Les poissons-perroquets sont parmi les poissons les plus caractéristiques des récifs de corail tropicaux. Mais qu’ont-ils de si particulier, ces étranges poissons bleus avec leur puissant bec d’oiseau ?
Une forme ovale, un bleu profond griffonné de rose, d’orange ou de vert, un œil rond et presque rieur, un bec proéminent en guise de bouche : vous êtes bien face à un poisson-perroquet. Mais pourquoi « perroquet » ? Tout d’abord en raison des belles couleurs de plusieurs espèces : si certains sont d’un bleu uni voire gris terne, la plupart sont particulièrement bariolés par-dessus leur dominante bleue, comme les bien nommés perroquets bicolore (Cetoscarus bicolor) et tricolore (Scarus tricolor). Mais ce qui les rapproche le plus des oiseaux, c’est bien sûr leur puissant bec, fruit de la fusion des dents en deux puissantes mâchoires dures comme de la pierre. Mais pourquoi un tel appareil alors que la plupart des poissons, comme les napoléons ou les gaterins, se contentent d’une bouche aux lèvres pulpeuses ?
Les poissons-perroquets sont des animaux typiquement coralliens : c’est parce qu’ils se nourrissent en grande partie des algues qui poussent sur le corail mort, normalement à l’abri des brouteurs grâce au squelette dur et rugueux qu’elles colonisent. Le bec des perroquets sert donc à gratter cette surface, pour digérer ensuite la partie végétale de cet aliment particulier. Les plus puissants (ceux du genre Chlorurus et surtout le titanesque perroquet à bosse, Boblometopon muricatum) s’attaquent même au corail vivant : leur bec est capable de creuser dans les concrétions calcaires pour arracher le corail sur plusieurs centimètres de profondeur, et ainsi digérer les polypes. Les baigneurs entendent facilement le bruit caractéristique du nourrissage de ces poissons. Et quand un banc de gros perroquets à bosse est sur un récif, les traces de leur passage restent parfois visibles plusieurs mois ! Mais que se passe-t-il quand on mange ainsi de grandes quantités de corail ? Une fois lessivé par le tube digestif des poissons, ce corail en ressort à l’état de fin sable blanc, en nuages qu’on les voit parfois lâcher avec grâce – enfin, tant qu’on ne sait pas de quoi il s’agit. Il n’empêche que grâce à ce système, les poissons perroquets figurent parmi les principaux producteurs du beau sable blanc des plages tropicales : remerciez la puissance de leur bec et la performance de leur système digestif la prochaine fois que vous étalez votre serviette sur le sable si fin et si pur des plages mahoraises…
On compte dans le monde au moins une centaine d’espèces de poissons-perroquets, qui constituent la famille des « scaridés » : on en a actuellement dénombré 28 à Mayotte. Mais ne vous étonnez pas si vous croyez en voir plus : c’est que les juvéniles, les mâles et les femelles ne se ressemblent absolument pas ! Comme plusieurs autres familles de poissons (notamment les labres et mérous) la plupart des poissons perroquets naissent femelles (« stade initial »), atteignent la maturité reproductive après un stade juvénile, puis peuvent devenir mâles (« stade terminal ») au bout de quelques temps, notamment quand le mâle dominant d’un harem vient à mourir. Les femelles sont plus petites et généralement plus ternes que les mâles : elles sont souvent rose sombre ou grises, et vivent en groupes discrets. La belle livrée colorée des mâles indique donc leur rang dans le groupe.
Les perroquets sont donc des poissons particulièrement esthétiques, mais leur mode de vie les rend totalement inadaptés à la vie en aquarium : vous devrez donc vous contenter de les observer dans leur environnement naturel lors des sorties en mer. Mais pas de regret ! Ceux-là, vous auriez de toute façon eu du mal à leur apprendre à parler…
perroquet brulé Chlorurus sordidus ; © Marc Allaria
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