{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}es morceaux de bois et rochers au milieu de la route, les files d’attente qui s’allongeaient toujours plus au fil des minutes, les parents et jeunes prêts à se jeter sur le moindre automobiliste qui oserait les contrecarrer, les enfants tout sourire, ravis de déranger sans même savoir pourquoi ils sont là…
L’ambiance de cette « grève » improvisée rappelait étrangement la grève des instituteurs de 2007 qui s’était soldée par un triste affrontement entre les forces de l’ordre et les grévistes. A l’est de Mayotte ce jeudi matin, c’est au carrefour de Tsararano que le mouvement a débuté, dès 5h du matin. Une heure plus tard, les villageois décidaient d’ériger un second barrage dans le village de Dembéni, juste à hauteur de la mairie. Les grèves commencent à se banaliser à Mayotte, après Total qui privait d’essence les habitants le mois dernier, le STM qui punissait les usagers de la barge la semaine dernière et les transports scolaires avec leurs opérations escargot en ce début de semaine.
Mais les habitants, premiers pénalisés, ont du mal – à juste titre – à s’y faire. « Mardi matin, le dos d’âne de Passamaïnty m’a fait perdre un rendez-vous très important à la banque. J’ai eu la chance d’avoir pu le remettre à ce (jeudi) matin. J’avais tout mis en œuvre pour être à l’heure, et voilà, je tombe encore dans un embouteillage », désespère un sudiste qui poursuit, « on est jamais à l’abri de ce genre de bêtises sur cette île, et le pire c’est que si tu ouvres ta bouche, tu deviens le souffre-douleur de ces gens ».
De la bombe lacrymogène face aux grévistes
Pour seul exemple, au même moment à Kawéni, une employée d’un centre de formation s’est fait poursuivre par des grévistes, furieux qu’elle ait osée forcer le barrage avec son scooter, selon une de ses collègues. Jusqu’à 10h du matin au départ de la mairie de Dembéni, la file d’attente atteignait le dispensaire du village d’Iloni. Une longue ligne droite… seulement. Les automobilistes préférant souvent rebrousser chemin au bout d’un moment d’attente.
« Vous pouvez rentrer chez vous, on restera là toute la journée ! », renforçaient les grévistes. Toute la journée, pas tout à fait. Les forces de l’ordre, présentes sur place depuis le début pour assurer un minimum de sécurité, sont passées à l’action peu avant 11h. Le barrage de Tsararano a d’abord été forcé, à l’aide de bombes lacrymogènes. Puis, les habitants de Dembéni n’ont pas fait grande opposition face à la nouvelle vague de gendarmes. En fin de matinée donc, les routes étaient débloquées, les automobilistes ont enfin pu filer direction Mamoudzou, sous le regard des parents dépassés par la puissance des gardiens de la paix.
Aucune interpellation – du moins à Dembéni et Tsararano – ne s’est déroulée. Les gendarmes sont restés sur place une heure supplémentaire, le temps que les esprits refroidissent du côté des grévistes, qui s’éparpillaient au fur et à mesure, jusqu’à disparaître.
« Ceux qui morflent sont toujours ceux qui ne demandent rien à personne, et on en a marre ! », s’insurge une passagère d’un taxi brousse, en se rendant à son travail, bien trop tard évidemment.
I.M
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