Hier se tenait le conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD) sous l’égide de la mairie de Mamoudzou. Préfecture, police, vice-rectorat, procureur de la République, entreprises et associations ont échangé et se sont entendus sur un point crucial : il est urgent que les acteurs de la sécurité dialoguent davantage.
La commune de Mamoudzou représente 13% du territoire mais concentre 50% des faits de délinquance perpétrés sur l’île, a résumé le commissaire Philippe Jos, lors du conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD) qui se tenait hier à la mairie. En d’autres termes, un délit sur deux est commis sur le territoire du chef-lieu. C’est dire si la réunion qui rassemblait entre autres mairie, préfecture, police, vice-rectorat, protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), procureur de la République, mais également entreprises telles que le transporteur Matis et associations d’insertion était d’importance. Seuls manquaient à l’appel les élus du conseil départemental, pourtant parties prenantes du CLSPD et qui auraient pu s’exprimer notamment sur les dispositifs mis en place pour la protection de l’enfance et les difficultés éventuellement rencontrées.
Le CLSPD se réveille
Créé en 2011 mais en sommeil depuis 2016, le CLSPD a été réactivé cette année et confié à une coordinatrice nouvellement recrutée. Ainsi, durant plus de deux heures hier, la vingtaine d’acteurs en présence ont débattu et échangé des informations autour de la sécurisation des abords des établissements ainsi que de la question des transports scolaires ; de la présence de meutes de chiens dressés à l’attaque ou divagants sur la commune de Mamoudzou ; de la responsabilité pénale des parents et des enfants ; de la consommation de drogue ; ainsi que de la mise en place de référents de parcours.
► Liliane Vallois : directrice territoriale de la PJJ
Si des désaccords ont été exprimés par les divers intervenants, tous se sont rejoints sur deux points importants. D’une part, la nécessité qu’il y a à se focaliser sur la jeunesse de la commune – quelques chiffres marquants : à Mamoudzou, plus de la moitié de la population a moins de 17 ans et le groupement scolaire de Kawéni accueille environ 10 000 élèves. D’autre part, l’urgence que les acteurs de la sécurité et de la prévention de la délinquance dialoguent davantage. Une représentante de l’Education nationale a à ce titre interpellé le procureur de la République afin que les informations d’ordre judiciaire concernant des mineurs scolarisés soient transmises aux chefs d’établissement concernés.
Propositions tous azimuts
Après un rapide bilan des années précédentes mettant en avant le dispositif du rappel à l’ordre ainsi que l’installation récente de caméras de vidéo-surveillance au sein de la commune, certains intervenants ont proposé quelques solutions concrètes.
Le commissaire Philippe Jos souhaite développer la coopération avec la police municipale en accentuant notamment la transmission d’informations. Il estime qu’il serait également pertinent de renforcer certains partenariats existants comme celui conclu avec la Sim permettant l’opération « Tranquillité vacances » ou encore celui mis en place avec le vice-rectorat ayant vocation à sécuriser les abords des établissements scolaires. Enfin, le commissaire entend communiquer davantage et a enjoint avec humour la population de Mayotte de « suivre les aventures de la police nationale » sur sa toute nouvelle page Facebook.
Le procureur de la République, Camille Miansoni, quant à lui, juge nécessaire de multiplier les rappels à l’ordre, permettant de « responsabiliser les parents (…) et le cas échéant, en présence de la force publique ». L’année dernière, seules une cinquantaine de personnes ont fait l’objet d’un rappel à l’ordre, la mairie pointant du doigt des difficultés d’adressage, ainsi qu’un nombre important d’individus ne se présentant pas suite à une convocation. Le magistrat a également évoqué le manque d’aménagements urbains rendant certaines zones « criminogènes » alors que la mise en place d’éclairage public, par exemple, améliorerait considérablement la sécurité de certains quartiers. Il a aussi souhaité que soient réactivés les groupes locaux de traitement de la délinquance (GLTD).
Etienne Guillet, le directeur de cabinet de la préfecture, a incité les représentants du vice-rectorat à communiquer davantage auprès des forces de l’ordre ainsi que de la mairie autour d’éventuelles situations problématiques à venir et de la présence d’éléments perturbateurs identifiés. Ainsi, la mairie pourrait-elle « retrouver » un jeune au sein de son établissement scolaire pour le rappeler à l’ordre, si jamais les difficultés d’adressage étaient trop grandes. Le sous-préfet a également rappelé l’importance de l’implication des parents dans l’éducation de leurs enfants, implication pouvant se matérialiser par exemple par l’accompagnement le matin par une autorité parentale du mineur jusqu’à son établissement scolaire.
Et si un représentant de l’entreprise de transports scolaires Matis s’est félicité de la baisse des agressions depuis la fouille des sacs des élèves entreprise récemment par les forces de l’ordre, la directrice territoriale de la PJJ a plaidé pour des réponses éducatives et non systématiquement répressives, rappelant « qu’on est tous responsables de la situation dans laquelle le jeune se trouve ». Elle a ainsi défendu des alternatives à l’incarcération, notamment sous forme de travaux d’intérêt général (TIG), et a appelé la mairie à proposer ce type de mesures.
Enfin, le capitaine Chamassi, chargé de mission auprès du cabinet du Préfet, a conclu en conviant la mairie de Mamoudzou à mobiliser ses équipes, notamment ses médiateurs, autour du dispositif « référent de parcours » ; l’agent « référent de parcours » ayant pour mission d’identifier et de suivre des jeunes, en mettant en œuvre un suivi individualisé « et non pas des réponses par groupe ».
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