Les Gardiens du littoral arrêtent faute de financement

En 2017, les Gardiens du littoral H.A.R avaient repris leur activité de pré-collecte des déchets dans des secteurs éloignés des services publics et notamment sur les hauteurs de Koungou, en novembre dernier. Des opérations – financées sur leurs propres fonds – qui n’ont pas pu être réitérées, faute de financements. L’association en appelle au soutien des collectivités locales.

 Afin de stopper le déversement de tonnes de détritus venant encombrer les mangroves, centre-ville, égouts et même lagon (a fortiori en cas de pluie) – quand ils ne sont pas enfouis par les habitants –, plusieurs associations comme Les Naturalistes, Mayotte nature environnement ou les Gardiens du littoral ont décidé de réagir. Ces derniers avaient lancé la pré-collecte des ordures ménagères dans le quartier de Kawéni en juillet 2017. L’idée : aller dans les zones inaccessibles aux services publics pour récupérer les ordures vouées à l’oubli.

Pendant près de cinq mois, cinq à six personnes ont ainsi été mobilisées sur le terrain pour un budget total estimé à 30.000 euros, puisé dans les fonds propres de l’association. Depuis le 26 novembre dernier, ils avaient repris cette activité de pré-collecte, cette fois-ci sur les hauteurs de Koungou, inaccessibles aux véhicules standards. La quantité d’ordures ménagères avoisinait alors les 93.000 kilos. « Nous avons investi près de 10.000 euros de fonds propres pour reprendre cette action quotidienne, [alors que] notre association vit uniquement de l’activité de ses bénévoles et de l’apport de ses partenaires« , explique la structure. Un travail qui a représenté plus de 1.500 heures de bénévolat.

Des actions continues de nettoyage, surveillance, sensibilisation, médiation et prévention auprès des citoyens qui n’ont pas eu l’effet escompté. Malgré l’apport évident de l’association dans le cadre d’une mission d’intérêt général et pour améliorer la protection du patrimoine naturel, celle-ci n’a reçu aucun soutien financier des institutions jusqu’à maintenant, et se voit donc dans « l’incapacité de poursuivre » son action. « Sa bonne réalisation nécessite des moyens indispensables : l’entretien et les réparations de notre véhicule 4×4, la location d’un camion, les frais de carburant, les équipements et les protections individuels, les outils de ramassage, la location d’un local, plus de personnes ou encore la restauration de nos équipes…« , assurent les Gardiens du littoral.

Vers une gouvernance partagée ?

Pourtant, ce service est un atout puisqu’il permet de diminuer considérablement les actes inciviques et les dépôts sauvages, coûteux pour la collectivité. Il offre également de nombreuses perspectives de tri et de valorisation. En outre, le projet de pré-collecte répond « pleinement » aux enjeux du Contrat de plan État-région 2015-2020 en termes de gestion et de valorisation des déchets (renforcer l’efficacité des systèmes de collecte et de traitement des déchets ménagers et assimilés en vue d’endiguer la pollution croissante liée aux flux de déchets, garantir la préservation du patrimoine naturel de l’île et s’inscrire dans une stratégie d’économie circulaire).

« Notre objectif a toujours été de parvenir à une gestion saine et durable de notre environnement et de nos espaces naturels en faveur de la valorisation du territoire de Mayotte. La propreté des espaces est également un élément important du vivre-ensemble, du bien-être collectif et de la cohésion sociale« , affirme l’association.

Bien « consciente » qu’avec l’arrêt de la pré-collecte, les « mauvaises habitudes » risquent de reprendre le dessus, l’association souhaiterait élaborer et mettre en œuvre un projet territorial en inscrivant leur engagement dans un système de gouvernance partagée et/ou un système participatif impliquant les différents partenaires.

Les habitants appelés à participer

Une proposition qui pourrait faire mouche auprès du Syndicat intercommunal d’élimination et de valorisation des déchets de Mayotte (Sidevam976). « Moi, personnellement, je n’ai pas de visibilité sur ce projet. Néanmoins, pour les demandes concernant les ordures ménagères, nous répondons présents, soit  financièrement, soit par l’apport du matériel et des camions. Toute initiative qui peut et pourra nettoyer le territoire mahorais est une bonne initiative« , souligne Madi Saïd, vice-président du Sidevam. Et d’ajouter qu' »il faut toutefois le faire intelligemment. L’idéal est de se mettre en collaboration avec nous et de mutualiser nos forces. J’encourage et je félicite ces initiatives mais elles ne sont pas toujours très bien organisées« .

En outre, les Gardiens du littoral appellent « chaque acteur » à contribuer à ces actions sociales et environnementales. Pour les aider, une cagnotte a donc été lancée sur Leetchi (https://www.leetchi.com/c/1-pour-lenvironnement). « Un changement est primordial pour construire ensemble des réponses adaptées aux besoins du territoire« , confirme l’association.

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