Depuis deux ans, les eaux usées se déversent dans sa cour

Ayouba Sarouma a entrepris en 2007 la construction de sa maison à Dembéni. Or, depuis deux ans, les eaux usées du quartier se déversent dans sa cour à cause d’une canalisation bouchée, l’empêchant d’emménager dans sa nouvelle habitation. Sollicité pour intervenir, le SIEAM prétexte un manque de fonds.

 

En arrivant au 10, lotissement Baobab à Dembéni, une odeur nauséabonde s’échappe de la cour. « C’est invivable !« , peste Ayouba Sarouma, le propriétaire. « Je ne peux accueillir ni ma famille, ni mes amis. Il est impossible de rester plus de cinq minutes dans mon jardin… » Ce calvaire, l’habitant le vit depuis maintenant deux ans, mettant entre parenthèses son rêve de pouvoir occuper avec ses trois enfants et sa femme dans cette demeure, construite depuis plusieurs années mais toujours pas habitable. La raison de ce retard ? « La canalisation principale est bouchée par un poteau électrique qui affaisse le tuyau. De ce fait, les eaux usées n’arrivent pas à se rendre jusqu’à la station d’épuration et se déversent chez moi… Et comme la terre n’absorbe plus rien, il existe un réel risque pour les fondations de ma maison ! »

Malgré de nombreuses sollicitations et plusieurs échanges avec le Syndicat intercommunal d’eau et d’assainissement de Mayotte (SIEAM), la situation ne s’améliore guère au fil des mois. « J’ai envoyé plus de vingt emails à Michel Jousset, le directeur général des services« , insiste-t-il. Un acharnement qui, semble-t-il, fait bouger les lignes puisqu’il note que « de temps en temps, Maore Assainissement Propreté [MAP, ndlr] vient pomper un regard  [coffre d’évacuation destiné à évacuer ou récupérer l’eau de pluie, ndlr] mais au bout de dix minutes, c’est déjà de nouveau rempli« . À la louche, il estime à cinquante le nombre d’interventions de la MAP depuis l’apparition de ce problème. Interpellé, le maire de la commune, Ambdi Hamada Jouwaou, s’est même déplacé en personne en fin d’année dernière pour constater les dégâts avec l’un de ses responsables techniques. « C’est un problème de santé publique. Si rien ne change rapidement, la prochaine étape consistera à contacter l’agence régionale de santé« , souligne Ayouba Sarouma.

 

Même pas 50.000 euros dans les caisses ?

Contacté, le SIEAM, par l’intermédiaire de Michel Jousset, semble pris au dépourvu. En premier lieu, le bras droit du président confie « ne pas être au courant » et se montre agacé « d’être appelé pour ça« … Mais au fil de la conversation, il prend conscience du dossier et tente d’argumenter : « il faut refaire une extension de réseau, mais on n’a pas les budgets. » Le coût prévisionnel de l’opération, d’une durée de deux semaines, se chiffre à « 50.000 euros« . Un montant qui apparaît pourtant comme dérisoire pour une structure de cette envergure. « Ce n’est pas un manque de volonté de notre part. C’est prévu et on le fera. Mais un article ne fera pas avancer les choses plus rapidement. Ça va peut-être se débloquer d’ici deux ou trois semaines« , avance-t-il finalement. Une promesse qu’a déjà entendue Ayouba Sarouma par le passé. La dernière en date remonte à février. Sur la messagerie vocale de son téléphone, le directeur général de services avait alors évoqué que « les travaux commenceraient sous quinze jours« . Surpris par ce qu’il estime être un manque de considération et de réactivité, l’homme s’interpelle : « j’ai vraiment le sentiment que toutes les autorités compétentes s’en moquent. On me prend pour un débile ! » Réponse au début du mois de juin ?

 

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