Débordements de Kawéni : le bénévole a été libéré et comparaîtra en mai prochain

Le membre de l’association « Les gardiens du littoral » interpellé mercredi dernier, a été libéré ce matin de sa garde à vue. Il avait été arrêté par la police lors des troubles survenus il y a deux jours à Kawéni.

 

Des débordements nés à la suite de la décision du tribunal correctionnel mercredi de condamner un jeune du quartier accusé d’avoir frappé un agent de police, à 2 mois de prison ferme. Le bénévole bien connu dans le village pour son engagement auprès des jeunes est poursuivi quant à lui pour outrage sur personnes dépositaires de l’autorité publique. Celui-ci nie ces allégations et dit au contraire avoir voulu assurer un rôle de médiateur. Ses soutiens organiseront un rassemblement demain dans le quartier afin de témoigner leur soutien à l’intéressé ainsi qu’à leur ami incarcéré « injustement » d’après eux. 

 

Ils étaient quelques dizaines de jeunes du quartier réunis sous un préau près de la poste de Kawéni ce midi pour décider de la marche à suivre pour soutenir leur ami qui milite depuis plus d’un an pour la cause de la jeunesse désœuvrée de l’île. Après environ 40 heures de garde à vue le métropolitain est sorti du commissariat ce matin même avant de rejoindre son comité de soutien. 

 

Celui-ci se dit victime d’une injustice. En effet, il comparaîtra en mai prochain devant le tribunal correctionnel car il est soupçonné d’avoir insulté des policiers lors des affrontements entre les jeunes et les forces de l’ordre. Mais Vincent* nie ces accusations. « D’après leur rapport, je les ai traités de « cowboys » et j’aurai dit, « on va tous vous niquer bande de trous du c** » mais c’est faux », jure-t-il avant d’ajouter, « la seule chose que j’ai dite c’est « dégagez, ça va mal finir » parce qu’ils continuaient d’avancer et ils risquaient de tomber dans un piège au croisement de plusieurs rues et finir encerclés par des jeunes ». C’est sa parole contre celle des policiers en question.

 

Vincent ajoute qu’un responsable de la Bac les aurait autorisés à intervenir en tant que médiateur. « Nous l’avons déjà fait par le passé avec l’ancien commissaire et cela avait permis de débloquer des situations », rappelle-t-il. Le militant associatif explique avoir du début jusqu’à la fin tenté de calmer la tension avec quelques comparses. « Certains policiers étaient tendus et me mettaient en joue avec leur flash-ball alors que j’essayais de leur faire comprendre qu’il fallait qu’ils se replient pour que les jeunes se calment et rentrent chez eux », argumente-t-il. S’en est suivi son interpellation pour les motifs présumés et évoqués plus haut. Le jeune homme va passer près de deux jours dans une cellule du commissariat ce qui paraît beaucoup pour quelques injures: « certains agents voulaient me mettre en détention provisoire à Majicavo et n’ont cessé de m’insulter », raconte le prévenu.  

 

Mais le plus dur est à venir pour le présumé auteur de propos outranciers à l’encontre des forces de l’ordre puisque son nom a d’ores et déjà été divulgué dans certains médias. Cette absence de préservation de l’anonymat de l’individu va malheureusement pour lui conduire indirectement à sa suspension par le Vice-rectorat puisqu’il est assistant d’éducation dans un établissement scolaire.  Un préjudice moral non-négligeable que certains confrères et consœurs n’ont, semble-t-il, pas pesé au moment de rédiger leur article ou de réaliser leur reportage. À cela s’ajoutent les conséquences pour son avenir professionnel ainsi qu’au niveau familial. « C’est comme si j’avais été condamné avant l’heure. Pour qui vais-je passer aux yeux de mes proches? »

 

 

*Nous avons volontairement changé le nom de l’individu afin de préserver son anonymat

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