A la suite du cyclone Chido qui a dévasté Mayotte, le Conseil économique social et environnemental émet plusieurs recommandations pour aider l’archipel à se relever.
Selon l’institution “ce drame met en lumière les vulnérabilités structurelles et institutionnelles d’un territoire déjà confronté à de multiples défis. La population mahoraise, la plus pauvre de France, est particulièrement éprouvée”. Le rôle du Cesem est d’émettre des avis (saisines) et contributions (auto saisines) pour éclairer les choix des décideurs.
- La nécessité d’une “réponse immédiate pour gérer l’urgence”
Alors que la construction de l’habitat informel a rapidement repris, “la crise actuelle offre une opportunité de rompre avec des pratiques qui ont exposé des milliers de familles à des risques mortels”, estime le Cesem qui préconise des “solutions d’hébergement sécurisées à mettre en place en place très rapidement pour stopper la spirale d’un retour massif à des constructions informelles et dangereuses.”
L’hôpital de campagne installé à Cavani doit être renforcé par “le déploiement d’unités sanitaires mobiles, notamment au Nord et au Sud de Mayotte.” Une solution à maintenir jusqu’à la totale réhabilitation du Centre hospitalier de Mayotte (CHM).
Le Cesem juge également “essentielle” la remise en service rapide des réseaux de télécommunications, pour assurer une gestion efficace de la crise.
- L’importance d’une coordination centralisée
Les membres du Cesem plaident pour une coordination centralisée des différents acteurs pour maximiser l’efficacité des actions. “Un centre opérationnel unique, regroupant la préfecture, les collectivités locales, la sécurité civile et l’armée, permettrait une gestion harmonisée des efforts. Inspirée de l’expérience de Saint-Martin après l’ouragan Irma, la nomination d’un représentant spécial chargé de superviser l’ensemble des opérations pourrait éviter les chevauchements et garantir une mobilisation optimale des ressources”.
- Assurer les bases d’une reconstruction durable
Le Cesem considère que “la reconstruction doit s’appuyer sur un diagnostic complet et précis, village par village, des dégâts causés par Chido”. Suivra alors une planification rigoureuse, qui commencerait par un audit approfondi des zones les plus exposées pour mieux organiser les travaux. L’institution souhaite “prévenir à tout prix la réinstallation dans des zones inappropriées ou la reprise de constructions précaires.” Cela se ferait par une régulation stricte et une surveillance accrue des chantiers de reconstruction.
En parallèle, il faut “promouvoir des normes de construction adaptées aux risques cycloniques et sismiques, tout en facilitant l’accès à des matériaux de qualité à des coûts raisonnables.”
- Accompagner la population, les entreprises
“L’accès au prêt à taux zéro est indispensable pour faciliter les besoins de réhabilitation et de mise aux normes des habitations”, juge le Conseil. En parallèle, il demande à L’Etat d’accompagner les personnes n’ayant pas souscrit une assurance catastrophe naturelle par la mobilisation d’un fond spécial. Pour limiter les impacts économiques de la catastrophe, “il est indispensable de créer un fonds d’urgence dédié et de mettre en place une cellule de soutien aux entreprises sinistrées”, affirme-t-il également. Inspirés des dispositifs de Saint-Martin, ces mécanismes permettront d’assurer la survie et la reprise des activités économiques locales.
- Renforcer la résilience à long terme
Au-delà de la reconstruction, pour l’institution, il est impératif “d’investir dans le renforcement de la résilience du territoire. La sensibilisation et la formation des habitants aux gestes à adopter avant, pendant et après un cyclone sont des priorités, de même que la formation des équipes locales pour mieux gérer les interventions en cas de catastrophe.” L’installation d’un système d’alerte précoce moderne, basé sur des technologies comme les applications mobiles, permettrait une meilleure anticipation des événements climatiques extrêmes.
- L’impact sur la biodiversité
Le cyclone Chido est également “une catastrophe environnementale, les écosystèmes naturels de Mayotte ont été fortement impactés”, déclare le Cesem. “Il convient d’engager une grande campagne de reboisement pour reconstituer au plus vite le couvert forestier indispensable au cycle de l’eau, ainsi que la replantation à très court terme d’essences d’arbres fruitiers à court cycle de production pour répondre aux besoins alimentaires des animaux et des hommes”, souligne-t-il.
- Une mobilisation nationale et internationale
La gestion de cette crise dépasse selon le Conseil “les capacités locales et requiert une mobilisation renforcée à l’échelle nationale et internationale”. L’État doit apporter un soutien logistique financier immédiat, tandis que des partenariats internationaux pourraient fournir des ressources et expertises supplémentaires. Le Cesem estime aussi qu’il est “essentiel d’aborder les problématiques migratoires pour réduire la pression sur des infrastructures déjà fragilisées.”
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