (polygynie, polyandrie) ou lié à de récents types de concubinages (polyamour, tryade, couple libre, amour libre…).
Il y a une “chasse aux blancs” à Mayotte.
Faux
Il ne faut pas faire d’amalgames. Les derniers faits divers (le père de famille poignardé à Kawéni le 15 avril dernier, entre autres) ont été associés à un crime raciste par certains internautes mal intentionnés relayant un article du célèbre site d’extrême droite, fdesouche.com datant du 27 mars 2008. En effet, il y a 8 ans des ressortissants comoriens ont manifesté dans la rue pour exprimer leur colère après que la France ait décidé d’exfiltrer et d’accueillir Mohamed Bacar le chef d’État autoproclamé d’Anjouan qui fuyait les Comores suite au débarquement de l’armée Comorienne épaulée par l’OUA (l’Organisation de l’Unité Africaine). Lors de cette manifestation, des participants ont provoqué de violentes émeutes ce jour-là en s’en prenant à des métropolitains. Ces débordements ont été assimilés par certains à une “chasse aux blancs”.
Mayotte est l’un des départements qui coûtent le plus cher à la France.
Faux
L’article de Bondy blog rappelle une fois de plus que l’effort budgétaire de l’État par habitant est de 3964 euros par habitant à Mayotte contre 5331 euros par habitant à l’île de la Réunion par exemple. De plus, la dotation globale de fonctionnement (DGF) ne représente que 136 euros par habitant pour Mayotte contre 446 euros par habitant pour La Réunion ou 410 euros par habitant pour la Martinique.
Les Mahorais sont des assistés et des profiteurs.
Faux
Le taux de chômage à Mayotte s’élève à 23,6 % (même si beaucoup estime qu’il est ici sous-évalué) contre 10 % en France métropolitaine (Insee) et 28,6 % à la Réunion. Quant à l’indemnisation chômage, voici ce qu’indique l’Unedic sur son site consacré à Mayotte comme le réitère l’article de la journaliste Nassira El Moaddem : “La convention du 24 mars 2016 entre en vigueur à compter du 1er mai 2016 pour une durée de 3 ans. Elle poursuit l’adaptation des règles d’indemnisation spécifiques à Mayotte afin de les rapprocher du régime général applicable dans les autres départements”. C’est donc un accord spécifique qui régit l’indemnisation chômage à Mayotte, et non l’accord interprofessionnel du 22 mars 2014 introduisant une nouvelle convention Unedic en France. Autre exemple flagrant de la différence de traitement dont souffre l’île aux parfums, l’AFD a attribué récemment des crédits aux outre-mer. Mayotte n’est pas la mieux lotie. La Réunion a perçu le plus de financements (392 millions d’euros, soit 25 % de l’activité), devant la Martinique (350 millions d’euros), la Guadeloupe/Saint-Martin/Saint- Barthélemy (283 millions d’euros) et la Polynésie française (189 millions d’euros). Arrivent ensuite la Nouvelle-Calédonie (151 millions d’euros), la Guyane (94 millions d’euros), Les Terres australes et antarctiques françaises (50 millions d’euros). Et Mayotte ? Elle n’a perçu que 37 millions d’euros. C’est certes plus que Walliset- Futuna (22 millions d’euros) et Saint-Pierreet- Miquelon (0,1 million d’euros).
Par Marine Henquenet et Gauthier Dupraz
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