Il y a peu de temps, nous vous avons dévoilé la première partie des clichés de Mayotte, voici maintenant la partie 2. Bonne lecture et n’oubliez pas : on peut rigoler, mais on ne se moque pas !
La nouvelle arrivante, alias Candide
« Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles », avait dit Candide ! La nouvelle arrivante débarque à Mayotte dans le même état d’esprit.
Fraîche et pimpante elle est toute excitée à l’idée de se retrouver au cœur de l’océan Indien. Ravie de se retrouver dans un cadre insulaire, avec le soleil et les cocotiers, elle fredonne des chansons en vogue tout en regardant le beau ciel bleu.
Elle est joyeuse aussi de voir des makis suspendus aux branches, des maisons colorées et des fruits tropicaux, elle découvre parallèlement la culture mahoraise. Entre sorties plages et restaurants locaux sympas, les premiers jours s’annoncent sous de beaux auspices. Puis le désenchantement arrive très vite : barreaux aux fenêtres, bidonvilles, embouteillages, grèves à répétition, rayons vides dans les grandes surfaces locales, etc. Sur l’île aux parfums ça ne sent plus si bon que ça et finalement il fait terriblement chaud !
Notre nouvelle arrivante ne trouve pas ses repères et de surcroît ne reconnaît plus le chant des oiseaux, pourtant Mayotte recèle de petits trésors à découvrir chaque jour qui passe.
La nouvelle arrivante va-t-elle tenir ? Telle est la question.
Le jeune 2.0
Facebook, Instagram, et Snapchat … Ahhhh Snapchat ! Le jeune 2.0 est connecté en permanence en train de poster quelque chose d’extrêmement important : un verre de jus de mangue, les pieds dans l’eau à la plage, ou tout simplement à la maison en train de… snaper ! Tout le monde sait où le trouver en temps et en heure grâce à Snap, réseau social le plus futile au monde.
Impossible d’avoir un sujet de conversation avec le jeune mahorais. Hein ? Qui, quoi, comment ? Il est tellement connecté qu’il en oublie les autres. Comment on appelle ça déjà ? Du « télésnobisme » !
En parallèle, dans sa veille « médiatique », le jeune est très branché niveau fringue. Il arbore les dernières sneakers en vogue et un t-shirt ultra tendance de la marque aux trois bandes, le tout accompagné d’une petite veste même s’il fait 30 degrés sous les cocotiers.
Le look est très important, il fait du jeune ce qu’il est : beau gosse avec une coiffure atypique. C’est comme ça que le jeune voit sa cote de popularité grimper en flèche auprès des jeunes filles.
En fin de compte, en regardant bien, le jeune à Mayotte est comme tous les autres jeunes : deux fois plus connecté que ses parents, mais deux fois moins disponible ! #bisous
Le prof chasseur de primes
Quand il a un p’tit coup de mou, Jean-Michel regarde longuement la photographie des travaux de sa maison à Saint-Malo, qui avancent bien quand même. Ca lui permet de tenir, ça lui redonne du courage. Quelle vie, mais quelle vie ! Il sait bien que ce n’est que quatre ans, que son salaire surindexé et ses primes obscènes paient cette jolie maisonnette en bord de mer, que c’est bientôt la retraite mais quand même, qu’est-ce que c’est long !
Il faut dire que Jean-Michel ne sort jamais des Hauts-Vallons, où il réside derrière de solides barreaux, il a trop peur de se faire agresser. C’est que c’est la guerre dehors, ça ne plaisante pas. Quand il lit les gros titres de la presse locale, il pense très fort à ces milliers d’euros qui s’accumulent sur son compte en banque pour ne pas craquer, prendre sa petite valise – de toute façon, il n’achète rien ici – et se tirer le plus vite possible. Il ne bouge même pas pendant ses vacances, pour économiser encore un peu. Il serre les fesses et attend que ça passe.
