Travaillant à ce projet depuis « longtemps » mais pressée par les récents éclats de violence de ces dernières semaines et la grève des transporteurs scolaires qui en a découlé, la gendarmerie de Mayotte a annoncé vendredi dernier la mise en place d’un dispositif de sécurité préventif, dissuasif et au besoin opérationnel : l’embarquement de militaires à bord de cars scolaires. Explications.
Embarquer des militaires à bord de cars scolaires, c’est la ferme réponse de la gendarmerie de Mayotte aux caillasseurs ayant semé le trouble sur les lignes de bus de l’île ces dernières semaines. Si la gendarmerie réfléchit depuis plusieurs mois à ce dispositif, « la grève des transporteurs scolaires (du 24 au 30 janvier, ndlr) nous a amenés à accélérer le déploiement du dispositif », a reconnu le colonel Philippe Leclercq. « Ce n’est certainement pas ça qui mettra fin à ce phénomène (…) insupportable », a tout de même admis l’officier qui a précisé que « ni la police, ni la gendarmerie, ni l’Education nationale n’ont réussi à résoudre seuls ce problème (…) d’affrontements de pré-adolescents entre eux et contre les transports scolaires ».
Mais en attendant une plus forte mobilisation des élus, des familles et des associations, la gendarmerie a pris à bras-le-corps la problématique et a proposé une solution des plus drastiques, en collaboration avec les conducteurs de transports scolaires et le vice-rectorat : la présence de militaires à bord des bus, parmi les élèves, avec une éventuelle escorte d’un véhicule de gendarmerie permettant « une réaction immédiate en cas de projections de pierres (…) et des interpellations en flagrance ». A partir d’observations et de retours de terrain, la gendarmerie a défini les lignes et les créneaux horaires « les plus vulnérables » et embarquera donc deux militaires par véhicule de manière aléatoire, sur tout ou une partie du trajet. Même s’il n’est pas question de « systématiser » ces interventions, quelques « hotspots » ont été identifiés, tels que le hub de Kahani, le lycée de Tsararano ou encore la Cité du Nord (Acoua) ainsi que des journées de vulnérabilité (veilles de vacances scolaires, par exemple). « On ne se fixe aucune limite de temps », a encore rassuré Philippe Leclercq qui a ajouté : « Il faut s’inscrire dans la durée, marquer les esprits ».
Renforcement d’effectifs en 2018
En 2017, 1500 mobilisations de gendarmes sur 487 opérations ont été dédiées à la sécurisation des établissements scolaires, a rappelé le colonel de gendarmerie, notamment pour des fouilles préventives à l’entrée et à la sortie des cars scolaires.
« A Mayotte, le nombre de militaires effectivement présents sur le territoire est supérieur aux effectifs budgétaires », a encore précisé l’officier. Ainsi, sur le 101ème département français, 234 militaires sont mobilisés alors que le budget n’en prévoit que 221. Et 156 gendarmes mobiles renforcent encore les équipes, portant à 390 le nombre total des effectifs.
Le colonel de gendarmerie a également annoncé qu’il y aurait « des renforts d’effectifs très conséquents » à l’été 2018, sans toutefois préciser le volume, et qu’une brigade de prévention de la délinquance juvénile avec l’affectation de militaires spécialisés serait prochainement créée.
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