Les animaux de Mayotte : Le corail

Nous savons tous que Mayotte est protégée par une « barrière de corail », cette belle ceinture bleu turquoise qui délimite le lagon et nous protège des grosses vagues océaniques. Mais on ne sait pas toujours ce qu’est vraiment le « corail », cet animal-pierre qui vit dans l’eau et est aujourd’hui menacé par la pollution. 

Qu’est-ce que le corail?

 

Le corail est bien un animal : c’est plus précisément un cnidaire, groupe qui contient aussi les méduses, les anémones, et d’autres animaux mous à tentacules. Un individu de corail, appelé « polype », ressemble en fait à une minuscule méduse, avec un corps translucide et une bouche entourée de tentacules, sauf qu’ils vivent fixés par le bout du chapeau à la roche. La plupart des coraux vivent en colonies de milliers ou de millions de petits polypes qui vivent côte à côte et se construisent un squelette dur en calcaire, qui donne la fameuse pierre de corail dont sont faites les barrières de corail. C’est ce squelette qui « pousse » à la manière d’une plante, formant suivant les espèces des buissons, des boules, des tables ou encore des colonnes, et une colonie peut vivre plusieurs siècles et mesurer plusieurs mètres de haut, un peu comme un baobab. Quand le corail est mort, on peut apercevoir les trous en étoile dans lesquels se trouvaient les polypes. Cependant il existe aussi des coraux mous, qui au lieu de se constituer en squelette dur se contentent d’une peau épaisse et molle – ils sont parfois mangés par les tortues. Il existe de très nombreuses espèces de corail, avec des formes et des couleurs variées, et sur certaines d’entre elles (comme Galaxea astreata, très abondant ici sur les tombants) les polypes sont visibles de jour à l’œil nu, comme de petites couronnes de tentacules mous. Certaines espèces rétractent leurs polypes quand on les touche – mais c’est à éviter quand on ne connaît pas, car il existe aussi du « corail de feu », extrêmement urticant. 

 

De quoi se  nourrit-il? 

 

Mais si le corail vit ainsi immobile, de quoi se nourrit-il ? Beaucoup d’animaux marins n’ont en réalité pas besoin de se déplacer, vu que c’est leur nourriture qui se déplace toute seule… Le corail, comme d’autres animaux fixes (coquillages bivalves, anémones, crinoïdes, ascidies…) se nourrit du plancton qui dérive dans l’eau au gré des courants et qui constitue quand on en consomme suffisamment une source de nourriture importante : c’est même comme cela que se nourrissent les plus grosses baleines ou les raies Manta. En plus de cette chasse aux animaux minuscules, la plupart des espèces de corail profitent du fait d’être immobiles en plein soleil pour cultiver dans leur corps transparent des algues symbiotiques, qui en poussant produisent du sucre et des vitamines bénéfiques à leur hôte. Ce sont aussi ces algues qui donnent au corail ses couleurs, brun, vert, rose, bleu, etc. Quand le corail est malade et que ses algues meurent, il blanchit, et peut mourir de faim s’il ne parvient pas à retrouver des algues. Ce phénomène est malheureusement de plus en plus fréquent. 

 

Pourquoi les coraux sont-ils vitaux pour Mayotte?

 

Ce sont donc ces millions de petites méduses qui bâtissent les hautes murailles qui entourent Mayotte, et délimitent les lagons. Mayotte a la particularité d’avoir une double barrière de corail : tout d’abord une barrière extérieure, très ancienne (celle de Petite Terre et de la Passe en S), qui délimite le lagon, puis une seconde, plus proche de la côte (entre 50 et 500m), qui délimite ce qu’on appelle le « platier », ce plateau peu profond et souvent riche en algues qui va jusqu’au tombant et protège nos belles plages. C’est aussi le corail mort qui, en roulant dans les vagues avec des débris de coquillages, constitue le beau sable blanc. Certains pays, comme les Maldives, sont constitués à 100% de sable corallien, et n’ont aucun autre type de roche ! Si tout le corail venait à disparaître, ces îles pourraient disparaître elles aussi, parce qu’il n’y aurait plus de création de sable et plus de barrière protectrice (c’est le risque à Malé, capitale des Maldives). 

Car le problème avec les animaux immobiles est qu’ils ne peuvent pas fuir face à une menace. Or, le corail mahorais est très menacé par la pollution de l’eau, ainsi que par les tonnes de boue qui se déversent dans le lagon à cause de l’agriculture mal gérée et de la déforestation, qui entraîne une forte érosion. Pourtant, c’est lui qui construit l’habitat des milliers de poissons qui vivent dans le lagon, y compris les espèces commerciales dont dépendent les pêcheurs et toute une partie de l’économie de l’île. De même, c’est aussi le corail qui protège nos côtes des grosses vagues du large, et permet de maintenir de belles plages pour le plus grand plaisir des baigneurs : sans lui, les rivages mahorais ressembleraient à la côte Est de la Réunion, qui se caractérise par des falaises abruptes battues par le fracas de vagues énormes. 

Les scientifiques de l’île s’efforcent donc de suivre l’état de santé du corail et d’émettre des recommandations, par exemple pour le traitement des eaux usées. Mais c’est surtout par l’engagement de tous à faire plus attention à nos déchets que nous pourrons conserver nos belles barrières de corail et nos belles plages. 

 

Frédéric Ducarme, docteur du Muséum National d’Histoire Naturelle en biologie marine

 

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