La vérité sur l’affaire Nemo

 

Le célèbre film de Pixar a rendu les poissons-clowns très familiers auprès du grand public. Mais le studio nous a-t-il vraiment dit toute la vérité sur ces poissons ? Enquête.

Le Monde de Nemo, avec près d’un milliard de dollars de recettes, est devenu un classique du cinéma d’animation, et a participé à une meilleure connaissance des écosystèmes marins pour un vaste public, grâce à des représentations remarquablement fidèles de différentes espèces tropicales. On a ainsi pu découvrir la vie des poissons-clowns, ces charmants poissons orange qui vivent dans les anémones de mer, à travers l’histoire du bon père veuf Marin, qui part à la recherche de son fils Nemo, capturé par des aquariophiles – l’histoire est librement adaptée de l’Odyssée d’Homère, inversant les personnages d’Ulysse et Télémaque. En tout cas, voici la version officielle, présentée par Pixar. Notre enquête va cependant révéler bien des parts d’ombre dans cette histoire en apparence si gaie.

 Dans les lagons tropicaux, les anémones sont en effet souvent habitées par ces petits poissons orange, blancs et parfois noirs, qui forment le genre Amphiprion au sein de la famille des poissons-demoiselles. Endémiques du bassin indo-pacifique tropical, on en connaît une trentaine d’espèces, dont plusieurs à Mayotte : A. akallopisos, orange à bande dorsale blanche, et trois espèces plus sombres à bandes verticales, A. clarkii (le plus courant, 3 bandes), A. latifasciatus (2 bandes chez les adultes), et A. chrysogaster (noir à ventre jaune). Tous vivent en symbiose avec de grosses anémones, souvent des genres Heteractis et Stichodactyla. Certains clowns ne tolèrent qu’une seule espèce-hôte (la belle anémone-sac Heteractismagnifica est l’hôte la plus plébiscitée), et d’autres comme A. clarkii sont moins tâtillons et acceptent 10 espèces d’anémones différentes. Normalement, ces anémones sont toutes des prédateurs mortels des petits poissons, mais les poissons-clowns sont couverts d’un mucus reconnu par l’anémone, qui inhibe ses cellules chasseresses, et leur permet d’y vivre confortablement pendant une à plusieurs dizaines d’années (certaines crevettes nettoyeuses et le crabe-porcelaine sont aussi des hôtes réguliers des anémones).

 Mais cet équilibre est bien précaire : si un poisson-clown malade ou vieillissant ne parvient plus à entretenir ce voile de mucus sur son corps, il subira comme n’importe qui le feu de l’enfer des tentacules venimeux de son hôte ! Ainsi, si les poisson-clowns passent leur vie à l’abri des prédateurs, ils finissent souvent leurs jours dans l’estomac de leur ancienne amie, se rappelant qu’il n’est jamais très sûr de vivre à l’orée d’une bouche géante…

 Nous avons dit que Nemo avait été élevé par son père veuf Marin. En réalité, si les mâles passent en effet toute la semaine d’incubation à prendre soin des œufs en les oxygénant de la nageoire et en chassant les prédateurs, la larve est planctonique, et à l’éclosion elle va dériver dans le courant, et ne se métamorphosera qu’une dizaine de jours plus tard, loin du foyer. Que se passe-t-il quand on les empêche artificiellement de se disperser ainsi ? Les poissons-clowns étant planctonivores, même les pères les plus responsables n’hésiteront pas à dévorer ces petites larves piégées à sa portée jusqu’à la dernière ! Nemo a donc bien fait de partir…

 A la fin du film, Nemo retrouve son père. Que se passe-t-il alors ? Les poissons-clowns vivent en groupes dirigés par une unique femelle, régnant sur plusieurs mâles dont seul le plus gros se reproduit avec elle – ceux-ci se livrent une compétition souvent féroce. A la mort de la femelle, c’est le mâle dominant qui prend sa place, et change de sexe en quelques semaines, pendant que le plus gros mâle immature prend la place de mâle reproducteur : Marin va donc changer de sexe pour pouvoir se reproduire avec son Nemo ! Voici un détail que Pixar nous avait bien caché…

 Vivement la sortie du DVD collector contenant les scènes coupées et les secrets du tournage !

 

 

 

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