A Petite-Terre, le chemin de croix pour obtenir du gaz

A Petite-Terre,  acheter une bouteille de gaz tourne au cauchemar. Depuis le cyclone Chido, les habitants font la queue pendant des heures dans l’espoir d’en obtenir une, souvent sans succès.

Des longues files d’attente sous le soleil ardent de la saison des pluies, juste pour espérer acheter une recharge de gaz butane, c’est le quotidien de beaucoup de personnes à Petite-Terre. Si la manœuvre n’a rien d’exceptionnel pour les habitants de Mayotte, projetée dans le contexte de l’après cyclone Chido, des voix s’élèvent pour dénoncer le rationnement auquel est soumis la Petite-Terre.

« Vraiment, je n’en peux plus, je suis exténuée, mais je ne bougerai pas d’ici tant que je n’aurai pas obtenu du gaz ce matin. Le traitement qu’on nous inflige depuis un mois est inhumain, exprime Soiyarta Abdoulhadi, une habitante de Labattoir. Mère de trois enfants en bas âge, elle explique qu’elle ne cuisine plus depuis plus de trois semaines faute d’avoir du gaz. Voilà plus de 20 jours qu’elle court partout à la recherche du précieux combustible et qu’elle revient sans cesse bredouille à la maison. Après le cyclone Chido, elle a fait tourner sa cuisine avec une bonbonne de gaz dont il ne restait plus que 1/8 e de sa contenance. Par malchance, celle-ci ne lui aura profité que 3 jours, la laissant sans autre recours que des boîtes de conserve et du riz cuit au feu de bois. « Dans la nuit, une personne est venue me la subtiliser sans que je ne m’en rende compte. Sûrement quelqu’un du voisinage qui connaît bien ma maison. », rapporte-elle. Depuis, elle ne cuisine plus et n’a toujours pas réussi à se fournir à nouveau. « Il y a à peine une quinzaine de jours que la Petite-Terre est à nouveau réalimentée en gaz, dans une désorganisation absolue, sans calendrier précis. Une semaine, on vous dit le mardi vous en aurez, finalement rien au bout de 2 jours. On vous dit ensuite revenez samedi et ce jour-là, vous apprenez que vous avez raté le coche et que la distribution a finalement eu lieu la veille vendredi », s’agace-t-elle.

Faire la queue dès le lever du jour

La mère de famille n’est pas la seule à dénoncer une telle situation, changeante d’une semaine à l’autre, obligeant nombre d’individus à patienter des heures durant sous un soleil de plomb, devant les boutiques et les doukas revendeurs de gaz. Certains s’y installent dès le lever du jour dans le mince espoir de figurer parmi les heureux bénéficiaires du jour.  Si le gaz donne lieu à autant de colère et d’impatience en Petite-Terre, c’est que l’offre est plus que jamais en dessous de la demande depuis le passage du cyclone Chido. Contre toute attente, ce jeudi janvier 2025, plusieurs camions ont été autorisés à faire la traversée pour alimenter les boutiques de Dzaoudzi-Labattoir et Pamandzi. Plus de peur donc que de mal pour les usagers alignés en fil indienne sous le soleil de 10 à 11 heures.

Journaliste politique & économique

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