Bientôt, enfin, il pourra tout vendre et rentrer en métropole. Il voit déjà les petites annonces : « Cause départ, je vends un set presque neuf de papier WC parfumé, double molletonné », « Cause départ, vends magnifiques cintres en bois », etc. Vendre les meubles en palettes de bois qu’il a passé des week-ends à poncer amoureusement lui fend un peu le cœur mais son container est déjà plein. Et puis, mieux vaut ne conserver aucun souvenir de cette période maudite. Bon, il est un peu usagé mais ça se vend, un balai à chiottes, non ?
L’employée de mairie
Salimata a une prédisposition qui fait d’elle une merveilleuse employée de mairie. Elle possède une horloge biologique interne hors pair, qui lui permet de se réveiller à une heure prédéterminée, à la minute près. Ainsi, Salimata arrive à 7h du matin à la mairie, elle s’enquiert de la santé de la femme de ménage, puis de la santé de ses enfants, puis de la santé de son mari, puis de la santé de toute la famille élargie, puis de la santé des habitants du village, avant de se rendre dans le bureau de l’adjointe. Là, elle s’enquiert de la santé de l’adjointe, puis de la santé de ses enfants, puis de la santé de son mari, puis de la santé de toute la famille élargie, puis de la santé des habitants du village.
Revenue à 8h30 au secrétariat, Salimata jette un coup d’œil aux affaires urgentes du jour avant de décider de les remettre à demain. Elle s’allonge alors sur le sol carrelé, rendu frais par la climatisation, puis s’endort. Deux heures plus tard, soit à 11h pile-poil, Salimata se réveille de nouveau. Elle va alors fermer la porte d’entrée de la mairie, sa journée est finie. Une horloge biologique interne parfaite, vous dis-je !
Les gendarmes qui se croient à Saint-Tropez
Endroits réputés auprès des femmes en quête de testostérone qui dit son nom, les brigades territoriales de gendarmerie de Mayotte abritent jalousement des hordes d’hommes jeunes, surentraînés, à la capillarité absente mais à la musculature bien présente. Que se passe-t-il au sein de ces murs ? L’adolescente fébrile imagine des séances d’entraînement viriles, des sessions de pompes et d’abdos interminables, de maniement de grosses armes, des conseils de bodybuilding murmurés du bout des lèvres. Cette adolescente exagère certainement mais il faut dire que le gendarme entretient son corps et sa légende.
En effet, lorsqu’il se mêle au monde civil, trop heureux de côtoyer enfin la gent féminine, le jeune loup se met âprement à chercher une compagne. Se déplaçant uniquement en meute de crânes rasés, il arrive conquérant dans les bars de civils qui tremblent alors, raffermi dans sa position de mâle dominant par l’effet de groupe (chaque gendarme pense qu’il est le mâle alpha de son escadron). Il entame alors une parade nuptiale destinée à montrer à ses camarades qu’il est le plus fort et à assouvir de légitimes pulsions d’amour. Le jeudi soir, il démontre l’ensemble de ses talents de séducteur à la soirée tapas d’un célèbre bar de plage de Petite-Terre.
Heureusement, on peut autant compter sur lui quand il s’agit de défendre la veuve et l’orphelin que pour draguer les filles en boîte de nuit ! Car il trime dur pour assurer la sécurité de ses concitoyens et concitoyennes. Alors, on lui pardonne quand il triche un peu, lançant illégitimement et à pleins tubes ses gyrophares pour arriver un peu plus vite chez lui ou au bar…
Valable aussi pour les valeureux membres de la brigade anti-criminalité, reconnaissables dès l’apparition de leur véhicule, un Duster blanc qui semble avoir fait la guerre.
Mayotte Hebdo vise à contribuer au développement harmonieux de Mayotte en informant la population et en créant du lien social. Mayotte Hebdo valorise les acteurs locaux et les initiatives positives dans les domaines culturel, sportif, social et économique et donne la parole à toutes les sensibilités, permettant à chacun de s'exprimer et d'enrichir la compréhension collective. Cette philosophie constitue la raison d'être de Mayotte Hebdo.