Samedi, le Département a commémoré l’abolition de l’esclavage. Plusieurs événements étaient prévus à cette occasion, parmi lesquels une conférence sur le « déni mémoriel » à Mayotte et une exposition de peinture au Musée de Mayotte.
À l’occasion de la journée commémorative de l’abolition de l’esclavage, le conseil départemental organisait samedi une conférence à l’hémicycle Younoussa Bamana. »Chaque année à la date commémorative de l’abolition de l’esclavage, il y a des évènements qui sont mis en œuvre. Cette année, nous avons eu une commande du président Soibahadine Ibrahim Ramadani afin de faire un ouvrage grand public sur l’histoire de l’esclavage à Mayotte (…) Les auteurs qui ont contribué ont essayé d’interagir avec le public« , a dévoilé l’historien Inssa De N’guizijou M’dahoma, du service des archives du conseil départemental. Anthropologues, linguistes, historiens, écrivains, artistes, professeurs et élèves ainsi que simples passionnés d’histoire se sont ainsi succédé dans l’hémicycle pour évoquer cette histoire souvent méconnue, samedi. Les institutions, représentées par le préfet Dominique Sorain, les vice-présidents et conseillers départementaux, et Adou Hamissi Mohamed vice-président de l’Office culturel départemental (OCD) étaient également au rendez-vous. Le président du conseil départemental- auteur de l’introduction du livre – n’a en revanche pas pu participer à l’événement, toujours en convalescence à La Réunion depuis son malaise du début du mois d’avril. L’ouvrage collectif présenté ce samedi, intitulé L’esclavage à Mayotte et dans sa région, Du déni mémoriel à la réalité historique, sera à la disposition du public dès ce lundi à la Maison des Livres. Construit à partir des documents des archives départementales de Mayotte et des archives nationales d’Outre-mer basées à Aix-en-Provence, il s’agrémente d’illustrations réalisées par le peintre Gausst, de son vrai nom Idaroussi Mohamed.
Un passé « peu glorieux » de Mayotte
Le livre, coordonné par l’écrivain et chercheur en histoire de l’esclavage Lawoetey-Pierre Ajavon, met l’accent sur le tabou et le « déni mémoriel » de la population mahoraise quant à ce pan « peu glorieux » de l’histoire de l’île, qui a subi l’esclavage arabo-musulman bien avant l’achat de Mayotte par la France en 1841. Néanmoins, « on retrouve dans la vie courante +socioculturelle+ des Mahorais des noms de quartiers, des expressions linguistiques qui font référence à ce passé lié à l’esclavage et à la condition servile sur l’île« , a expliqué Mlaili Condro, chercheur et linguiste mahorais, qui a participé à la rédaction. Puis, la déclinaison de l’esclavage vers un système dit de « travail engagé » sous la période coloniale – guère plus favorable -a également été évoquée de façon à interpeller les représentants de l’État. Au cours des échanges avec la salle, un professeur a notamment plaidé pour un travail « commun » de « réparation des stigmates » à engager sur ce passé douloureux auprès des descendants d’esclaves. Une requête qui n’a pas laissé indifférent le préfet Sorain, qui, après avoir évoqué la « mosaïque de situations et d’origines » qui composent l’île aux parfums, a réaffirmé la nécessité pour l’État français de « reconnaître son passé » à Mayotte.
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