Espèce endémique implantée à Mayotte depuis plus de 900 ans, le zébu mahorais est aujourd’hui menacé de disparition. Pour contrer sa raréfaction, le Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) et la Coopérative agricole des éleveurs de Mayotte (CoopADEM) se sont battus pour caractériser la race et la faire reconnaître comme une espèce à part entière en France. Cette étape a été franchie le 25 septembre dernier.
En brousse comme en ville, ils sont incontournables et font partie du paysage. On les croise partout à Mayotte. Que ce soit au bord des routes, face aux voitures, ou dans les champs : ils paissent toujours paisiblement, la corde autour du cou, leurs propriétaires souvent à quelques encablures de là, les surveillant du coin de l’oeil. Vous l’aurez bien sûr deviné, on vous parle ici du zébu mahorais. Depuis le 25 septembre dernier, le bovidé a été reconnu au Journal officiel de la République comme : une « race à part entière ». Bonne nouvelle donc pour ce ruminant local et « originel », qui voit depuis quelques années sa population diminuer sur l’île au profit des races « exotiques » venues de métropole.
Un travail de fond pour caractériser la race
Jérôme Janelle, zootechnicien et entomologiste au Cirad (Centre International pour la Recherche Agronomique et le Développement), explique que depuis 2012, un important travail de recherche concernant le zébu a été entrepris, permettant d’établir une véritable carte d’identité, « précise et fouillée » de la race, et d’en déterminer exactement « les caractéristiques d’un point de vue génétique et démographique ». La Coopérative agricole des éleveurs de Mayotte (CoopADEM) et le Cirad ont travaillé main dans la main en ce qui concerne ces travaux ayant pour objectif de protéger l’espèce, emblématique de l’île, mais pourtant menacée par les croisements.
Protection de l’espèce
Aujourd’hui, les agriculteurs ont tendance à délaisser les espèces locales au profit de races importées. « Ils cherchent des bêtes plus grosses, plus productives », et de nombreuses importations de bêtes européennes, notamment de « vaches jurassiennes » ont été effectuées à Mayotte. Pourtant le zébu mahorais est une espèce « plus adaptée à ce territoire, implantée depuis plus de 900 ans ici, et nécessitant moins de soins » qu’une espèce importée, par exemple d’Europe. Le climat, les parasites, ne sont pas un problème pour cette espèce endémique. En plus de l’arrivage de nouvelles espèces sur le territoire, l’insémination artificielle avec ces mêmes races métropolitaines pourrait causer « l’absorption » des races mahoraises par d’autres races croisées, et à long terme faire disparaître ces races locales. La reconnaissance du zébu mahorais en tant qu’espèce à part entière constitue à ce titre une belle avancée, permettant d’envisager dans l’avenir le déblocage de fonds européens permettant une protection accrue de l’espèce.
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