Du 31 août au 8 septembre s’est tenu le premier festival de Mayotte. Des festivités qui devaient avoir lieu dans les quatre coins de l’île. Après moult suppressions, des ateliers n’ont pu aboutir, un concert a été annulé. En fait, le festival n’a pas vraiment eu lieu. Explications.
Il avait été annoncé en grande pompe. Prévu du 31 août au 8 septembre, le premier festival de Mayotte avait tout pour plaire à son public : des ateliers pédagogiques avec des artistes définis, deux concerts dont l’un avec le mythique groupe de zouk antillais Kassav’ et l’artiste tanzanien Alikiba en têtes d’affiche et une belle brochette composée de nos artistes locaux. Seulement, les choses ont été tout autre. Le groupe Kassav’ n’a pu venir à Mayotte, idem pour l’artiste tanzanien et les ateliers prévus avec les artistes locaux ont connu quelques chamboulements. Par conséquent, le concert du vendredi 7 septembre, prévu à la place de la République à Mamoudzou n’a pas eu lieu, celui de clôture du lendemain a réuni tous les artistes locaux n’ayant pu participer aux festivités la veille. Mais que s’est-il passé ?
Tergiversations au Conseil départemental
La gestion de cet événement a été confiée à l’Office culturel départemental (OCD) – récemment crée -, sous la houlette du Département. Les couacs ont été nombreux. Si nombreux, qu’après l’annonce de la non-venue du groupe Kassav’ et de l’artiste tanzanien Ali Kiba pour faute de prise en charge, la Commission permanente devait se réunir en urgence samedi 8 septembre à 14h30 dans l’hémicycle Younoussa Bamana. À l’ordre du jour, décider de « l’organisation » du festival de Mayotte, a affirmé une source proche du dossier. Festival qui devait toucher à sa fin le soir même. La Commission ne s’est finalement pas tenue, le quorum n’étant pas atteint. Cette même source a indiqué que les artistes n’ont effectivement pu se rendre à Mayotte car ils n’ont pas reçu « leur cachet ». En outre, les acomptes forfaitaires n’ont pas été versés, les billets d’avion n’ont pas été réglés non plus.
L’OCD était effectivement en charge de l’organisation de l’événement, mais les budgets dédiés aux artistes n’auraient pas été validés par le Conseil départemental. Pourtant, lors de la conférence de presse du Festival de Mayotte qui s’était tenue le mardi 28 août au Jardin de l’Office culturel départemental, les membres organisateurs présents avaient évoqué un budget d’un peu moins de 300 000 €, alloué à cet évènement, comprenant les mesures sécuritaires drastiques et les défraiements des différents artistes, dont le « cachet ».
Autre couac qui divise le milieu artistique, la répartition des cachets pour les artistes locaux. « Comment on peut attribuer un « cachet » de 28 000 et 16 000 euros à des artistes qui font partie du conseil d’administration de l’office culturel départemental et verser 1 500 euros, voir 2 000 euros à d’autres qui font la même prestation », se demande un artiste profondément déçu. Une chose est sûre, la publication sur les réseaux sociaux du tableau faisant apparaître les différents montant des chachets attribués aux uns et autres risque de susciter l’indignation de nombreux artistes. Le Festival de Mayotte s’inscrit dans l’agenda culturel du Département jusqu’en 2021. Si cette première édition laisse perplexe, espérons que les prochaines seront meilleures.
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